Pyongyang

Publié le 11 août 2014 par Pralinerie @Pralinerie
Un bonheur n'arrivant jamais seul, j'ai pu lire ce titre en plus de Shenzhen de Guy Delisle. Cela complète un peu la vision que j'avais de son travail dont je ne connaissais auparavant que Le Guide du mauvais père Bienvenue en Corée du Nord pour cet épisode. Là, Guy Deslile est en permanence escorté par son traducteur et son guide. Sans parler du chauffeur. Eh oui, il existe des pays encore plus fermés que la Chine... Et on le découvre dès la douane où tout le sac de l'auteur est vidé minutieusement. Ce qui concerne le studio d'animation ressemble beaucoup à ce que l'on a vu en Chine à l'exception des portraits de Kim Jong-Il qui ornent toutes les salles du pays. Et tous les vestons des travailleurs, grâce à un charmant pin's. 

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Il montre l'absurdité du système par beaucoup de petites touches : pas d'électricité sauf lorsque des représentants de gouvernements étrangers sont présents, des travailleurs "volontaires" pour peindre la moitié d'un pont, balayer ou couper de l'herbe sur une autoroute, etc. On peut même vous faire visiter le musée de l'impérialisme américain pour vous présenter les massacres qu'ils ont commis ! Le plus hallucinant est certainement le culte du leader. La première chose à faire en arrivant est de déposer des fleurs au pied de sa statue. Le seul musée à visiter est celui des 'cadeaux des pays amis' du leader. Le leader a écrit plus de mille ouvrages et réalisé plusieurs films... Et son peuple meurt de faim. Oui, oui, tout va bien ! Tout en relisant 1984, notre auteur peut expérimenter en temps réel les aberrations d'une dictature féroce.  Une BD étonnante, certainement plus que Shenzhen, avec laquelle elle contraste par l'absence même des coréens (Shenzhen était plutôt du genre blindée). On a l'impression de remonter dans le temps lorsque le narrateur visite le métro qui fait abri anti-aérien ou lorsqu'il se déplace à Pyongyang, encadré par ses gardes, euh pardon, guides !