Comment le Ghana en est-il arrivé à cette crise conjoncturelle ?

Publié le 17 septembre 2014 par Busuainn_ezilebay @BusuaInn_Ezile

Crise : comment le Ghana en est-il arrivé là ?

mardi 16 septembre 2014 16:30
PAR
STÉPHANE BALLONG
Pays à 'revenu intermédiaire' depuis 2010, le Ghana a vu le montant de l’aide au développement diminuer significativement. Vue de la capitale Accra. © Jason Amstrong/FlickrGrisé par son nouveau statut de producteur de pétrole, le pays a laissé filer les déficits. Gare au recadrage !
Déception, colère, inquiétude : tels sont les sentiments qui règnent actuellement à Accra. Mais c'est surtout l'incompréhension qui domine. Comment le Ghana, considéré il y a encore deux ans comme un modèle de réussite pour l'Afrique subsaharienne, s'est-il retrouvé dans une zone de fortes turbulences, faisant passer ses principaux indicateurs économiques dans le rouge ?L'inflation a atteint 15 % en juin, le déficit budgétaire s'est creusé à une vitesse vertigineuse au cours de ces vingt-quatre derniers mois, tandis que la monnaie nationale, le cedi, a vu sa valeur fondre de 40 % par rapport au dollar depuis le début de cette année, rendant la vie de plus en plus chère dans un pays fortement dépendant des importations (voir ci-contre). L'ancienne Côte-de-l'Or (de Gold Coast, l'ancien nom du pays) d'Afrique de l'Ouest a perdu beaucoup de son éclat.>>>> Voir aussi : Le Ghana lève 1 milliard de dollars à un taux plus faible que prévuLes raisons de la chute de l'économie ghanéenne qui battait des records de croissance sont bien connues : le pays a vécu au-dessus de ses moyens.Les raisons de la chute de cette économie qui battait des records, avec une croissance d'environ 14 % de son produit intérieur brut (PIB) en 2011, sont bien connues : le Ghana a vécu au-dessus de ses moyens.Au cours de ces deux dernières années, tablant sur d'importants revenus pétroliers - le pays est devenu producteur d'or noir en 2011 -, les autorités ont gonflé les dépenses budgétaires en augmentant notamment les salaires des fonctionnaires.Elles ont financé ces largesses en s'endettant sur les marchés financiers - le gouvernement a été le premier en Afrique subsaharienne à lancer un emprunt obligataire international de 750 millions de dollars (520 millions d'euros) en 2007, avant de récidiver en 2013 pour un montant de 1 milliard de dollars - et en empruntant auprès de pays tels que la Chine.DetteDe fait, "la masse salariale de la fonction publique et le service de la dette engloutissent presque l'intégralité du budget, soutient Franklin Cudjoe, fondateur et président du think tank ghanéen Imani. Finalement, les revenus du secteur des hydrocarbures ont été plus faibles que prévu" - ils représentent aujourd'hui moins de 1 % des recettes totales.Cliquez sur l'image.À cela, il faut ajouter le fait que "les revenus des exportations souffrent d'un manque à gagner conjoncturel lié à la baisse des prix de l'or et du cacao, ce qui provoque un déficit persistant du compte courant", précise Bakary Traoré, analyste économique au bureau Afrique, Europe et Moyen-Orient de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
En 2013, la Banque du Ghana a mené une politique monétaire rigoureuse afin de contenir la hausse de l'inflation et la dépréciation du cedi.Mais l'ampleur du déficit budgétaire depuis 2012 a déjà pesé lourdement sur la dette publique, qui est rapidement passée de 43 % du PIB en 2011 à 52 % l'année dernière. Or les experts estiment que, au-delà de 60 % du PIB, le poids de la dette deviendrait insoutenable."La masse salariale de la fonction publique et le service de la dette engloutissent presque l'intégralité du budget de l'État"
Franklin Cudjoe, président du think tank Imani
Pourtant, en 2006, le Ghana avait été l'un des pays subsahariens à bénéficier d'un allégement de la dette dans le cadre de l'initiative du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE). Le taux d'endettement était alors passé à 25 % du PIB.Face à cette situation, les autorités locales ont dû faire appel aux experts du FMI, qui sont attendus dans les prochains jours à Accra pour discuter des conditions dans lesquelles ils pourraient aider le pays à se redresser. "Nous avons peu de détails sur l'appui que pourrait apporter le FMI, note Franklin Cudjoe. Mais le Fonds assure que les négociations avec le gouvernement dureront moins de six mois. Son intervention pourrait se concentrer sur la balance des paiements. De son côté, la Banque mondiale fournirait un soutien budgétaire et l'Usaid [l'agence des États-Unis pour le développement international] continuerait à apporter son expertise pour améliorer la gouvernance financière."Pour lire la suite de l'article sur Jeune Afrique