PIERRE LARROUTUROU / 4 septembre 2014
Des milliards d’euros ont été avancés pour sauver les banques. Si l’on peut mettre tant d’argent sur la table pour les banques, il faut en faire autant pour sauver le climat. À quelques mois du sommet Climat de Paris, il est temps de lancer un grand plan de financement de la transition énergétique et d’affirmer avec force qu’il y a une alternative au dogme néo-libéral destructeur du climat défendu par les pseudo-socialistes.
- Pierre Larrouturou -Pour sauver les banques, la Banque Centrale Européenne a mis mille milliards sur la table en décembre 2011. En juillet 2014, la BCE annonçait qu’elle allait de nouveau mettre mille milliards à disposition des banques à taux « zéro ». Si l’on peut, à deux reprises, mettre mille milliards pour sauver les banques, il faut en faire autant pour sauver le climat.C’est en partant de cette idée qu’un certain nombre de réseaux préparent depuis deux mois une Initiative Citoyenne Européenne. Notre objectif est d’obtenir un Pacte européen « Énergie Climat Pouvoir d’achat » qui permettrait à chaque État d’emprunter chaque année pendant vingt ans 1 % de son PIB à taux nul auprès de la Banque européenne d’investissement.Pour la France, cela signifie vingt milliards chaque année pendant vingt ans pour isoler les bâtiments et développer les énergies renouvelables. Ce pacte devrait aussi financer un grand plan de recherche européen sur les énergies renouvelables, les nouveaux moyens de transport et l’efficacité énergétique.En dix ans, plus de 2 600 milliards ont été créés par les banques privées et pour les banques privées. Il est urgent de remettre la création monétaire au service des peuples et du bien commun plutôt qu’au service des banques.- Création monétaire par les États : 0 euro- Création monétaire par ou pour les banques privées : 2 628 000 000 000 eurosRelancer la création monétaire « publique » ? Cette idée est de moins en moins tabou. En Allemagne, le DIW (Deutsches Institut für Wirtschaftsforschung) affirmait en mars 2014 que pour éviter que l’Europe retombe en récession, il serait temps de faire de la création monétaire. C’est une piste qu’a également évoquée le CESE dans son dernier avis sur le financement de la transition énergétique.De plus en plus d’études montrent que la transition énergétique est une chance, qu’elle peut être source d’économies (jusqu’à 1 000 € d’économie par ménage et par an, d’après la Commission européenne) et créatrice d’emplois (200 000 emplois en France en 2020, 632 000 en 2030 d’après l’étude de P.Quirion basée sur le scénario négaWatt).Au-delà des études et des grands discours, il est fondamental que la France et l’Europe prouvent avant le sommet climat organisé à Paris fin 2015, qu’on peut agir efficacement contre le dérèglement climatique.En un an, l’ICE sur l’eau a rassemblé 1 880 000 signatures. Nous pensons qu’il est possible de lancer une démarche semblable pour imposer dans le débat public l’idée d’un financement massif de la transition énergétique qui ne repose pas en premier lieu sur les ménages.Avec un tel financement à taux 0, rendre obligatoire les travaux de mise aux normes n’est pas de « l’écologie punitive » mais peut être un contrat gagnant-gagnant pour tous les acteurs.
Source : Pierre Larrouturou pour ReporterrePhoto : Wikipedia (Bruno Corpet / CC BY-SA 3.0). Image : Nouvelle donneLire aussi : Climat : Le Bourget doit être la conférence du peuple