Magnétique premier pilier...

Publié le 22 mai 2008 par Duncan
Le premier pilier de l'UE, le fameux pilier "communautaire", exerce pour le moins un pouvoir magnétique sur la Cour.
Nous avions noté comment, par deux arrêts, celle-ci avait décidé que, dans le cadre de ce pilier - et non du troisième - la Communauté était compétente à imposer aux Etats membres l'adoption de sanctions pénales afin de favoriser la bonne application du droit communautaire (voyez ici et ici). Le Parlement vient à cet égard d'arrêter sa position en première lecture de la directive qui "criminalise" certaines atteintes à l'environnement.
Mardi, c'est le deuxième pilier qui a fait les frais de ce "magnétique premier pilier" puisque la Cour (Arrêt C-91/05, Commission/Conseil) a annulé la décision 2004/833/PESC du Conseil, du 2 décembre 2004, mettant en œuvre l’action commune 2002/589/PESC en vue d’une contribution de l’Union européenne à la CEDEAO dans le cadre du moratoire sur les armes légères et de petit calibre. Pour quel motif? Et bien, la Cour a jugé que "la décision attaquée comporte, compte tenu de sa finalité et de son contenu, deux composantes, sans que l’une de celles-ci puisse être considérée comme accessoire par rapport à l’autre, relevant, l’une, de la politique communautaire de coopération au développement et, l’autre, de la PESC". Normalement, dans un tel cas, une telle mesure doit être fondée, à titre exceptionnel, sur les différentes bases juridiques correspondantes... sauf que "l’article 47 UE s’oppose à l’adoption par l’Union, sur la base du traité UE, d’une mesure qui pourrait être valablement adoptée sur le fondement du traité CE" et donc "l’Union ne saurait recourir à une base juridique relevant de la PESC pour adopter des dispositions qui relèvent également d’une compétence attribuée par le traité CE à la Communauté". En conséquence, "il convient de conclure que le Conseil, en adoptant la décision attaquée sur le fondement du titre V du traité UE, alors que celle-ci relève également de la politique de coopération au développement, a méconnu l’article 47 UE".
Image: wikipedia