#éolienneINFOGRAPHIE - Rien n'est encore officiel mais un projet d'implantation de 80 machines provoque déjà une vive controverse.Verra-t-on bientôt quelques dizaines d'éoliennes géantes au large de l'île d'Oléron (Charente-Maritime)? Il n'y a pas encore la moindre communication officielle sur le sujet mais la bataille entre les différents protagonistes potentiels a déjà démarré.Ce week-end, accompagnés par l'exploitant allemand WPD, plusieurs élus de la région Poitou-Charentes se sont rendus en mer du Nord, au large du comté de Norfolk, pour visiter le parc éolien de Sheringham Shoal. Celui-ci constitue une bonne vitrine au regard de l'opérateur allemand de l'efficacité d'un champ d'envergure, à l'image de ce qu'il aimerait réaliser sur la façade Atlantique. On parle déjà de l'implantation de 80 éoliennes. WPD, qui a ouvert une filiale en France en 2002, fait partie des cinq premiers acteurs dans l'éolien en Europe, avec quelque 2600 mégawatts (MW) installés. Aux côtés d'
EDF Énergies Nouvelles (EDF EN) et Alstom, il a été le grand vainqueur du premier appel d'offres lancé en France dans l'éolien offshore: au printemps 2012, le consortium a remporté trois sites sur quatre, à Fécamp (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), pour un total de 1500 MW - à raison de 500 MW par projet.
L'appui du conseil régional
Certes, WPD n'a pas été retenu en mai pour le deuxième appel d'offres -
les deux champs du Tréport (Seine-Maritime) et d'Yeu-Noirmoutier (Vendée) ont été octroyés à GDF Suez-Areva - mais l'entreprise basée à Brême travaille déjà dans l'optique du troisième. Non sans raison: au printemps, la ministre de l'Énergie, Ségolène Royal, a indiqué que le lancement d'un troisième round comptait parmi les dossiers prioritaires. Aucune échéance n'a été fixée mais les acteurs espèrent fermement un top départ au cours du premier semestre 2015. Les sites sélectionnés seront alors dévoilés, pour un nouveau volume en principe de 1500 MW: en attendant, le choix d'Oléron est appuyé par le conseil régional.Face aux efforts entrepris par WPD, les organisations antiéoliennes n'ont pas tardé à réagir: «Non seulement les promoteurs de ce projet travaillent dans la plus grande opacité, mais le développement de l'éolien offshore correspond à une aberration économique, dénonce Michel Broncard, vice-président de
la Fédération Environnement durable - qui regroupe plus de 1000 associations ou collectifs. À plus de 200 euros le mégawattheure (MWh), de telles options énergétiques ne sont pas viables.»Est-ce à dire que tout dialogue est impossible? «Pour les sites qui ont déjà fait l'objet d'appels d'offres, nous avons tenté d'initier une base de discussions, poursuit Michel Broncard. Mais cela s'est fait à notre complet détriment puisque nous n'avons obtenu aucune réponse acceptable.»Directeur général de WPD offshore France, Vincent Balès voit évidemment les choses très différemment. «Nous procédons à Oléron, dit-il, comme nous avons procédé sur les autres champs, à savoir un travail très en amont, avec le maximum de visées pédagogiques auprès de toutes les populations concernées: riverains, élus, pêcheurs… Il est erroné de parler d'un passage en force, comme le font certains: nous préparons simplement un dossier solide, au cas où Oléron serait retenu.» Les hostilités sont donc loin d'être terminées.