Trésors des collections nationales de Dresde à la Kunsthalle de Munich

Publié le 22 août 2014 par Luc-Henri Roger @munichandco

Carracci, Le génie de la renommée,
1588/1589.

Rembrandt – Titian – Bellotto: esprit et splendeur de la Galerie de peinture de Dresde.
A partir du 22 août la Kunsthalle München présente une centaine de chefs d'oeuvres en provenance de Dresde, dont des oeuvres d'artistes de premier plan comme Le  Titen, Rembrandt, Bellotto, Carracci, van Dyck, Velázquez, Lorrain, Watteau et Canaletto.
La Gemäldegalerie Alte Meister (Galerie de Peinture des Maîtres anciens) est un musée d'art des Collections nationales de Dresde situé dans le Semperbau du palais Zwinger, à Dresde, en Allemagne. La création de la collection remonte à la première moitié du XVIIe siècle. C'est Auguste Ier qui fonda en 1560 la Kunstkammer (Cabinet d'art), qui rassemblait toutes sortes d'objets, dont des tableaux. Mais c'est surtout au XVIIe siècle, en une cinquantaine d'années, que les acquisitions d'Auguste II, dit le Fort ,(1670-1733) et celles, encore plus nombreuses, de son fils Auguste III (1696-1763) firent de la Galerie des peintures de Dresde l'une des plus célèbres d'Europe et une référence en matière de collections princières. Auguste II le Fort et Auguste III accordaient une importance extrême aux acquisitions d'œuvres. Ils espéraient par ce biais hisser leur État au niveau de prestige des principales puissances européennes. La collection du prince Electeur de Saxe contribua ainsi à faire de Dresde une étape privilégiée des voyageurs européens du Grand Tour. C'est encore le cas aujourd'hui.

Bernardo Bellotto, dit Canaletto, Dresde depuis la rive droite de l'Elbe, 1747

Ces époques furent aussi marquées par les grands travaux qui modelèrent le paysage urbain de Dresde tel que nous le connaissons aujourd'hui. L'urbanisme princier et les collections d'art des princes électeurs devaient concourir par leur prestige  à démontrer la puissance de la Cour de Dresde. Des peintres français comme Louis de Silvestre (1675-1760)  ou italiens comme Bernardo Bellotto (dit canaletto, 1721-1780) furent engagés comme peintres de la Cour.

Titien, Portrait d'une femme en blanc

L'exposition munichoise de la Kunsthalle présente en sept chapitres le développement de la Pinacothèque de Dresde tout au long du 18ème siècle . L'exposition examine la création de la collection de peintures sous Auguste le Fort, qui peut être interprétée comme l'expression de son besoin accru de démontrer son statut alors qu'il allait être couronné roi de Pologne en 1697. Des œuvres de genres variés comme la peinture historique, le paysage, les natures mortes ou le portrait composent la collection royale, qui a continué de croître tout au long du 18ème siècle. Un visiteur fréquent à la Pinacothèque de Dresde était le célèbre historien de l'art et archéologue Johann Joachim Winckelmann (1717-1768), qui a écrit un compte rendu de ses expériences, contribuant ainsi à immortaliser la réputation légendaire de la collection. L'exposition présente de nombreuses œuvres qu'il avait appréciées pendant  ses visites des collections royales.

Rembrandt , Ganymède dans les griffes de l'aigle,
1635.

Des tableaux de cour représentant les Princes électeurs dans toute leur majesté sont  présentés d'entrée, et bien sûr aussi des vues de la nouvelle Dresde, la Florence du Nord comme on l'appela alors,  avec la Frauenkirche et le nouveau pont Auguste construit sous Auguste le Fort. On pourra entre autres admirer l'Enlèvement de Ganymède de Rembrandt, une des oeuvres les plus drôles de l'artiste qui a réinterprété le mythe ovidien en présentant un Ganymède bébé, criant et pleurant, pissant d'angoisse ou de rage, au moment de l'enlèvement par l'Aigle divin. Remarquables aussi le Portrait d'une femme en blanc du Titien, avec une ravissante jeune femme tenant délicatement un éventail, ou ce Génie de la renommée de Carracci, un génie ailé nu entouré de putti qui s'élève vers le ciel en portant quatre couronnes de feuillages différents autour de son bras levé.
La visite de la somptueuse exposition de la Kunsthalle constitue une fort belle introduction à la visite des Collections nationales de Dresde. Les oeuvres citées ci-dessus valent à elles seules le déplacement. Les Musées dresdois sont renommés pour leur prestigieuse collection de peinture italienne de la Renaissance, et comportent d'innombrables oeuvres qui en rendent la visite incontournable. Ainsi de la Madone Sixtine de Raphaël, qui n'est pas présentée dans l'exposition de la Kunsthalle, si ce n'est au travers d'une oeuvre vidéastre de l'artiste Christoph Brech, que la Galerie de Dresde a récemment invité pour qu'il y réalise un travail de création vidéo en se laissant inspirer par les oeuvres qui y sont présentées.
L'exposition de la Hypo-Kunsthalle peut se visiter jusqu'au 23 novembre 2014. Pour accéder au site de l'exposition, cliquer ici.
Crédit photographiqueStaatliche Kunstsammlungen Dresden;photos: Elke Estel et Hans-Peter Klut