Au cinéma : «Catacombes»

Publié le 15 septembre 2014 par Masemainecinema @WilliamCinephil

Inépuisable, le genre du found-footage ? Les opinions divergent sur l’avenir de ce sous-genre du cinéma d’horreur qui ploie sous les critiques acerbes. La caméra embarquée serait une mascarade, un cache-misère gadget au potentiel limité et qui condamnerait au pompage ad-vitam eternam des mêmes mécaniques brouillonnes et sans inventivité. Aïe. Pourtant, des piliers fondateurs du genre (Cannibal Holocaust ou Blair Witch) jusqu’aux surprises récentes (les sagas REC & VHS), la technique de mise en scène est souvent matière à laisser l’imagination parler. James Wan dans son Conjuring s’autorisait même une scène faisant un usage particulièrement anxiogène du procédé.

Auréolées de mystère, les Catacombes de Paris sont ainsi le théâtre d’une nouvelle aventure dont les ambitions sont à première vue moindres. Quête intérieure sous la capitale française, chasse au trésor paranoïaque, tombes profanées… La recette est connue. Peut-elle, caméra à l’épaule, trouver un nouveau souffle ?

Le bilan s’ouvre mal. Ici, le found-footage n’a d’autre envergure que celle d’un écran de fumée. L’immersion repose moins sur la mise en scène que sur le cadre anxiogène des évènements. Le travail de décor en sous-terrain est pointu. Couloirs crasseux, atmosphères claustrophobes… Les choix artistiques de l’éclairage à la bande-son sauvent l’entreprise et offre des frissons efficaces. D’autant que Catacombes est référencé, l’inspiration The Descent suintant des murs sans qu’elle ne phagocyte la créativité.

Le manque d’attention au script est alors d’autant plus frustrant. Rarement la tension parvient-elle à prendre le pas sur des dialogues d’une vacuité abyssale. L’hésitation constante entre relief comique discret et premier degré concentré détache souvent des enjeux. Quant aux écarts bavards qui ponctuent la quête souterraine, ils transforment les intentions de suspense parfois très efficaces en une mélasse très « Da Vinci Code du pauvre ». Comme si les frayeurs se sacrifiaient pour la superficialité de la narration. En définitive, celle-ci aurai certainement gagné à assumer son classicisme pour mieux se focaliser sur l’horreur elle-même.

Catacombes n’en manque pas. Silhouettes cadavériques, murmures familiers dans les recoins sombres d’un tas d’ossements… Quand il mélange avec plus ou moins de subtilité des thèmes religieux à une approche distante de la science, de l’histoire et de la psychologie, le scénario a le mérite d’être force de proposition. Si la trame est attendue, le film déroule un univers conceptuel qui sonne presque geek et qui surprend ; il va jusqu’à établir des règles avec l’obsession d’agrémenter l’aventure de sources d’oppression supplémentaires. On saluera les quelques retournements de situations mis en place sans artifices. Mais c’est sans réelle consistance que les personnages, eux, se dessinent dans ce piège. L’héroïne comme ses acolytes n’émeuvent jamais. La faute à des échanges bilingues entre acteurs hésitants et dans un Paris fantasmé (placement de boîte à la clé). Ceux-ci sont d’abord premiers à pâtir de la pauvreté du script, mais surtout n’ont d’attrait réel que pour servir de toile de fond aux quelques rebondissements que propose le film. Un comble.

En surface énième navet horrifique à caméra nauséabonde, Catacombes a des ressources insoupçonnées : celles d’un film en constante réinvention, de sa longue intro’ à sa conclusion stimulante. L’horreur est d’ailleurs efficace, mais ne peut jamais masquer les travers d’un scénario en dent de scie et d’un script prémâché, passé à la moulinette de sa narration tout aussi peu ambitieuse. Quand les belles idées sont éclipsées par leur exécution plus que discutable (le choix douteux du found-footage en première cible), autant blâmer un solide gâchis. Efficace, mais regrettable.

Catacombes. De John Erick Dowdle. Avec Perdita Weeks, Ben Feldman, Edwin Hodge, François Civil, Ali Marhyar, Cosme Castro, …

Sortie le 20 août 2014.