"Libres!!" du collectif La Main Invisible 2/7: Aspects Cachés de la Liberté

Publié le 09 août 2014 par Francisrichard @francisrichard

Il y a deux ans paraissait Libres!, opus n°1. C'était un événement éditorial sans précédent.

Libres!!, opus n°2, poursuit l'oeuvre entreprise alors de donner la parole dans un seul volume à une centaine de contributeurs libres.

Stéphane Geyres, dans son introduction à Libres!!, souligne que, si l'opus n°1 parlait surtout des principes de la liberté, l'opus n°2 parle de "la liberté en pratique". Et que l'empreinte y est nettement plus libérale que dans l'opus précédent, c'est-à-dire plus radicale...

Après la présentation de la première partie, Points de Vues de Libéraux, qui est en quelque sorte une mise en bouche, voici celle de la deuxième.

ASPECTS CACHES DE LA LIBERTE

"Dans cette partie, nous prolongeons le premier volume en abordant des sujets très concrets, de la vie de tous les jours, mais où le regard de nos auteurs révèle le rôle clé de la liberté qui souvent s'essouffle." (Introduction de Stéphane Geyres).

Quand la liberté s'essouffle, tout s'essouffle...

Philippe Rouchy prend l'exemple de l'accident du tunnel du Mont-Blanc en 1999, où la société d'exploitation était à la fois responsable de l'infrastructure et assureur des victimes (il y en eut 39), c'est-à-dire qu'elle était juge et partie.

Quel est le prix à payer pour de telles concessions publiques, qui font partie de la structure politico-administrative française et qui exercent un monopole? Comment s'en sortent-elles?

"Le prix en est la désinformation des acteurs de la société civile. La technique d'absorption des chocs envers elle, c'est l'Etat-providence." (Etat, idéologie, désinformation)

Comme ça, on dissimule coûts, inefficacité, et on empêche les acteurs de la société civile de faire le libre choix de leurs prestataires de biens et services...

Il faut dire que le langage employé de nos jours facilite la désinformation: "On remédie au langage, faute de remédier au réel." constate Thierry Guinhut. Il donne, comme exemple d'euphémisme, la grève, rebaptisée mouvement social...

Deux mots de la Novlangue sont aujourd'hui inattaquables: modèle social et service public. Parlons simplement du premier, le second étant symbolisé par la SNCF, ce qui suffit à le démystifier:

"Qui voudrait de notre protection sociale exsangue, de notre système de retraite à bout de souffle, de notre sécurité sociale déficitaire, de notre coûteux assistanat profitant trop souvent à des immigrants inoccupés, que SMIC, charges et code éléphantesque du travail contribuent à écarter du marché du travail." (Euphémismes et Novlangue)

Julien Moreau raconte l'histoire du grain de blé à travers les âges. C'est sans doute une des meilleures illustrations qui puisse être donnée des bienfaits réels de la mondialisation, et de ses échanges libres, grâce aux immenses gains de productivité qu'elle a induits:

"Bien qu'encore trop élevée, la manultrition n'a jamais été aussi faible qu'aujourd'hui, provoquant  de facto une augmentation de la population mondiale. La pauvreté a reculé et l'espérance de vie a considérablement progressé." (Moi, grain de blé)

A contrario l'économie administrée tue les entreprises qui s'y soumettent ou qui y sont contraintes. L'exemple de l'AOC, l'appellation d'origine contrôlée, que donne Olivier Perotto - notamment quand il s'agit du vin -, dont le but est "la typicité, pas la qualité", est emblématique. L'activité viticole, dans ces conditions, ne peut plus être rentable:

"La crise viticole actuelle est aussi la crise de notre modèle d'AOC sclérosé. Les nouveaux pays producteurs de vins ont choisi des modèles plus souples: ils réussissent et se développent."

Rémy Poix, issu d'un milieu de gauche, longtemps de gauche lui-même, s'est converti au libéralisme quand il s'est rendu compte que la permaculture et le marché libre étaient comparables:

"Chaque composant de ce système [agraire] (plante, herbivore, prédateur, décomposeur, etc.), bien qu'ayant des intérêts qui lui sont propres (la coopération, la prédation, la synthétisation, le recyclage, etc.), contribue à l'élaboration et à l'entretien du système, l'intérêt personnel de chacun oeuvrant involontairement pour le bien de tous." (La permaculture, libéralisme agraire)

En matière de grossesse, deux valeurs fondamentales s'opposent, nous dit Isabelle Broussy: "Le droit de la mère de disposer librement et sans contrainte de son corps et le droit à la vie de tout être."

