Les œuvres de Nikola Basic au coucher du soleil à Zadar (voyage en Croatie #8)

Publié le 13 août 2014 par Carnetauxpetiteschoses @O_petiteschoses

Si la guerre dans le pays est terminée depuis tout juste une quinzaine d’années et que la Croatie présente aujourd’hui un environnement accueillant et chaleureux, il a été nécessaire pendant notre voyage à maintes reprises de nous plonger dans son passé et dans son histoire (très récente).

Outre l’histoire et ses événements bruts que nous avons lus et relus, nous avons contemplé à Zadar, les oeuvres de l’architecte Nikola Bašić, que nous avons particulièrement appréciées.

Nous avons en effet fait le tour de la ville rapidement pour nous retrouver sur le front de mer à la pointe nord est de la « péninsule » qui décrit le périmètre de la vieille ville. Durant notre halte à Zadar, un voilier russe massif meublait littéralement l’extrémité de la ville, amarré au quai.

Nazdheda, le navire école russe en escale à Zadar

Le navire majestueux faisait escale quelques jours, et dispersait dans toute la ville ses marins en uniforme.

Les jeunes marins s’insinuaient ainsi dans les ruelles, tandis que sur le pont de leur navire les autres donnaient des démonstrations de danses folkloriques et de chants russes.

Une jetée déserte investie par les œuvres éco-esthétiques de l’architecte Nikola Bašić

Le spectacle valait la peine d’une pause ici, à parler, longuement, parfaitement inscrites dans le paysage.

L’endroit autrefois désert et peu aménagé, s’est en effet doté de deux oeuvres contemporaines toutes en simplicité, qui s’accordent avec l’environnement, donnant de nouveaux points d’attention aux visiteurs, et émerveillant les enfants à toute heure du jour et de la nuit.

Tandis qu’un peu plus loin sur la jetée, la mer jette ses assauts contre la pierre…

Nikola Bašić exprime l’unité de son pays

Nikola Bašić parvient en effet à investir l’espace public en le rendant extraordinaire, à introduire une dimension contemplative dans un paysage urbain, et à concevoir avec l’environnement, pour s’élever au niveau des éléments, en touchant presque le sacré.

L’artiste qui a étudié à l’école de Sarajevo, est désormais implanté à Zadar et professeur à Split. Son thème de prédilection c’est l’unité et l’identité de son pays.

Après l’indépendance récente de la Croatie en 1991, Nikola Bašić, cherche à exprimer cette identité en proposant plusieurs oeuvres qui investissent l’espace public en prenant en considération le contexte naturel mais aussi humain : on les observe pleinement du ciel au dessus l’île Kornate, avec le Champ de croix réalisé en mémoire des dix-sept soldats du feu mort dans un incendie, en pierre dalmate, qui est pour lui « l’essence même de ce qu’est la Croatie ».

C’est elle encore qu’on retrouve ici à Zadar avec les oeuvres ancrées dans le sol : le Salut au soleil et l’orgue de mer. Inscrite dans l’histoire la pierre est un élément naturel par excellence, qui prend place dans le paysage de façon évidente. Pour Nikola Bašić elle est le matériau qui lui semble le plus véridique, témoin des faits, omniprésente. Elle peut exprimer justement le caractère sacré de ce que souhaite évoquer l’artiste.

Le Salut au soleil, verticalité et magie des éléments

Le salut au Soleil est un disque de 22 m de diamètre, constitué de 300 panneaux de verre équipés de modules photovoltaïques.

En plein jour, il apparait comme une surface de communication avec le soleil, absorbant sa lumière et la réfléchissant fidèlement.

Véritable terrain de jeu tandis que le soleil décline…

Et le soir, elle éclaire l’obscurité de mille lumières changeantes.

Devenue une véritable attraction, l’oeuvre s’accorde avec la vocation contemplative de cette jetée. Avec son rapport à la verticalité, elle se réfère à la puissance des éléments, et reflète la simplicité de son principe. Comme beaucoup des oeuvres de Nikola Bašić, elle développe dans cette direction, un rapport au sacré.
Dans l’usage, elle redéfinit l’identité des lieux, fédère les habitants comme les visiteurs étonnés. Dans cet endroit où la côte était dans un mauvais état, Nikola Bašić commence par étudier les conditions climatiques. Ses dispositifs s’accordent avec le calme des lieux, avec la simplicité du spectacle des éléments : la force des vagues, la beauté du coucher de soleil, l’impression de sérénité.

L’orgue de mer, une symphonie de la mer et du vent

L’orgue de mer est constitué d’emmarchements et de tubes cachés dans les marches. L’eau pénétrant dans les trous des marches, fait vibrer les tubes, et produit une résonance mélodique. Plus les vagues sont fortes et plus le chant de l’orgue marin est puissant.

La musique ainsi produite est diffusée par de petits trous dans le sol. Il est alors assez tentant de se pencher, de regarder et même de coller son oreille (le son peut alors vous surprendre). L’orgue comme le disque du Salut au soleil, parvient à réaliser l’objectif dans la réalisation architecturale de Nikola Bašić : une nouvelle forme de communication entre les hommes et les éléments et une interaction réelle entre eux.

De nouveaux rituels sociaux et un émerveillement infini

Cet endroit calme est devenu un lieu métaphorique. On y observe les éléments, le coucher de soleil, la puissance des vagues, assis sur les marches près de l’orgue de mer. Ces deux oeuvres sont surtout considérées comme faisant partie intégrante du patrimoine de Zadar. Pour Nikola Bašić c’est un nouveau point d’identité urbaine.

C’est une occasion de jeu pour certains…

Ou l’origine de réactions amusantes et attendrissantes, qui en deviennent belles dans le paysage…

Dans l’attente du soir et du spectacle du soleil couchant.

« Le plus beau coucher de soleil du monde est à Zadar… »

… disait Hitchcock. En effet le coucher de soleil à Zadar est très réputé. Nous ne mesurions pas bien la beauté qui pouvait se dégager de cette jetée sobre. Pourtant pour Hitchcock qui se trouvait dans la ville pour un repérage, c’était le plus beau du monde. Il s’installait à la terrasse de l’hôtel Zagreb pour le regarder en savourant la course déclinante du soleil, en sirotant un verre.

Nous avons ainsi assisté au plus beau coucher de soleil que nous ayons eu l’occasion de voir, la lumière orangée se reflétant avec grâce dans le disque au sol, parfait arrière fond aux meilleures scènes de contemplation.

Je vous laisse en juger…

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