Le cinéma bis en manque de Cannon (hommage à Menahem Golan)

Publié le 15 août 2014 par Olivier Walmacq

Il est fou comme le hasard peut être d'un morbide sans nom. En mai dernier, Menahem Golan et Yoram Globus débarquaient à Cannes pour la présentation du documentaire The Go-Go Boys revenant sur leurs carrières cinématographiques et notamment les années Cannon. Le dernier numéro du magazine Popcorn sort donnant lieu à une interview franchement désopilante (pour être gentil) que je me délecte de lire plié en quatre. Vendredi dernier, je lis l'article que leur consacre Metaluna dans leur spécial "film d'action". La nouvelle tombe vendredi tard dans la soirée: Golan est mort à 85 ans. Si le nom ne vous dit absolument rien (et vous aurez probablement raison), vous avez néanmoins dû voir un extrait d'un des films qu'il a produit ou réalisé. Il faut dire que Youtube ou Nanarland se sont fait un plaisir de rendre hommage à certaines de ses productions au cours des années et ce pour notre plus grand bonheur. Car certes Menahem Golan fut un producteur imposant (on parle de 300 productions en dix ans!) mais c'était aussi un gros faiseur de nanars et autres bouseries, un vrai pape du cinéma bis. Rien que pour vous donnez un exemple, c'est lui qui a permis à Chuck Norris de devenir l'icône bourrine qu'il est encore aujourd'hui. 

 Yoram Globus et Menahem Golan à Cannes durant leurs heures de gloire.

A l'époque, il n'était que le champion d'arts-martiaux s'étant fait prendre une branlée déculottée par Bruce Lee dans La fureur du dragon. Si quelques films sont tournés c'est la Cannon qui en fera une star. Ainsi cela commença avec les Portés disparus, puis Invasion USA, Delta force mais aussi Héros! Que de barre de rires rien qu'à l'évocation de certaines répliques de Chucky en VF. Ah le merveilleux "Si tu brandis encore une fois ce truc sur moi, tu repars avec la bite dans un tupperware!", le subtil "Tu commence à me baver sur les rouleaux!", le percutant "Je mets les pieds où je veux, Little John… et c'est souvent dans la gueule!"! Heureusement que Bernard Tiphaine était là pour nous faire rire parce que vraisemblablement en VO ce n'était pas trop le cas. Golan en parlait à Popcorn: "Et Chuck Norris aussi, c'est nous qui l'avons fait. Avant c'était un acteur, mais nous on en a fait une star. Yoram et moi on a tout de suite compris que Chuck Norris avait ce pouvoir en lui, quelque chose que le cinéma allait adorer, et on a signé avec lui pour sept ans. Exclusif! (...) (A propos de Delta Force qu'il a réalisé) J'avais envie de le faire parce qu'il y a de l'action et que j'aime ça, je suis un homme d'action. Il y avait de bons personnages, des héros, des antihéros, des bons, des méchants. Et puis le terrorisme aussi. C'est un film contre le terrorisme (!), ce qui est important pour moi." *.


Escale à Nanarland
Escale à Nanarland N°13 - Spéciale Chuck Norris

Tu as envie de rire cher lecteur, tu vas rentrer encore plus dans les fonds de la Cannon! Car s'il n'y avait que Chuck Norris au panthéon du nanar de Menahem Golan, cela se saurait! Ainsi Golan a travaillé pour Roger Corman durant les années 60: "J'étais étudiant en cinéma et j'ai entendu dire que Roger Corman allait faire un film en Europe. Je lui ai écrit un télégramme où je lui ai dit que j'étais prêt à venir travailler pour rien. Je suis allé à Paris, je l'ai rencontré aux Galeries Lafayette et je suis devenu son assistant. C'est comme ça que j'ai travaillé sur The Young Racers avec lui et aussi Francis Ford Coppola (...). Je me débrouillais toujours sur le tournage pour leur trouver ce qu'ils voulaient, comme une courrone de fleurs à 3h du matin. J'étais rentré par effraction chez le fleuriste..." * Par la même occasion, Golan évoquait également au magazine que Coppola lui avait volé son idée: "A l'époque, j'avais le projet de tourner El Dorado en Israël, un film de gangsters. J'ai donc demandé à Roger Corman d'investir dans mon film (...). Monsieur Coppola était là juste à côté de moi quand j'ai eu cette discussion avec Corman, et il lui a dit: 'Pourquoi tu veux mettre de l'argent dans un film israëlien en noir et blanc? Donne moi l'argent à moi. On va faire un film américain!''

