Une semaine, un disque | Ben & Ellen Harper – Childhood Home

Publié le 23 juillet 2014 par Generationnelles @generationnelle

Un album de Ben Harper, ça suffit parfois  à certains pour se ruer chez leur disquaire ou sur leur ordinateur mais Childhood Home de Ben & Ellen Harper n’est pas qu’un chouette album, c’est aussi un hommage à un genre ancestral de la musique américaine : le folk. 

C’est une maison bleue accoudée à la colline? Non pour le coup c’est plutôt une maison blanche perdue au milieu de nulle part. Avec sa pochette promotion immobilière, Childhood Home fausse les pistes avec son côté villa à la Desperate Housewives à l’esthétique de A Serious Man des frères Coen. Mais Childhood Home c’est avant tout une histoire de famille. 


« C’est qui Ellen? » C’est la question qui revient le plus souvent quand on parle de Childhood Home. Parce que Ben Harper, on ne le présente plus : musicien pop folk à la renommée internationale et au génie gigantesque, faiseur de légèreté sans jamais tomber dans le niais. En même temps, le gars a de qui tenir et c’est là qu’intervient Ellen Harper, sa mère. La dame a elle-même un bon héritage musical légué par ses parents via un petite boutique. Mais chez les Harper, il y a toujours une guitare planquée quelque part, là pour le coup, les grattes n’étaient pas du tout cachées puisque c’était un magasin de musique. Le Folk Music Center and Museum fondé en 58, maison- mère de la création des Harper et aussi de leurs anciens habitués : Ry Cooder, David Lindley ou Taj Mahal.


Avec une histoire en or, comment ne pas réaliser un superbe disque? Les Harper ne font  peut-être pas mieux que les autres mais du moins étonnent. Dès la première chanson : A Home is a home, la chanson folk par excellence on est à Nashville sur une … diligence et on a envie de voir Jolly Jumper trotter au loin. Le mot est lancé : Nashville et tout ce que cela représente, Elvis en premier et le folk qui l’accompagne. Une impression renforcée par les banjos délicieux, les ukulélés fous comme sur Farmer’s Daughter et d’où l’on croit voir à tous les instants débarquer les Black Keys ou Johnny Cash. L’affaire semble tellement aisée pour celui qui a remporté l’an dernier le Grammy du meilleur album de blues! Mais dans un souci d’authenticité l’artiste livre avec sa mère, pour le plus grand plaisir de nos oreilles, un ensemble exclusivement acoustique, hommage au folk américain comme à la soul californienne. Car c’est plus à l’ouest, à Claremont en Californie, que la famille avait ses quartiers. 


Quelque soit l’endroit ce qui importe c’est  l’atmosphère, et cette atmosphère en plus d’être aride est chaleureuse, comme un foyer, le foyer de la famille Harper mais également le foyer de tout le monde. Cette mini-société a en effet son lot de bonheurs, de désastres et de douleurs; ce sont ces petites choses du quotidien que mère et fils chantent au cours de 10 chansons originales. La mélancolie, les désirs changeants des enfants dans Memories of Gold, la femme devenue mère dans Alter of Love. Instant plus qu’émouvant pour la mère célibataire qu’était Ellen Harper! Aux  bonnes chansons, s’ajoute une vraie émotion comme celle de partager une oeuvre totalement composée à quatre mains et limite larmoyante quand les deux artistes, aux voix qui se marient à la perfection entonnent : Born to Love You.
Hommage aux racines, hommage au folk, Childhood Home est l’album à écouter en toutes circonstances et à écouter partout car en plus d’être un voyage c’est avant tout un voyage initiatique, « de LA à Santa Fe » comme dit le duo charmant dans City of dreams.