[Critique] HOURS

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Hours

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Eric Heisserer
Distribution : Paul Walker, Genesis Rodriguez, Judd Lormand…
Genre : Drame
Date de sortie : 10 septembre 2014

Le Pitch :
Alors que l’ouragan Katrina dévaste la Nouvelle-Orléans, Nolan, un jeune père, doit lutter pour maintenir son bébé en vie, dans un hôpital déserté. Bloqué dans une couveuse, sous respirateur, son enfant réclame des soins, mais le bâtiment a été évacué à la hâte. Commence alors pour Nolan une lutte de tous les instants, face à un matériel capricieux, aux éléments extérieurs déchaînés et aux pilleurs rodant aux alentours…

La Critique :
Quand on parle de Paul Walker, il convient bien sûr d’aborder la question Fast & Furious. Une saga importante qui ne s’impose pour autant pas comme ce que l’acteur a fait de mieux lors de son trop court passage parmi nous. Beaucoup citent La Peur au ventre comme étant son meilleur film, et il est vrai que ce dernier est tout à fait légitime pour le titre. Hours, qui sort en catimini chez nous, directement en vidéo, pourrait pourtant prétendre lui aussi à cette même distinction. Non pas que le long-métrage d’Eric Heisserer soit parfait. Non, ici, c’est plutôt la performance de Walker qui est à souligner. L’acteur se met à nu, en exploitant des pistes jusqu’alors à peine entrevues, trop sollicité qu’il fut la majeure partie du temps, par de gros machins gavés de testostérone, de poursuites en voitures et de bastons en tous genres.
Beau gosse charismatique, naturellement doué pour capturer la lumière et par la même occasion le regard, Paul Walker a souvent exprimé le désir d’aller plus loin. Au-delà des coups de pompes et des fusillades. Plus loin que le simple rôle de bellâtre destiné à folâtrer avec la bombe de service, avant d’aller buter les bad guys dans un déluge de feu et de fuel photogénique. Rares pourtant furent les réalisateurs à avoir offert au comédien l’occasion de s’exprimer différemment et donc de faire mentir celles et ceux qui ne voyaient en lui qu’un énième blondinet transparent, tout juste bon à rouler des pelles et à jouer de ses poings.
Heureusement, peu de temps avant que Walker nous quitte, le débutant Eric Heisserer a pris le risque de ne pas surfer sur la hype et de placer l’acteur dans une problématique purement dramatique, via un concept très « ça passe ou ça casse », et donc de lui donner l’opportunité d’exprimer une sensibilité jusque-là trop rarement entrevue.

Hours est un huis-clos. Un peu comme le récent Run Out, dans lequel Walker passait le plus clair de son temps dans une voiture, à la différence qu’ici, c’est dans la chambre d’un hôpital que l’acteur est bloqué. Bloqué avec son bébé qui est sous respirateur et contraint d’alimenter régulièrement le générateur de l’appareil suite à une coupure de courant générale, elle-même due à l’ouragan Katrina. Touchant à des thématiques simples et puissantes, le long-métrage de Heisserer met Walker face à une situation inextricable. Pile poil entre les mâchoires d’un étau qui peu à peu resserre son étreinte.
Jamais Hours n’en fait trop. La montée en puissance adopte une rythmique efficace. Les heures passent, dehors le chaos règne, et peu à peu, divers éléments viennent mettre en péril la survie de ce bébé raccordé à une machine, tandis que son père fait tout pour empêcher le drame de se produire.
Réflexion plus pertinente que prévue sur la paternité soudaine d’un homme en détresse, Hours est ce que l’on appelle un film viscéral. En évitant de sombrer dans un sensationnalisme qui aurait été clairement hors-sujet, le scénario (également écrit par Heisserer) traite de la souffrance d’une population face à un cataclysme climatique, via le calvaire d’un homme simple, bien loin des préoccupations guerrières des précédents personnages incarnés par Paul Walker.
Presque seul la majorité du temps, le comédien est à proprement parler déchirant. Animé d’un espoir admirable, le prénommé Nolan fait des pieds et des mains et voit son combat magnifiquement illustré par une mise en scène puissante car mesurée, intimiste, et plus qu’à son tour palpitante.
Parcouru de petits flashbacks, permettant en outre de retrouver l’actrice trop rare Genesis Rodriguez (Casa de mi Padre), Hours s’impose comme un modeste modèle du genre. Il trouve dans la simplicité une efficacité probante, et offre à un acteur sous-estimé et sous-exploité l’un des plus grands rôles de sa trop courte carrière. Celui d’un homme. Celui d’un père.
Attention, quelques larmes de sont pas à exclure…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Pathé

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