Continuant sur sa lancée, Golan évoque que Coppola aurait écrit volontairement un scénario en une nuit pour contrebalancer celui de Golan déjà écrit et donné à Corman. Ce film sera Dementia 13. Après cela, Golan réalise un bon lot de films en Israël jusqu'à ce qu'Opération Thunderbolt soit nommé à l'Oscar du meilleur film étranger. Après ça c'est parti pour les USA et les ventes à Cannes. Une époque où le marché du film n'était pas attaqué par Asylum mais par la Cannon! Voici un panel assez exhaustifs de leurs productions les plus connus ou particulières d'ailleurs certaines sont assez connus de ces colonnes:

  • Enter the ninja ou L'implacable ninja de Golan (1981) où Franco Nero côtoie des... ninjas!

  • Les suites d'Un justicier dans la ville avec Charles Bronson déglinguant du dealers, drogués (l'un ne va pas sans l'autre), prostituées, violeurs, assassins, afro-américains, porto-ricains... A force il faut bien avouer que l'on ne sait plus où donner de la tête! Ainsi il y aura Un justicier dans la ville 2 de Michael Winner (1982), Le justicier de New York de Winner (1985) et Le justicier braque les dealers de J Lee Thompson (1987). A noter que dans le sillon de la vigilante, Charlie a également signé Le justicier de minuit (1983) et La loi de Murphy (1986) tout deux réalisés par Thompson. D'ailleurs voici un numéro d'Escale à Nanarland consacré au troisième volet particulièrement gratiné.

Escale à Nanarland
Escale à Nanarland N°68 - ''Le Justicier de New York''
  • Hercule de Luigi Cozzi (1983) avec Lou Ferrigno. Si on se demande ce que Lou Ferrigno fait face à une machine à laser (!) en étant le fils de Zeus, on est beaucoup moins étonné en le voyant entouré de donzelles sur l'affiche! Vraisemblablement l'affiche serait meilleur que les extraits que j'ai vu!


Escale à Nanarland
Escale à Nanarland N°37 - Hercule
  • Sahara d'Andrew V McLaglen avec Brooke Shields (1983)... et Lambert Wilson! A vrai dire je connais surtout ce film grâce à la superbe affiche de Drew Struzan. Admirez!

  •  American Ninja avec Michael Dudikoff (1985). Voilà encore une belle star de la Cannon et Olivier vous a d'ailleurs fait part de ses "prouesses" en tant qu'actionman. 

  • Lifeforce de Tobe Hooper (1985). Alors pour ceux qui ne connaissent pas ce film du réalisateur de Massacre à la tronçonneuse, il vient juste de resortir en DVD. L'occasion pour les plus jeunes de voir Matilda May totalement nue en alien vampirisant les forces vitales de ses victimes! ça ne s'invente pas! Un échec commercial qui est devenu un nanar culte au fil des années. A noter que Golan produira également L'invasion vient de Mars (1986) et Massacre à la tronçonneuse 2 (idem) où Dennis Hopper affrontait la famille de Leatherface.

 Pour vous chers lecteurs! Ne me remerciez pas!

  • Les Alan Quatermain avec Richard Chamberlain et Sharon Stone (1985, 86). Une anecdote Yoram? "Les gens l'oublient, mais c'est nous par exemple, qui avons fait connaître Sharon Stone. Elle faisait de la télé, avant, mais c'est nous qui l'avons portée au cinéma avec Allan Quatermain et les mines du roi Salomon."*. En attendant il a surtout fallu qu'elle rencontre Paul Verhoeven pour faire exploser sa carrière. Pour le reste, des productions qui lorgnent énormément sur les Indiana Jones, au point de devenir rapidement des films de deuxième partie de soirée ou diffusés sur NRJ12 avec grande annonce. Pas de quoi se vanter surtout que pour le coup, je préfère encore La Momie de Stephen Sommers dans le même genre. Reste que cela a permis à Chamberlain de devenir un peu connu en plus des Oiseaux se cachent pour mourir ou Shogun.

"Sharon tu crois qu'on peut se sortir de là? -S'ils ne sont pas content j'ai toujours mon pic à glace!"

