Pourquoi les hommes préhistoriques ne dessinaient pas la flore

Publié le 04 septembre 2014 par Ecosapiens

Banksy

Au moins les vacances ont cette vertu de nous emmener là où nous n’allons pas d’habitude.

Prenez par exemple les grottes. On y va trop peu.

La France est un pays qui regroupe près de la moitié des grottes préhistoriques découvertes à ce jour. Alors certes, on les ferme car, comme toutes les choses auxquelles l’homme touche, on les dégrade et il faut donc les protéger. Lascaux a sa réplique, le Roc-aux-Sorciers a sa réplique et bientôt la grotte Chauvet, la perle des perles aura la sienne.

En sortant de Lascaux II, une visiteuse témoignait de la chance qu’elle eût enfant à pouvoir déambuler dans la vrai grotte de  Lascaux. Elle disait que tout le monde touchait les peintures, ramenait des cailloux souvenirs. C’était il y a 50 ans. C’était hier.

A cette époque aussi, le public découvrait un film-documentaire primé au festival de Cannes. Dans Le Monde du Silence, emmenée par le commandant Cousteau, la Calypso grattait les éponges sous-marines, massacrait à la hache des requins, dynamitait des bords de mer, crevait un poisson diodon, achevait un bébé cachalot et pique-niquait assis sur des tortues géantes…C’était en 1955. C’était hier décidément.

Banksy

Les grottes menacées, nous les avons mis sous cloche. Les animaux menacés, nous les avons mis derrière les barreaux.

Je me souviens de ce livre sur « l’extinction en masse des espèces » qui permettait de relativiser notre faculté anthropocentrique à détruire tout ce qui nous entoure. L’homme préhistorique, l’aborigène, les premiers indo-américains… ca n’a pas fait un pli ! La mégafaune endémique s’est volatilisée dès son arrivée.

Et voilà qu’aujourd’hui, nous détruisons, de par notre respiration même, les vestiges de l’Histoire. De notre Histoire.

Une des rares grottes accessible au grand public pour apprécier d’authentiques peintures préhistoriques est Cougnac, dans le Lot. Même si la réplique Lascaux est au millimètre, on ne sait l’expliquer mais l’émotion n’est pas la même quand on contemple les peintures véritables à Cougnac ! 20 000 nous font face ! Sans tricherie !

Contrairement à l’idée reçue, nos ancêtres Cro-Magnon ne vivaient pas dans les grottes. Ils y allaient uniquement pour leur rituel artistique, chamanique, religieux (?). Et déjà ils détérioraient les beautés minérales des stalagmites centi-millénaires pour se frayer un passage vers la paroi idéale.

Comment leur en vouloir ?

Banksy

Comment en vouloir à Cousteau qui pareillement dégradait pour la beauté de l’image ?

Repenti plus tard, lui-même ne disait-il pas qu’il n’avait qu’un seul espoir : « J’ai vu des choses merveilleuses mais qui disparaissent. J’aimerais tant que la génération après moi ne dise pas la même chose. »

Caramba ! Encore raté !

Ce qui surprend à propos des fresques préhistoriques, c’est l’absence totale de représentation végétale. Des bisons, des rhinocéros, des chevaux, une poignée de mammouths, aucun renne (alors que cet animal représentait 90% de leur nourriture animale)… mais pas une fleur ou un arbre !

Trop commun ? Pourtant, les arbres sacrés ont du également exister.

Les paléontologues tentent encore de percer ce mystère…

Mais les vacances sont finies et avec la rentrée, je n’aurais certainement pas l’occasion de fréquenter quelque grotte.

Alors heureusement avec la rentrée aussi, on a l’occasion d’aller dans des endroits inhabituels. Cela s’appelle les grandes messes du demain sera un monde meilleur !

Sea Shepherd – Massacre de cétacés au Danemark

Cela s’appelle Forum Convergences, Forum Economie Positive, Ateliers de la Terre, Universités de la Terre,…

Quand on découvre le concept on trouve cela excitant ! Enfin un « carrefour de réflexion » mêlant des personnalités de tout horizon, les utopistes comme les représentants de la World Company. Des directeurs d’ONG et des directeurs de multinationales.

L’aventure humaine réconciliée le temps d’un week-end, prêt à discuter pour un avenir brillant, a en plus le mérite de se dérouler généralement dans un lieu prestigieux (UNESCO, Méribel, Centre de Congrès…) et on repart avec des petits cadeaux des sponsors (Un bloc-notes BNP, un stylo Axa, une clé USB Novartis…)

Vous voyez le topo ? Honnêtement, si vous ne l’avez jamais fait, c’est une expérience intéressante. Pendant deux jours, les primo-responsables de la crise écologique, sociale, sanitaire et économique passent pour des personnes de bonne volonté.

Mais dès la 2ème fois où l’on ré-entend la parole de Mohamed Yunus après celle de Jacques Attali, puis celle de Pierre Rabhi puis celle de Jeremy Rifkin… on finit paradoxalement par ne plus croire en rien.

A titre personnel, je suis exaspéré de toujours voir une personne comme Jacques Attali invité à ces cirques conférenciers. Cet homme est tellement symptomatique de la pensée caméléonesque qu’il est l’absence de pensée même. Eh oui, le caméléon n’a pas de couleur. Et aussi frappant que cela puisse être, Jacques Attali n’a pas de pensée. Ce qui est dommage pour un un homme intelligent. Je crois que c’est Clausewitz qui disait « quiconque a du génie est tenu de s’en servir. » Et cet homme ne s’en sert pas (sauf pour lui bien entendu…)

La Decroissance

Dernier exemple en date (parmi des centaines d’autres), ce chantre de la « libération de la croissance » disait tout le bien de son poulain récemment nommé ministre de l’économie dont on sait qu’il fut intronisé à la banque Rothschild. On m’expliquera comment quelqu’un qui a œuvré pour le rapprochement de Nestlé des laits infantiles Pfizer (deux multinationales on ne peut plus nuisibles aujourd’hui) et qui demande à revenir sur les 35h (quel progrès que de demander aux quelques actifs restants de travailler plus…) puisse réellement changer de Weltanschauung juste en papotant 15 minutes avec Pierre Rabhi. Pierre Rabhi qui ne souhaite pas « libérer la croissance » mais souhaite au contraire que l’homme se « libère de la croissance » !

On m’objectera que la rédemption existe ou que le monde n’est pas manichéen. Oui mais quand tout cela se répète ?

Je suis rude ? Je suis surtout rude envers moi-même qui la première fois ait cru à ce genre de sketch.

Cette année encore, les banksters et les filousophes vont daigner partager un bout d’affiche avec quelques acteurs sincères de la transition… Et à la fin tout le monde de repartir chez soi le soir business as usual.

Dans ces grandes messes à la gloire du progrès et des green tech, on est au milieu des banquiers. Le Forum de l’ »économie positive » (concept fumeux pour un bel aveu sur ce qu’est l’économie d’aujourd’hui… c’est à dire négative) en est le meilleur symptôme. Cela sent la banque, la finance et l’assurance de partout. Ca sent le froid et l’obscurité et on se dit qu’ici aucune fleur ne poussera.

Et me revient alors cette idée fugace. Si l’homme préhistorique ne dessinait pas de végétaux dans les grottes, c’est tout simplement qu’aucune fleur ne peut naître dans les ténèbres.