PISE (Italie)

Publié le 12 août 2014 par Aelezig

Pise est une ville d'environ 86.000 habitants, en Toscane. Elle est célèbre dans le monde principalement pour sa tour penchée. Elle est traversée par le fleuve Arno et située sur la via Aurelia. Je garde un souvenir inoubliable de la Piazza del Duomo ; on y voit la célèbre tour penchée, bien sûr... mais c'est l'ensemble des monuments, à commencer par la magnifique cathédrale, qui est de toute beauté. J'ai aussi aimé me promener le long des rives de l'Arno...

Piazza del Duomo

Les origines de Pise sont mal connues. Elle a pu être fondée par les Pélasges, les Grecs, les Étrusques ou les Ligures. Des vestiges archéologiques, datant du Ve siècle av. JC attestent la présence d'une ville qui faisait du commerce avec les Gaulois et les Grecs. Une nécropole étrusque a été découverte en 1991.

Servius a écrit que la ville aurait été fondée au XIIIe siècle av. JC, par Pelops, le roi des Pisans. Strabon attribuait sa fondation au héros Nestor, roi de Pylos, à la suite de la chute de Troie. Quant à Virgile, dans son Énéide, il écrit que Pise était déjà, à l'époque, un centre important.

Le rôle maritime de Pise semble avoir été considérable très tôt. La ville devait bénéficier de l'absence de port sur la côte ligure, entre Gênes, alors une bourgade, et Ostie, le port de Rome. Pise servait de base navale, d'où partaient les flottes qui devaient combattre les Ligures, les Gaulois ou les Carthaginois.

En -180, Pise se voit attribuer le statut de colonie de droit romain, sous le nom de Portus PisanusDurant les derniers siècles de l'Empire romain, Pise ne connaît pas le déclin des autres villes d'Italie, grâce à sa position le long de cours d'eau et à ses possibilités défensives. Au VIIe siècle, Pise entre dans le giron lombard, par une assimilation avec la région, les Pisans étant portés par leurs intérêts commerciaux. La ville commence alors son ascension vers la place de premier port du nord de la mer Tyrrhénienne, en concentrant le commerce entre la Toscane et la Corse, la Sardaigne et les côtes de l'Espagne et du sud de la France.

À la suite de la victoire de Charlemagne sur les Lombards, entre dans une courte crise. Elle devient une partie du Duché de Lucques

La pression exercée par les pirates sarrasins à partir du IXe siècle force la ville à se doter d'une importante flotte, qui va servir l'expansion de la cité.

La puissance maritime de Pise s'accroît et atteint son apogée au XIe siècle. C'est un centre commercial primordial et elle contrôle une grande partie de la marine marchande et de guerre de la Méditerranée. Sa gande concurrente est Gênes, qui s'est fortement développée.

Palais archiépiscopal

Cette expansion permet à Pise de rayonner diplomatiquement et de se voir reconnaître l'autonomie politique. En effet, en 1077, le pape Grégoire VII reconnaît les « Lois et coutumes de la mer » créées par les Pisans. Plus important encore, l'empereur Henri IV avalise l'indépendance politique de la ville en l'autorisant en 1081 à nommer ses propres consuls et un conseil des anciens. En 1092, le pape Urbain II reconnaît à Pise la suprématie sur la Corse et la Sardaigne et promeut la ville au rang d'archevêché.

Pise et les autres républiques maritimes tirent partie des croisades en se constituant un réseau de postes commerciaux le long des côtes syriennes, libanaises, et palestiniennes. Les affaires y sont tellement prospères que le quartier pisan, situé dans la partie est de Constantinople comporte plus de 1000 individus au XIIe siècle. Dans toutes ces villes, les Pisans sont exemptés de taxes mais doivent fournir de l'aide en cas d'attaque ennemie. À cette époque, Pise est l'allié le plus précieux des Byzantins, et leur partenaire commercial principal, devant Venise.

La cité est sollicitée en 1113 quand le pape Pascal III décide de mener une expédition contre les Maures des îles Baléares. Cette attaque aboutit à la capture du roi et de la reine de Majorque, qui sont capturés et emmenés en Toscane. Même si les Almoravides reconquièrent l'île peu après, le butin réalisé par les Pisans à cette occasion leur facilite la réalisation de leur programme monumental, à savoir, le Campo dei Miracoli.

