La Route du Rock 2014 : JOUR 2

Publié le 21 août 2014 par Sywebzine @Saturdays_Youth

Si nous étions arrivés légèrement en retard le premier jour, il n’en sera pas de même pour ce deuxième jour. Aujourd’hui, c’est jour de fête sur la petite scène des Remparts (Cheatahs, Protomartyr et Metz) et on veut absolument tout voir. Un peu excités, on arrive sur le site qui à notre grand plaisir a été recouvert de paille en notre absence.

En ce Vendredi un peu plus ensoleillé que la veille, c’est donc Cheatahs qui ouvre les festivités. Or, même si le soleil est présent et que la paille est là (pas de vilain jeu de mot sur le fameux plat espagnol), on entend encore gronder derrière nous sur l’organisation du festival. En effet, alors que le groupe à d’ores et déjà commencé à jouer, beaucoup de festivaliers se trouvent bloqués à l’entrée du site. Le groupe commence donc à jouer devant une foule qui se constitue au compte-goutte, doucement, trop doucement même. Ce qui est un peu dommage au final, car le groupe, attendu par de nombreux curieux, nous livre une prestation exemplaire, sans fioriture, avec un son plus noisy et garage que jamais. Fidèles à eux-même, peu leur importe le son parfois un peu brouillon de la petite scène, ils s’en foutent, ils sont là pour jouer leur musique et assurent pleinement leur statut de groupe prometteur, concluant leur live sur le magnifique titre Fall.

Après cette première bonne surprise, on se dirige doucement vers la grande scène où le concert de Anna Calvi commence. Elle nous fait hocher la tête gentillement, on est assis dans d’énormes tas de paille, une bière à la main, la vie est belle. Cependant, c’est plus la présence de ces énormes tas de paille et l’alcool commençant à faire son office que la musique de la dame vêtue de noir qui nous font voir la vie en rose. En effet, l’ensemble, même s’il est bien exécuté, reste un peu plat, un peu trop prévisible, sans réelle surprise. On écoute donc d’une oreille distraite, pas trop convaincu, mais après tout, peut-être n’était-ce juste pas là le concert que nous attendions vraiment en ce Vendredi soir ?

Le concert de la dame en noir fini, on retourne donc vers la petite scène pour reprendre cette soirée un peu plus bruyante qui avait déjà commencé avec Cheatahs. Et on peut dire que les gars de Protomartyr sont en forme ce soir. C’est noise, c’est punk, c’est sale, et le son de la basse fait vibrer le Fort. A notre grande surprise, leur musique s’avère plus dansante en live que sur leurs albums, et on se surprend à taper énergétiquement du pied en rythme avec la batterie. A première vue, la bande de Detroit ressemble à un groupe de collégiens américains qui s’en foutent de tout, même des balances hasardeuses. Ils débordent d’énergie, ils donnent tout ce qu’ils ont, ça sue, ça se bouscule et on aime ça. Évidemment, tout comme Cheatahs, ce qu’ils font n’est pas vraiment révolutionnaire, mais c’est redoutable et bien exécuté. Achevant son concert, le chanteur nous avouera à tous que c’est la plus grande foule devant laquelle il a eu l’occasion de jouer, ce qui aura pour effet de faire redoubler les applaudissements des festivaliers venus en nombre pour ce concert. La fin de ce concert marquant aussi la fin du jour, il est maintenant temps pour les géants de sortir de leur cachette.

C’est ainsi que nous retrouvons le premier mastodonte de cette soirée, Slowdive. Enfin. Tout le monde vous en parlait me direz-vous, vous en aviez marre d’entendre parler de ce foutu come-back, mais détrompez-vous, tout ce blabla était en fait amplement justifié. Dès les premières notes, c’est le son des grands qui résonne dans le site. Un son aérien, quasi post-rock par moment (le t-shirt Alcest du guitariste/chanteur y était peut-être pour quelque chose?), avec des classiques tel Alison qui se révèlent être d’une redoutable efficacité en live. On se laisse transporter sans pour autant s’ennuyer, le temps passe vite, et si on est déçu, c’est seulement parce qu’on aurait voulu en entendre encore un peu plus.