  • Runaway Train d'Andreï Kontchalovski (1985) où Jon Voight et Eric Roberts jouent deux tolards évadés se retrouvant aux manettes d'un train où les freins ont lâché. Probablement une des plus célèbres et reconnues des productions Cannon. Yoram raconte: "Konchalovsky est venu nous voir avec le scénario de Kurosawa (oui vous ne rêvez pas Akira Kurosawa, le réalisateur des Sept Samouraïs -NDB), et Menameh et moi, on lui a tout de suite dit 'Réécris le scénario et commence le film!' On lui a évidemment donné toute la liberté et il a fait un travail fantastique. Je crois qu'à part le train il ne reste pas grand chose du script originel."*. Et Kurosawa de se retourner dans sa tombe! 

  • Aladdin (1986) avec Bud Spencer en Génie! Je crois que l'affiche parle d'elle-même.

  • Cobra de George P Cosmatos (1986) où Stallone déglingue de la racaille par paquet de douze. A ne pas confondre avec la série animée. Stallone recroisera la Cannon avec Over the stop que Golan réalise où il défonçait des bras au bras de fer! Golan raconte: "A l'époque, Stallone était une star, ça n'a pas été facile de l'avoir. Il voulait 6 millions minimum, je lui en ai donné 10!"*

"Alors c'est qui qui a la plus grosse?!"

  • Les Barbarians de Ruggero Deodato (1987) où les frères Paul se retrouvaient dans un récit pseudo fantasy ressemblant beaucoup à Conan. Flop à sa sortie, nanar culte au fil des années au point de devenir une figure de prou de La nuit excentrique qui est justement parainé par Nanarland et que j'avais l'habitude de me délecter du compte-rendu de Mad Movies. Mais vraisemblablement cette année était la dernière. C'est que les bandes-annonces de nanar cela avait l'air fun à voir.

Escale à Nanarland
Escale à Nanarland N°43 - Les Barbarians
  • Superman 4 de Sidney J Furie (1987). S'il y a bien une grosse casserole chez Cannon c'est bien celle-là. Encore un petit film pour pas un rond ça va, mais là pourquoi produire un Superman quand tu as la Warner attendant patiemment? Un film qui condamne à lui seul la saga, Tim Burton, Bryan Singer ou Zack Snyder ayant dû sauver les dégâts. Déjà que le troisième était mauvais, le quatrième enfonça le clou. Ainsi le budget passa de 37 à 17 millions de budget, inférieur pour un projet de cette envergure. Christopher Reeves parvient à avoir un droit de regard sur l'écriture (ce qui ne changera rien) et pourra même réaliser un nouvel opus si succès il y a (ce qui n'aura jamais lieu). Ainsi Superman se battra avec un homme nucléaire, ce qui est probablement aussi ridicule que l'ordinateur changeant la mentalité de Superman. De plus, quarante-quatre minutes auraient été coupé au métrage par la Warner (qui distribue quand même le film) engendrant un beau bordel d'1h32. Merci Cannon!

Escale à Nanarland
Escale à Nanarland N°70 - ''Superman 4''
  • Les maîtres de l'univers de Gary Goddard (1987), adaptation de la série animée elle-même adaptée de jouets! Dolph Lundgren dans le rôle du guerrier Musclor, Frank Langella en méchant Skeletor ou encore Courtney Cox en terrienne. Un gros bordel en vue et pourtant avec l'univers de la série, bien que simple, il y avait de quoi faire un vrai film de fantasy comme les années 80 nous en ont souvent offert. Mais non pognon en rade oblige voilà Musclor dans le monde réel! Cherchez l'erreur! Encore un gros nanar au point que les studios ont bien du mal à faire un reboot après un tel ratage. Au dernière nouvelle, les producteurs cherchent toujours un réalisateur. Reste encore une fois que Drew Struzan a signé une superbe affiche. Bien ce qu'il faut retenir.

 

  • Barfly de Barbet Schroeder (1987) où Mickey Rourke discutait autour d'un verre avec Faye Dunaway.

  • King Lear de Jean Luc Godard (1987). Ou comment Golan a rencontré le réalisateur du Mépris et comment ça s'est mal fini. Godard rencontre le producteur à Cannes en 1985 et lui soumet l'idée d'adapter la pièce de Shakespeare. Mais comme on pouvait s'y attendre, Godard fait du Godard, engendrant la colère de Golan d'autant que le réalisateur suisse a inséré des conversations privées entre son producteur et lui. Le film a beau être diffusé à Cannes, il faudra attendre 2001 pour qu'il sorte en France et aux USA, son exploitation dura cinq jours. 

Godard or not Godard, that is the question.

