Critique Ciné : Sils Maria, vieillir chez les actrices

Publié le 26 août 2014 par Delromainzika @cabreakingnews

Sils Maria // De Olivier Assayas. Avec Juliette Binoche et Kristen Stewart.


Après Clean, L’heure d’été ou encore la mini-série Carlos pour Canal +, Olivier Assayas est de retour au cinéma avec Sils Maria pour parler actrice. Non pas d’un point de vue purement professionnel, Sils Maria n’est pas Somewhere ou Maps to the Stars mais plutôt d’un point de vue plus psychologique où comment va affecter la mort d’un écrivain et metteur en scène sur la vie d’une actrice connue, Maria Enders (incarnée par Juliette Binoche). C’est un film sur la mise en abîme de la vieillesse et de l’inéluctable fait que l’on ne peut pas rajeunir. Pour ce faire, il faut rajeunir au sein de sa propre manier de penser l’âge. Il y a d’ailleurs de jolies discussions sur le sujet. Maria pense qu’elle est vieille alors que l’on ne cesse de lui dire qu’au fond pour rajeunir il faut simplement accepter notre âge et ne pas vivre dans le passé. Ce n’est pas le seul message, notamment car ce jeune réalisateur qui veut à tout prix réaliser un film avec Maria Enders va parler d’intemporalité de la personne. En tout cas, Sils Maria choisi déjà un joli sujet qui est plutôt bien exploité tout au long des trois parties en lesquelles Sils Maria est découpé, comme au théâtre en deux actes (avec un épilogue).

À dix-huit ans, Maria Enders a connu le succès au théâtre en incarnant Sigrid, jeune fille ambitieuse et au charme trouble qui conduit au suicide une femme plus mûre, Helena. Vingt ans plus tard on lui propose de reprendre cette pièce, mais cette fois de l'autre côté du miroir, dans le rôle d'Helena...

Sils Maria livre donc de très belles choses et notamment du point de vue de la relation que Olivier Assayas tente de faire entretenir son film avec le théâtre. En effet, toute la seconde partie du film mêle répétitions de théâtre au récit ce qui parfois parvient à confondre le spectateur dans ce qu’il peut apercevoir. C’est brillamment réfléchi et l’on fini presque par se demande si Maria et Val ne sont finalement pas un miroir d’Helena et Sigrid. Il y a par moment l’impression que Maria est amoureuse de Val. C’est toujours très subtil mais c’est en tout cas ce que j’ai pu ressentir, notamment quand elles sont toutes les deux complètement bourrées ou stone. C’est beau ces images d’ailleurs. En parallèle on tente de suivre Val qui petit à petit ressent le besoin de respirer. On ne connaît pas vraiment la conclusion de son histoire à Val (si ce n’est qu’elle est partie et que Maria ne l’a plus jamais revue). C’est abrupt mais intelligent dans le sens où elle disparaît comme elle devait disparaître. C’est sans compter sur le jeu de Kristen Stewart (Sur la Route). Cette dernière a beau être souvent critiquée, son talent est pourtant bel et bien présent.

J’ai beaucoup aimé ces sous entendu qu’il y a au sujet de Jo-Ann, de son jeune âge et du fait qu’elle a du talent mais qu’elle n’ait adulé que des pré-ados. Cela ne vous rappelle pas quelqu’un ? Si. Certainement Kristen Stewart. Ensuite il y a Chloë Grace Moretz. Si cette dernière s’est complètement égarée dans le remake de Carrie, retrouve ici le cinéma qu’elle doit convoité. Elle a du talent et elle nous le prouve encore une fois. Il y a des scènes assez amusantes dans le sens où Sils Maria tente de faire passer Jo-Ann d’un état à un autre d’un moment à un autre du film (celui des vidéos où l’on se fait une image de Jo-Ann, ensuite celui de la rencontre avec Maria où elle devient très intelligente et droite et enfin le face à face à la fin où elle va finalement dire que c’est elle la star de la pièce et que rien ne peut être changé). Dans ce film on retrouve un peu de Aimer Boire et Chanter, un peu de La Vénus à la Fourrure mais sans tous les côtés surréalistes dans le sens où Sils Maria veut s’ancrer dans le port de la réalité (et le film ne cesse jamais de nous rappeler que nous sommes dans le vrai monde et non pas dans l’imaginaire).

Note : 8.5/10. En bref, un magnifique récit sur le monde des actrices.