Encore un peu secoué par cette expérience, on attend sagement Portishead en mangeant un bout. Ce soir, vous l’aurez compris, c’est un peu le retour des légendes. Et grâce à ce genre de groupes, le festival affiche un vendredi sold-out (apparemment, la deuxième soirée sold-out du festival en 24 ans d’existence). Tout d’un coup, un grand « P » bleu s’affiche sur les écrans noirs. On comprend tout de suite qu’on va avoir le droit à une mise en scène exemplaire de la part du groupe. Et en effet, Portishead, c’est un show rodé à la perfection, autant au niveau sonore que visuel, le show étant illustré par des images d’archives et par leurs clips (par exemple sur le single The Rip). Le seul petit bémol, c’est que c’est peut-être un poil trop parfait. Les chansons s’enchaînent comme sur une compilation du groupe, et même si l’on a quelques frissons inévitables par moment, on a vraiment l’impression d’entendre les morceaux tels qu’ils sont sur CD. On assiste ainsi à un show qui, même s’il est impressionnant, manque de légères nuances qu’a su par exemple nous apporter un groupe comme Slowdive. Cependant, on ne peut tout de même pas reprocher son perfectionnisme au groupe et même si on aurait voulu encore mieux, on a tout de même passé, il faut l’avouer, un moment des plus agréables en compagnie du groupe.

Un peu reposé par ce dernier concert, on arrive au moment fatidique de cette soirée, au dernier concert de la petite scène :Metz. Ou plutôt « Mess » diront les amateurs de blagues apparemment nombreux sur le Fort (On retiendra aussi la fameuse blague sur « Cari-boue » qui jouait le jeudi soir). Et là, comme on s’y attendait, c’est le bordel. Est-on toujours à La Route du Rock ? C’est vrai qu’à première vue, ça pourrait tout aussi bien être un concert de punk/hardcore programmé au Hellfest. Le son de guitare du trio de Toronto est électrisant, à peine les cordes sont-elles effleurées qu’on se prend des décharges lancinantes dans les oreilles. La basse, elle, fait vibrer le Fort, et le batteur, lui, martyrise quelque peu son instrument. L’énergie est là, palpable, le guitariste et le bassiste sautent partout, le guitariste (aussi chanteur) entrecoupant ses sauts de cris déchirants en direction du micro comme sur le titre Rats. Au final, ce set un peu fou nous réchauffe réellement, et on en ressort avec un grand sourire, mais un peu crevé il faut le dire.

C’est d’ailleurs pourquoi on se trouve un peu en recul pour Liars. On repose nos corps légèrement meurtris. Et de loin, il faut dire qu’on ne comprend pas trop ce qui se passe. C’est étrange. C’est Liars me direz-vous. Sans doute, mais cela reste un show assez particulier. On ne sait pas vraiment quand ils sont sérieux et quand ils sont ironiques dans leur musique. Certains semblent réellement apprécier, d’autres clairement détester et en profitent pour bouffer ou se bourrer la gueule. Comme Godspeed You! Black Emperor ! l’année passée (il faut bien son lot), la prestation de Liars sera clairement l’objet de toutes les divisions .

Après s’être donc un peu reposé, on vient se coller aux barrières de la grande scène, quand tout d’un coup, sorti de nul part, un air de zouk nous prend par surprise. On l’avait presque oubliée, mais elle est quand même arrivée. La fameuse chenille de La Route du Rock. D’un simple événement Facebook, la voici réelle. Il faut avouer qu’elle est un peu désordonnée. D’ailleurs c’est plus une multitude de chenilles qui s’entre-croisent plutôt qu’une solide chenille qui circule dans la foule ; mais c’est sympa, les gens rient, ça donne une allure ensoleillée au festival et ça nous redonne un peu le sourire malgré le froid ambiant.

Fatigués et refroidis (Vous l’aurez compris, sans la chenille, nous ne serions sans doute donc plus de ce monde), on assiste enfin au set de Moderat. Visuellement, le show est encore plus irréprochable et complexe que les arrangements de Portishead. Niveau musique, le son est parfait, mais ça manque un peu de surprise encore une fois (Oui, vous l’aurez compris, je suis quelqu’un qui aime être surpris). Les classiques du groupe tels Bad Kingdom ou Last Time s’enchaînent, on est content, mais sans plus, et dès la fin du concert, on file se coucher, les paupières mi-closes, luttant à nouveau contre une boue qui commence vraiment à nous agacer.