Maintenant qu'il fait nuit sur toi

Par Marieaimee19

Retour du Pérou en 1999

Pour Christophe, mon premier amour, rencontré l'été 1991 à Biarritz, dont je viens d'apprendre la cruelle disparition le 21 octobre 2003 en gare de Toulon (les gendarmes ont retrouvé son corps sur la voie ferrée : suicide ou accident ?). Il fut un temps pris dans les méandres de la maladie alcoolique jusqu'à son long séjour dans le centre de désintoxication de Tarapoto en Haute Amazonie péruvienne.
Je berce ma solitude le long du quai pavé de la gare déserte. Un wagon de marchandises en larmes traverse le ciel bleu cobalt sous un pont d'étoiles métalliques qui scintillent à la lueur de la pleine lune. Les pylônes aux yeux d'ampoules, témoins silencieux de ta chute, prient pour ne plus jamais entendre le cri des rails à l'approche du train meurtrier. La maison de briques insomniaque, toute honteuse, enflamme de ses rougissements les herbes sèches au pied de la clôture barbelée tandis que ses fenêtres éclairées peignent des reflets d'or sur mes cheveux et mon manteau de sang. Qui donc viendra frapper à la porte de mon coeur maintenant qu'il fait nuit sur toi ?

Solitude, 1955
Paul Delvaux (1897-1994) est un peintre post-impressionniste, expressionniste puis surréaliste belge


Exposition "Paul Delvaux, le rêveur éveillé" jusqu'au 21 septembre 2014 Musée Cantini - 19 rue Grignan - 13000 MarseilleDu mardi au dimanche de 10h à 18hJe vous conseille d'aller visiter cette exposition qui rassemble à Marseille un nombre important de dessins et de peintures de Paul Delvaux (une vraie découverte!) autour de plusieurs thèmes de prédilection tels que les trains et les gares, les squelettes, la femme et le nu féminin, le couple et les relations homosexuelles, l'Antiquité gréco-romaine (il est influencé par Giorgio de Chirico). Vous serez sans doute intrigués par l'atmosphère insolite et mystérieuse qui se dégage de ses oeuvres dans une large gamme de tons gris et bleus. 
J'ai particulièrement aimé la poésie onirique de la peinture nommée Solitude qui représente probablement la gare du Luxembourg à Bruxelles. Enfant, le peintre observe, depuis sa chambre à coucher, le tramway qui passe rue de la Régence à Bruxelles (symbole fascinant de la modernité émergente). Le train est ensuite associé aux visites régulières rendues à sa famille maternelle dans la région de Liège.