  • Bloodsport de Newt Arnold (1988). Contrairement à ce que disait souvent Menahem Golan, JCVD avait déjà joué dans quelques films avant le fameux Bloodsport, même si ce dernier sera son premier gros succès. Une petite anecdote Menahem? "il est venu me voir au restaurant, avec deux bols de soupe dans les mains et il m'a fait une prise de karaté ou je ne sais quoi. (...) Bon après ça, il est venu au bureau et on a fait Bloodsport. (...) Le film a été un très gros succès. On l'a vendu partout dans le monde, partout! (sauf qu'initialement il l'a diffusé en vidéo avant de finalement le sortir en salle, succès oblige -NDB). Et encore aujourd'hui, Van Damme vit de nos succès, enfin c'est ce que je pense (oui car ce serait oublier que certains de ses meilleurs films n'ont jamais été produit par lui à commencer par Kickboxer! -NDB). Nos films ont fait de lui une légende. Avant c'était un serveur, un danseur..." Par ailleurs, je ne sais pas si c'est les cousins qui étaient sur le coup, mais il semblerait qu'un reboot de ce film se fasse, ce qui n'a pas plu à l'ami Jean Claude! Le partenariat continuera avec Cyborg d'Albert Pyun (1989) où l'intérêt sera beaucoup plus moindre, même si ce sera le premier film de science-fiction de l'ami Van Damme avant le fun Timecop ou les Universal Soldier.

Et paf! Un split kick à la Van Damme!

  • Rendez vous avec la mort de Michael Winner (1988). Comme vous pouvez le voir depuis quelques titres, la Cannon n'a pas produit que du cinéma bis (et heureusement pour elle et surtout pour nous), s'octroyant quelques "grosses productions". Voici certainement la plus noble contribution des deux cousins israéliens, à savoir la dernière incarnation d'Hercule Poirot par Peter Ustinov. Récit non retouché, filmé de manière classieuse, casting quatre étoiles (Lauren Bacall, Carrie Fisher), pitch béton (Bacall en mère tyrannique retrouvée morte sous un chapiteau en plein Jérusalem)... Un bon petit Poirot supérieur à la série avec David Suchet pourtant pas mal dans son genre.

  • Voyage au centre de la Terre de Rusty Lemorande et Albert Pyun (1988). Voilà une belle rareté montrant encore une fois les problèmes financiers qu'accumulent la Cannon à la fin de son existence voire du règne des deux cousins sur les films d'exploitation. "(Lemorande) possède une imagination si fantastique que cela m'a encouragé à lui confier l'adaptation de cette oeuvre qui laisse la part belle aux trucages. Rusty travaille à présent sur le film, qui sera terminé pour noël. Ce sera très différent du roman, et en aucun cas un remake du précédent fil, dans la mesure où l'histoire ne se passera pas de nos jours, ni au XIXème siècle, mais dans un monde merveilleux et fantastique" disait Golan avant le tournage en 1986 **. Pourtant tout fout le camp dès le début du tournage. Lemorande, réalisateur débutant (il n'a signé que des scénarios, Captain EO en tête), accumule les retards, tourne trop de plans et Golan n'aime pas la prestation de l'acteur Erno Philips demandant ainsi des reshoots de ses scènes. Mais ce n'est pas tout puisque les affaires de fric continuent de gangréner la Cannon. Le fisc ricain soupçonne la firme de détournements de fonds et dissimulation d'argent, engendrant l'arrêt des productions en cours ou projets à venir par la Cannon elle-même, donc de l'adaptation libre du roman de Jules Verne.

Lemorande se retrouve d'autant plus dans une position fâcheuse puisque les effets-spéciaux risquent d'en pâtir: "La grosse erreur que j'ai commise sur Voyage... c'est d'avoir créer mon propre département d'effets-spéciaux alors que Les maîtres de l'univers, qui se tournait au même moment, avait fait appel à une société externe, engagée bien avant les déboires financiers de la Cannon." **. Le film est budgété à 6 millions de $ et 1.5 va légitimement aux effets-spéciaux. Mais Cannon en rade oblige, il tourne les plans sans les SFX et quand il ne peut pas, il essaye de le faire chez lui, ayant avec lui les rushes du film. Golan voit le tout et dégage le jeune loup de son film, mais mieux encore il conclue un drôle de pacte avec le producteur qui n'est plus à ça prêt: "La firme utilisait une dizaine de minutes du film et concervait mon nom au générique. En échange, je récupérais les droits et tout le métrage, que j'étais ensuite libre de sortir de mon côté." **. Le lieutenant Pyun débarque et finit gratuitement (!) le film en échange de quoi il pourra signer Alien from LA une autre production Cannon. L'acteur Paul Carafotes part en solidarité avec le réalisateur initial pour les reshoots quand la petite soeur passe à la casserole. Le plus ironique veut que le tournage des reshoots eu lieu sur le plateau de l'autre réalisation de Pyun, engendrant le fait que Voyage... soit une séquelle d'Alien from LA!

