Le coureur de fond: de Mo Yan à Da Silva

Par Mademoizela
Après cet article, j'en aurais décousu avec l'auteur asiatique Mo Yan dont j'ai parlé ici de son récit Le Maître a de plus en plus d'humour et là Le Veau.

Cette lecture entre dans le cadre du challenge Jacques a dit de Métaphore qui consistait ce mois-ci à lier notre lecture à l'univers musical (soit le même titre, soit le titre fait référence au nom du groupe, etc etc).
J'avais déjà participé avec Là-bas: roman d'Huysmans et du génialissime auteur-compositeur-interprète jean-Jacques Goldman.
Aujourd'hui, je reviens avec Le coureur de fond qui est une nouvelle complètement décousue de Mo Yan et la superbe chanson de Da Silva. Da Silva a déjà été l'objet et le sujet d'un article sur ce blog.  
Le coureur de fond de Mo Yan est d'une confusion sans pareil. Il s'agit d'un récit  en l'honneur d'un professeur remplaçant ZHU Zongren. Jusque là, tout est simple. Le problème avec ce récit, c'est que le narrateur digresse, digresse, digresse même dans ses digressions digressives. Exagérai-je? Lisez cette nouvelle! Le coureur de fond de Mo Yan: un puits sans fond!On nous parle de l'école dans laquelle le narrateur se trouvait et puis il digresse sur les "droitiers" (classe sociale) et raconte la vie de ceux qu'il connait. Et puis, il revient à son histoire qui est censée tourner autour du sport: ping-pong, course, javelots. Autant dire qu'entre chaque évocation de tel ou tel sport, on a des digressionsTout ça pourquoi au final? Pour faire un portrait-hommage d'un prof difforme qui touche ses billes en sport. L'histoire tient en 3 pages à peine et pourtant l'auteur nous soûle pendant 80... C'est bien cela à peu près 96% de digressions dans une nouvelle. Dans chaque digression, il y a quatre ou cinq personnages nouveaux qui interviennent. On se retrouve au final avec des dizaines, des vingtaines, des trentaines de personnages éphémères qui polluent notre lecture. Cela me rappelle un peu les discussions qu'on peut avoir avec les gens dans la vie de tous les jours: "tu sais, le cousin du fils de la femme du voisin. Si, mais tu sais... cette femme du voisin qui a eu  un accident de voiture. La voiture que je leur avais prêtée en 1998, la veille de l'anniversaire de mon beau-frère à qui on avait acheté une valise; il était ensuite parti aux Etats-Unis..." Vous voyez le genre de conversation de ceux qui vous font la biographie de chaque personne au lieu d'aller directement à l'essentiel... Mo Yan, c'est à peu près cela.En quelques chiffres: 1nouvelle de 80 pages + 1 histoire de 3 pages + 10 000 digressions + tout autant de personnages = 0 intérêt.
Cela mis à part, les digressions sont très drôles.
Place maintenant à Da Silva... le joli tatoué aux yeux verts, le mélancolique à la voix reconnaissable entre mille, le poète aux textes doux-amers.Je préfère à Mo Yan la jolie chanson de Da Silva où le coureur de fond apparaît comme la métaphore de la vie humaine. C'est poétique. C'est Da Silva, donc forcément, c'est bien.Et puis, moi, je l'aime ce chanteur. Et ce, depuis 10 ans...
Comme il a composé quelques chansons pour Jenifer, on reconnaîtra les premières notes...