La chute d’un ange: un scénario diabolique

Par Casedepart @_NicolasAlbert

En cette nuit d’avril 1948, une pluie fine hachure le paysage de la Seine-et-Oise. Sur la commune de Gagny ( grande banlieue parisienne) une traction avant avec deux policiers à son bord roule tranquillement.

Elle a rendez-vous au Patronage de l’enfance orpheline, oeuvre reconnue d’utilité publique…

Un peu à l’écart de l’austère propriété, les inspecteurs vont découvrir dans une carrière le cadavre d’un enfant fugueur d’une douzaine d’années, Jeannot. En apparence, une chute accidentelle semble à l’origine du décès. Mais bientôt l’un des inspecteurs découvre que le corps de l’adolescent porte les marques d’une sévère correction.

Peu de temps après, à Paris, Philippe Crélard, jeune et brillant patron de presse, est assassiné chez lui. Un crime de rôdeur, pense-t-on. Mais tout dans la vie de l’entrepreneur laisse bientôt à penser que ce faits divers sordide revêt un caractère bien particulier. Dans cette France de l’après-guerre encore cafardeuse et les relents d’un passé pas si lointain, la présence aux obssèques de Crélar d’une bonne partie du gouvernement indiquent que l’affaire est d’importance.

Prise en main par le commissaire Pasquet, l’enquête devient sensible; Crélard était un personnage influent, homme de réseaux, au bout du compte pas si brillant que cela… Bref, il faut aller vite et trouver l’auteur du meurtre, tandis qu’on semble se désintéresser du crime de l’orphelinat.

Ainsi débute « La chute d’un ange » le nouveau one-shot du duo Daeninckx/Mako. Le premier, romancier, est depuis plusieurs décennies l’un des maîtres du nouveau polar français, le second est l’auteur d’une dizaine de BD remarquées. Ces deux-là ont déjà travaillé ensemble ( La Main rouge, Le train des oubliés) et signent ici chez Casterman un polar à la française alléchant, entre sombres magouilles politiques et arrière-plan historique.

 (Le romancier Didier Daeninckx)

Les lecteurs de polars retrouveront dans cet album de 80 pages le talent incontesté de Didier Daeninckx pour mettre en scène les heures noires de notre histoire ( Le der des der, Meurtres pour mémoire, 12, rue Meckert…) conjugué au trait puissant de Lionel Makowski. Le tout est de bonne facture, agréable et aux ambiances poisseuses à souhait.

  • La chute d’un ange.
  • Scénario: Didier Daeninckx
  • Dessin: Mako
  • Editeur: Casterman
  • Parution: août 2014
  • Prix: 15 euros.