Le film de Pyun sort en vidéo en 1988 quand la copie de Lemorande sort en 1992 avec de nombreux moments de blanc. Un fiasco confirmant à la fois les bidouillages et les magouilles de la Cannon.

  • La nuit des morts-vivants de Tom Savini (1990). Malgré que le DVD est depuis chez Sony (enfin pour ceux qui l'ont!), le remake du film de George A Romero par son acolyte Savini fut bien produit par la Cannon alors en passe de passer à la casserole. Romero voulait primordialement produire ce remake pour rénumérer ses anciens collaborateurs sur le film original, la plupart des intervenants n'ayant pas été payé. Petite évocation avec Tom Savini: "J'ai haï le film pendant plusieurs années, je l'ai même conspué parce qu'il ne contenait pas les plans ou les effets que je voulais réaliser. George au le même problème avec les producteurs du Jour des morts-vivants. Quand l'argent manque, difficile de lutter." 3.

 

  • Captain America d'Albert Pyun (1990). Hé oui avant de chevaucher fièrement sa moto dans le Marvel Cinematic Universe, Captain America était une petite raclure du cinéma fauché avec tout de même des téléfilms fauchés au possible avec l'acteur fétiche de Bruno Mattei Reb Brown mais aussi ce film. Déjà pas aidé par le Punisher avec Dolph Lundgren, la Marvel laisse faire aussi Menahem Golan partant fonder 21st century film suite au fiasco de la Cannon. Il embarque Albert Pyun qui l'a bien aidé par le passé mais rapidement le pot aux roses s'est dévoilé: "Captain America a été fait sans budget. C'était une épave dès le départ. L'argent qui devait financer le film n'est jamais arrivé. Nous avions un très bon casting avec de grands acteurs donnant leur maximum dans des circonstances difficiles et limitées. Menahem Golan était un homme très optimiste, et des banquiers et autres investisseurs avaient promis de financer le long-métrage, mais il n'y a jamais eu assez d'argent. Seule la scène en Italie où le garçon est kidnappé a pu être filmé de manière satisfaisante. Le reste fut une récit de compromis. Le producteur Tom Karnowski est allé en Bulgarie et en Hongrie à la recherche de fonds, et parfois il revenait avec 5000  $, mais souvient il n'y avait rien. J'ai même filmé des scènes alors que nous n'avions plus de pellicule, en cachant ce détail aux acteurs pour ne pas les alarmer. Malgré tout, nous avons mené le tournage à son terme, en Yougoslavie, mais ce fut difficile et triste, car nous avons dû massacrer le scénario, et donc le film." 4.

Visiblement très amer, Pyun finira par sortir sa version lors de la sortie cinéma du film de Joe Johnston, d'autant que le film fut finalement un beau DTV.

Après cela, la 21st century film se plante aussi, bousillant les rêves de James Cameron de réaliser son Spider-man (la Fox n'a pas voulu soutenir le film pas aidé par Sony voulant à tout prix récupérer les droits) au départ voué à Albert Pyun (on comprend qu'aprs Captain America il a assez donné avec Marvel), mais les deux cousins continuent leurs affaires dans leur pays d'origine l'Israël. Menahem Golan parlait de projets: "Mais ce que je sais, c'est que maintenant on va faire Delta Force 4. A l'heure où je vous parle, des scénaristes sont en train de l'écrire en Angleterre. (...) (Dudikoff) est une jeune star, enfin, plus jeune que Chuck Norris, et il est bien pour Delta Force 4. (...) Ce sera un film américain avec l'armée américaine, les commandos américains, des stars américaines... On va faire ça avec 2-3 millions. (...) J'aimerais bien travailler avec Polanski sur ses prochains films."*. Des rêves qui se feeront sans lui et nous de nous délecter encore longtemps de son héritage bis et nanardesque qui nous a tant plu.


* Propos issus de Popcorn numéro 7 (août-septembre 2014).

** Propos issus de Mad Movies numéro 235 (novembre 2010).

3 Propos issus de Mad Movies numéro 255 (septembre 2012).

4 Propos issus de Mad Movies numéro 244 (septembre 2011).