Hollande en pleine guerre mondiale

Publié le 01 août 2014 par Juan

Les conflits se multiplient sous les yeux gourmands et effarés des commentateurs médiatiques: Syrie, Irak, Ukraine, Palestine, Libye, Centrafrique...  

A l'Elysée, qui vient de perdre son conseiller diplomatique, on observe. Les réactions politiques en France ont été surprenantes de variété.


1. Le gouvernement Hollande a été ultra-volontaire au Mali l'an passé. La France ne voulait pas qu'une base d'Al Qaïda s'établisse à 4 heures de vol du pays, en prenant le contrôle de cette plaque tournante du trafic de drogue.
En Syrie, quelques mois plus tard, le même volontarisme a été stoppé net par les hésitations américaines et britanniques. La France ne pouvait intervenir seule contre le régime de Bachar El Assad et ses massacres chimiques. En Ukraine, déstabilisée par le renversement de son gouvernement pro-russe puis le soutien de Poutine au séparatisme local, Hollande s'est coulé dans la réaction européenne. Il y a du gaz en jeu. La France proteste et sanctionne, timidement. En Irak, la brutale irruption d'un conflit oublié dans notre actualité nationale a surpris nos diplomates. Pas question d'intervenir la-bas. 
Quand la guerre surprend Gaza, le gouvernement Hollande soutient... les bombardements israéliens. Le premier communiqué présidentiel est éloquent, Hollande y exprime "la solidarité de la France face aux tirs de roquettes en provenance de Gaza". Il faut quelques centaines de civils tués par ces attaques de l'air pour que Manuel Valls s'inquiète de la "paix". La riposte israélienne a coûté plus de 1000 vies, pour l'essentiel civiles, en moins de trois semaines.
A l'Elysée, on ne condamne pas.
2. L'opposition à la politique étrangère de François Hollande a suivi la même trajectoire contradictoire, le même réalisme néfaste qui fait plier les commentaires au gré des intérêts. Quand la France intervient au Mali, la gauche de la gauche soutient la guerre des bout des lèvres ("l’opération militaire, si elle est nécessaire, ne saurait constituer une fin en soi."). La droite soutient plus clairement. C'est la première guerre de François Hollande.
Quand le président envisage une riposte en Syrie, le mouvement est inverse. Hollande a peu de soutiens en France. Un large mouvement de critiques a fustigé le "suivisme" atlantiste. La gauche de la gauche prêche la neutralité, un "cadre international", ou, mieux,  une "solution politique" (PCF). Près d'un an plus tard, on attend toujours. Certains défendent même le moindre mal du boucher Assad contre les opposants islamistes.
Quand la guerre civile embrase l'Ukraine, une gauche soutient ... l'encombrant voisin russe. On préfère l'Histoire éternelle, Poutine et la stabilité plutôt qu'une révolution hétéroclite soutenue par les Etats-Unis et l'Union européenne. Jean-Pierre Chevènement rappelle le poids de l'histoire, qui joue en faveur des Russes. Le Front de gauche, des communistes au Parti de Gauche, ont préféré fustigé les neo-nazis participant au renversement du gouvernement pro-russe pour mieux taire le rôle actif de l'autocrate Poutine. Le PCF dénonce un "piège entre la peste et le choléra". Jean-Luc Mélenchon donne carrément raison à Poutine.  A droite, certains tels François Fillon ou Marine Le Pen cachaient mal leur admiration pour Vladimir Poutine.
Quand la guerre éclate à Gaza, une gauche suit la traditionnelle opposition au sionisme. Les critiques ne sont pas seulement humanitaires, elles sont mécaniques. On aurait pu croire que les laïcs effrayés par ces oppositions islamistes s'en tiennent à critiquer Israël sans prendre parti trop ouvertement pour le Hamas palestinien. Que nenni ! Nulle retenue. Le caractère radical du Hamas est rarement, voire jamais, évoqué. Le Hamas est parfois comparé à la résistance française de l'entre-deux guerres. Plutôt que de reconnaître combien les extrêmes israéliennes (Likoud à Jerusalem, LDJ en France) et palestiniennes (Hamas, Jihad islamique) se nourrissent dans une surenchère meurtrière, une fraction de la gauche préfère l'unique image d'un combat Occupant/occupé.
Il y a peu, l'ancienne ministre en charge des Anciens dans le gouvernement Ayrault, Michèle Delaunay, a eu cette formule juste sur Twitter:
Il n'y a plus aujourd'hui de guerre mondiale mais il y a des guerres partout dans la monde
— Michèle Delaunay (@micheledelaunay) 19 Juillet 2014

En France, le "real-politisme" fait rage, au grand dam des victimes civiles qui méritent une meilleure constance dans les indignations et les actions.