Les pro-avortement considèrent qu'il n'y a de droit à la vie que quand un individu voit le jour et les anti-avortement qu'il commence dès le stade embryonnaire.

Les avortements auraient dû diminuer avec la diffusion de nouveaux moyens contraceptifs. Il n'en a rien été, au contraire, parce que l'Etat est intervenu:

"En décrétant quand et comment une femme serait en droit d'interrompre sa grossesse, et pour ce faire en l'assistant matériellement, l'Etat l'a libérée de l'effort nécessaire de réflexion et de responsabilité morale auquel elle est soumise comme être pensant." (L'avortement, épineuse question)

Alors que la plupart des avortements sont le fait de jeunes femmes qui ne peuvent assumer matériellement l'éducation d'un enfant, l'Etat décourage l'adoption par une réglementation dissuasive... L'Etat ferait donc mieux de ne pas s'occuper de ces problèmes...

"Quand devient-on adulte, c'est-à-dire propriétaire de soi?" demande Sarah Coudert.

En fait il n'y a pas d'âge précis:

"Une personne n'est adulte que lorsqu'elle peut défendre sa propre vie, en prendre les rênes, subir les conséquences de ses actes librement effectués, signer des contrats par elle-même, sans dépendre d'autrui.

C'est lorsqu'on a enfin les capacités nécessaires pour se débrouiller seul et ne plus dépendre de ses parents, lorsqu'on peut quitter le foyer familial et se confirmer autonome, qu'on devient adulte, c'est-à-dire majeur du point de vue moral et social."

Rien à voir donc avec la majorité à dix-huit ans...

Luc Astier rappelle que la légitime défense est un droit naturel de l'homme, mais qu'il est de moins en moins reconnu par les juges, qui, à l'appui de textes liberticides, en font une interprétation des plus restrictives. La détention et le transport d'armes le sont tout autant:

"Dans la France du XXIe siècle, il n'est possible de porter ou de transporter légalement pour se défendre qu'une... simple lampe-torche!" (La défense personnelle)

Les enfants sont à la merci de l'Etat et peuvent être placés contre la volonté des parents, alerte Xavier Collet:

"Il suffit de connaître des difficultés matérielles ou de santé, de subir une crise conjugale, de solliciter des conseils éducatifs, de remettre en cause le contenu des enseignements officiels, pour exposer ses enfants à un catastrophique placement." (La protection des familles)

Le CEDIF a été créé par ce contributeur pour défendre les familles contre les exactions commises par les services de l'Etat...

Si vous n'êtes pas satisfait de l'enseignement officiel et que vous n'avez pas les moyens, ou l'envie, de mettre vos enfants dans une école privée, il vous reste la possibilité "de faire "l'école à domicile" ou plus exactement pratiquer l'instruction en famille". Après avoir expliqué quelles modalités peut prendre cette instruction en famille (cours par correspondance, instruction par les parents, Internet, etc.), Caroline Hervieux conclut:

"L'école à domicile, c'est la liberté de pouvoir choisir, puis de mettre en oeuvre librement, les meilleurs outils et la meilleure instruction pour nos enfants, de leur transmettre cette liberté en leur apprenant à penser par eux-mêmes, à ne plus étudier pour donner satisfaction à un professeur, mais dans le but de construire sa propre vie, de faire ses propres choix et d'en assumer la pleine responsabilité."

Tous les libéraux ne sont pas d'accord sur le sujet des brevets. La propriété peut-elle s'exercer sur une idée? Telle est la question.

Selon Romain Héry, deux arguments s'y opposent: "une idée peut être utilisée par un nombre infini de personnes sans nuire à quiconque pour autant"; "accorder un droit de propriété sur une idée à quelqu'un limite nécessairement  l'usage que les autres individus ont de leurs ressources tangibles".

