Lettres vénitiennes de Charles Gounod

Publié le 15 août 2014 par Oliaiklod @Olia_i_Klod

La dernière chose qui m’ait bien vivement et profondément impressionné, c’est Venise! tu sais combien c’est beau: ainsi je ne m’étalerai pas en descriptions, ni en extases, tu me comprends.

C’est ce que Charles Gounod écrit à son ami Hectore Lefuel depuis Vienne, le 21 août 1842.

Au mois de mai de cette même année, Hébert lui avait écrit : " J’ai appris par notre grand sculpteur Gruyère que tu étais aux prises avec une foule de rhumes ; j’espère que le soleil de la noble et voluptueuse Venise te fondra les glaces que le vieux hiver a amoncelées dans ton cerveau."

Parti de Rome fin juin à la fin de son séjour à la Villa Médicis, Charles Gounod arrive à Venise quelques semaines plus tard, ainsi qu’il l’avait annoncé à Hectore Lefuel, qu’il surnommait père, au mois d’avril.

À MONSIEUR HECTOR LEFUEL

"À Venise, poste restante.

              Rome, le mardi 4 avril 1841.
   Mon cher et tendre père,

Voilà déjà que ton enfant désolé se creusait la tête pour savoir où t’écrire, et il commençait à désespérer de la tendresse de son vieux papa, lorsqu’il apprend par M. Schnetz que cet intrépide centenaire s’est transporté de Florence à Bologne pour se rendre au plus vite à Venise. C’est donc à Venise que ce fils rassuré se hâte de lui faire parvenir de ses nouvelles pour lui dire qu’il se porte très bien, et ensuite que sa messe a obtenu un heureux succès parmi ses petits camarades d’abord, et en second lieu parmi les en bas. Il a pensé aussitôt à la satisfaction de son vieux père et cette pensée a été pour beaucoup dans la joie de son succès."

C’est au retour de ce voyage, après avoir passé par Vienne et traversé la moitié de l’Europe que Charles Gounod mettra en musique la célèbre poésie d’Alfred de Musset, Venise.

Venise sera encore l’objet d’un voyage, d’où, le 30 juin 1862, Anna Zimmerman, son épouse de onze ans sa cadette, fait le récit de leur séjour à Venise à sa mère Hortense Zimmerman… Gounod ajoute : Ah! Quel malheur de quitter Venise, s’écrie mon Jean! – mais j’aime mieux me priver de voir les belles choses pour revoir ma bonne grand-mère si bonne! – le tout accompagné de gros soupirs ; car il faut vous dire que la marine est au plus haut en ce moment et que l’on a fait la connaissance intime des deux marins de notre gondole, avec lesquels on rame du matin au soir.