Soins aux prématurés : gants ou pas gants ?

Publié le 20 août 2014 par Santelog @santelog

Réduire l’incidence des infections liées aux soins chez les bébés prématurés, en particulier en unité de soins intensifs, semble possible par le port de gants, en plus du lavage et après le lavage des mains, suggère cette étude de l’Université de Virginia. Ses conclusions, présentées dans le Jama Pediatrics, suggère que cette mesure supplémentaire pourrait réduire significativement, dans les tout premiers jours de vie, l’incidence des infections d’apparition tardive et des entérocolites nécrosantes chez les grands prématurés. Mais le port de gants peut aussi être un frein à l’hygiène des mains…

Le Dr David A. Kaufman rappellent que des infections d’apparition tardive soit plus de 72 heures après la naissance et l’entérocolite nécrosante, un trouble gastro-intestinal très fréquent chez les bébés prématurés, peuvent entraîner des anomalies du développement neurologique voire le décès chez les prématurés. Réduire toujours plus le risque d’infection bactérienne est une priorité en Unité de soins intensifs néonatals (USIN), avec le risque élevé lié notamment à la pose de cathéters veineux. Le taux d’infection nosocomiale chez le nouveau-né qui varie en fonction du poids de naissance est d’autant plus que les enfants sont prématurés. Ainsi, l’infection sur cathéter est 3 fois plus fréquente chez des bébés de moins de 1.000 grammes vs plus de 2.500 grammes.

Enfin, en USIN, le risque de transmission manuportée est le plus élevé. Alors que même après le lavage des mains, le personnel médical peut toujours présenter des micro-organismes sur les mains, les chercheurs se sont posé la question de l’efficacité, en plus du lavage des mains, du port de gants non stériles.

Cet essai clinique randomisé mené dans une USIN sur 120 bébés prématurés suivis durant 30 mois, dont 60 enfants ayant reçu des soins avec gants non stériles après le lavage des mains, et 60 avec lavage des mains seul, montre le port de gants permet de réduire de près d’un tiers l’incidence de l’infection d’apparition tardive et de l’entérocolite nécrosante.

·   Ainsi, 32% des enfants ayant reçu des soins «  avec gants  » sont touchés par ce type d’infection, vs 45% «  sans gants  »,

·   Les enfants ayant reçu des soins «  avec gants  » présentent des niveaux inférieurs de 53% de bactéries à Gram positif et ont 64% de risque en moins d’infection sanguine.

C’est donc une nouvelle mesure de contrôle des infections chez les nourrissons prématurés qui est envisagée ici, dans le cadre dans le cadre de l’application des précautions générales de contact. Cependant, dans l’autre sens, le port de gants est documenté par d’autres études comme un frein à l’hygiène des mains, c’est pourquoi les auteurs «  d’attendre des données supplémentaires avant d’enfiler les gants  ».

N.B. Les recommandations françaises de la Société française d’Hygiène hospitalière (SFHH) de bonnes pratiques de l’antisepsie chez l’enfant donnent la préférence à la désinfection des mains par friction plus efficace et plus rapide qu’un lavage hygiénique des mains et mieux tolérée dans les services où la densité des désinfections des mains dépasse les 10 désinfections par heure.

L’OMS, dans précise que lorsqu’il n’est pas indiqué, l’usage des gants constitue un gaspillage de ressources sans pour autant contribuer à réduire le risque de transmission croisée, il peut également entraîner la non-observance lors des opportunités à l’hygiène des mains…

Sources:

JAMA Pediatrics August 11, 2014 doi:10.1001/jamapediatrics.2014.953 Gloves After Hand Washing Associated with Fewer Infections in Preterm Babies (Visuel© Nenov Brothers – Fotolia.com)

SFHHGuide des bonnes pratiques de l’antisepsie chez l’enfant

OMS Usage des Gants : Fiche d’Information