A ces arguments théoriques (sans oublier que la propriété intellectuelle profite surtout aux grandes entités qui ont, davantage que les petites et moyennes, les moyens de protéger leurs rentes), s'ajoutent un argument économique:

"Une société de la connaissance ne peut fonctionner correctement si des brevets segmentent le stock d'informations. En effet, plus on utilise les idées et plus elles prennent de la valeur et engendrent à leur tour de nouvelles idées. Mais cela suppose une diffusion ouverte." (Inventer sans brevet)

Sans brevet, l'innovation peut croître à un rythme plus soutenu...

Alain Toullec est favorable à la suppression de toute subvention, à quelque organisation que ce soit, parce que c'est foncièrement immoral:

"Le caractère immoral ne réside même pas dans le montant des sommes escamotées, mais dans le parfait sentiment d'impunité des bénéficiaires. Or en dernière instance, subventionner c'est corrompre." (Boycotter les organisations subventionnées)

Comme les bénéficiaires s'opposeront à une telle suppression, le meilleur moyen d'y parvenir est encore de boycotter les organisations subventionnées et de décerner le label "Bastiat" à toute organisation saine et indépendante des pouvoirs publics, c'est-à-dire garantie "libre de toute subvention".

A cette aune-là, la quasi totalité de la presse écrite devrait être boycottée... Yul Caravage remarque que "plus un journal se situe à gauche, plus il est subventionné" et, comme un pourcentage soviétique des journalistes vote à gauche, tous les journaux le sont peu ou prou:

"Le problème de fond demeurant la piètre qualité des analyses, donc du produit offert, le changement de support n'y change rien [...]. La réduction générale des budgets a favorisé le copier-coller des dépêches AFP. Les articles d'opinion, quant à eux, suivent une ligne brejnévienne peu informative mais souvent chargée d'émotion, voire de haine et de mépris." (La subvention de la presse écrite)

Les subventions permettent juste d'échapper à la faillite...

Dans le domaine de la culture, il en est de même, sous la forme d'aides à la création "dans chacune des branches, du cinéma au théâtre en passant par la télévision", souligne Christian Brunet-Lévitan, avec les mêmes piètres résultats:

"L'idéal d'excellence pour tous a cédé le pas à l'idéologie, la politique de l'exception culturelle consacre la non-démocratisation, muant les acteurs du secteur en comptables et gestionnaires de fonds publics. Or à regarder la prodution internationale, on sait qu'il est possible de financer toutes sortes de projets intelligents par des moyens purement privés." (La culture sans exception culturelle)

Pour Olivier Méresse, l'anonymat sur Internet est un choix individuel, tant qu'aucun délit n'est commis.

Les commerçants utilisent des montagnes de données sur chacun de nous, mais c'est une chimère que de penser qu'ils nous connaissent mieux que nous ne nous connaissons, alors que nous sommes par nature imprévisibles et que nos proches ont du mal à trouver des idées pour nous faire des cadeaux...

Le flicage étatique n'est pas plus efficace, puisqu'il n'a pas empêché "les attentats de Boston et les scélérats du monde entier savent depuis longtemps coder leurs noirs desseins ou changer les identifiants de leurs téléphones mobiles". Sans parler de l'effet boomerang:

"Si l'Etat n'a pas de mal à trouver des partenaires privés  acceptant de jouer à Big Brother avec lui, il maîtrise moins les hackers et les cyber- militants qui, tel Julian Assange avec son Wikileaks, font jouer la surveillance dans l'autre sens."

Boris Navio est, de plus, convaincu qu'avec Internet les idées libérales ne peuvent que triompher. La connaissance est devenue accessible à tous. La coopération entre les internautes leur permettra de se passer de plus en plus de l'Etat. L'indestructibilité du réseau est un gage de ce triomphe des idéaux conformes à la réalité:

"Construit de manière distribuée et dépourvu d'intelligence centrale vulnérable aux attaques, Internet ne peut pas être "coupé" par l'Etat si ce dernier se sentait menacé dans sa sûreté. Qu'il neutralise une partie du réseau, le reste fonctionnera encore. Tout ordinateur connecté à un point du réseau trouvera toujours un chemin alternatif pour joindre un autre ordinateur. Internet est virtuellement indestructible, sauf à imaginer une attaque planétaire et simultanée sur tous les noeuds du réseau, peu réaliste."

C'est sur cette note optimiste que se termine la deuxième partie de Libres!!...

Francis Richard

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Episode précédent:

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