Ecole normale supérieure

Dans les années qui suivent, la puissante flotte pisane parvient à chasser les Sarrasins après des combats acharnés. Malgré la dureté des combats, ce succès accentue la rivalité de la cité avec Gênes. Ceci se double d'une rivalité commerciale, puisque le grand commerce de Pise, avec le Languedoc, la Provence, Savone, Fréjus et Montpellier gêne les propres intérêts commerciaux des villes comme Hyères, Fos, Antibes et Marseille. La guerre éclate en 1119 quand les Génois attaquent des galères de retour à Pise et dure jusqu'à 1133. Le combat est à la fois naval et terrestre mais prend plus la forme de raids et de piraterie que d'une bataille rangée. Innocent II résout la crise en délimitant les sphères d'influence respectives de Gênes et de Pise.

Dans les années qui suivent, Pise est l'un des piliers du parti gibelin, pour la plus grande joie de Frédéric Ier, qui accorde ainsi deux actes importants, l'un en 1162 et l'autre en 1165. Ceux-ci accordent à la cité le privilège de commercer librement avec l'empire entier et lui donne la côte de Civitavecchia à Portovenere, la moitié de Palerme, Messine, Salerne et Naples, Gaète, Mazzarri et Trapani ansi qu'une rue dans toutes les villes du royaume de Sicile. Ceci marque l'apogée de Pise mais entraine aussi des ressentiments de la part des cités voisines, qui se voient interdire toute velléité à une expansion maritime (notamment Lucques, Massa, Volterra et Florence) mais aussi de la part de Gênes, bien sûr.

Une nouvelle geurre éclate entre les deux ville en 1165 et se prolonge jusqu'en 1175 sans victoire décisive. En 1192, Pise conquiert Messine, mais Gênes s'empare de Syracuse en 1204. Les comptoirs de Pise en Sicile lui sont alors retirés par Innocent III. En effet, le pape était entré dans la ligue guelfe de Toscane (contre l'empire). Il signe aussi un pacte avec Gênes, qui met à mal la présence de Pise en Italie du Sud.

Santa Maria della Spina

Pour contrer la prééminence génoise dans le sud de la mer Tyrrhénienne, Pise renforce ses relations commerciales avec ses alliés traditionnels en Espagne et en France et s'immisce dans les affaires dans la mer Adriatique, chasse gardée de Venise. En 1180, les deux cités avaient conclu un pacte de non-agression, mais la mort de Manuel Ier Comnène à Constantinople change la donne. Pise mène alors des attaques contre les convois vénitiens et signe des pactes d'alliance avec Ancône, Pula, Zadar, Split et Brindisi.

En 1196, les deux cités signent un traité de paix avec des conditions favorables pour Pise. Mais en 1199, celui-ci est rompu à l'initiative des Pisans, qui instaurent un blocus devant le port de Brindisi. Venise remporte la victoire et impose à Pise un traité où elle renonce à toutes ses ambitions expansionnistes dans l'Adriatique. À partir de ce moment, les deux cités sont alliées contre la montée en puissance de Gênes et collaborent parfois pour augmenter les bénéfices commerciaux réalisés à Constantinople.

En 1209 et 1217 se tiennent deux conseils à Lerici pour mettre fin à la rivalité avec Gênes, qui débouchent sur la signature d'un traité de paix pour vingt ans. Mais l'hostilité de Gênes envers Pise est ravivée en 1220 quand l'empereur Frédéric II confirme la suprématie de Pise sur la côte tyrrhénienne. Cette initiative impériale renforce aussi la méfiance des Toscans envers Pise. Dans les années suivantes, Pise combat Lucques et est battue par les Florentins.

De même, la position gibeline de la ville, dans un contexte d'affrontement entre le pape et l'empereur, amène le pape à tenter de priver Pise de ses possessions du Nord de la Sardaigne. En 1238 Grégoire IX organise une alliance entre Gênes et Venise contre l'empire, et donc contre Pise.

Au XIIIe siècle, le commerce maritime décroît au profit de Venise et de Gênes. Pise développe alors une industrie textile, mais elle ne parviendra jamais à concurrencer celle de Florence. Cette phase de déclin économique marque également un déclin politique et culturel.

Le déclin de Pise est brusque et retentissant. En 1284 lors de la bataille de la Meloria, la flotte pisane est battue par Gênes. La flotte est détruite, plus de dix mille marins pisans sont prisonniers et la Sardaigne est perdue. Les pertes humaines empêchent Pise de retrouver son rang en Méditerranée. Le commerce continue mais dans des proportions moindres. Le coup de grâce est porté par le changement de course de l'Arno qui empêchait désormais les navires d'atteindre le port de la ville en remontant le fleuve. Il semble aussi que la zone environnante ait été infestée par la malaria.

Pise ne peut pas alors résister à Florence et tombe définitivement sous sa domination. Son histoire appartient alors à celle de l'Italie en général.

Visitée en 2001

D'après Wikipédia