La France fuit le photovoltaïque, d'après l'Agence Internationale de l'Energie

Publié le 22 septembre 2014 par Blanchemanche
#Transitionénergétique

Par Plein-Soleil info

, Un site de Tecsollundi 15 septembre 2014

Un récent rapport de l'AIE craint un ralentissement des énergies renouvelables dans le monde. La situation en France, pour le photovoltaïque, n'échappe pas à ce constat. 

L'Agence internationale de l'énergie vient de tirer la sonnette d'alarme en soulignant que la croissance des énergies renouvelables pourrait ralentir dès l'année prochaine, notamment en Europe (voir l'article). Dans une interview à Plein Soleil, Cédric Philibert, de la Division des Energies Renouvelables de l'AIE, s'inquiète notamment du solaire photovoltaïque et il n'est pas tendre avec la France !
Extraits
Cédric Philibert : Même si l'on admet un bel élan et une dynamique sur le développement du PV sur fond de baisse des prix, le rapport est un peu plus alarmiste que l'an dernier. C'est un fait, les incertitudes politiques sont à même de casser cette croissance. Aux Etats-Unis, l'incitation fiscale - Investment Tax Credit- soit un crédit d'impôt de 30% sur le solaire va être ramené à 10% en 2016. (?) Aujourd'hui, l'électricité solaire est deux fois plus chère aux Etats-Unis qu'en Allemagne, sans réelle raison. Il existe aussi de nombreuses incertitudes en Europe, sur fond de rétroactivité en Espagne ou en République Tchèque avec des taxes qui fleurissent après coup et minent le moral des investisseurs. Maintenant attention, il n'est pas anormal de réduire les incitations au vu de la baisse continue des prix mais aussi au vu du rythme annuel de croissance dans certains pays comme l'Allemagne qui a installé plus de 7 GW par an trois ans de suite de 2010 à 2012 contre seulement 3 GW annuels de prévus.
Plein Soleil : « Vous sentez donc l'inquiétude monter ? »
CP 
: A l'évidence. De plus, le vieux monde de l'énergie réagit fort et crie qu'on l'étrangle alors que nous sommes dans une croissance prévisible et prévue des EnR. Pour l'heure, le renouvelable favorise le retour provisoire du charbon en Europe, ce qui a le don d'irriter les gaziers, en Europe notamment, qui sont montés à Bruxelles pour faire pression sur le politique. Et puis, le solaire est également impitoyable pour le nucléaire. Les tenants de l'atome voient la percée du solaire comme la peste. Le solaire ultra décentralisé dispose d'un pourcentage de puissance instantanée très élevée qui de 10h00 à 17h00, en plein soleil, met à mal la rentabilité des centrales nucléaires auxquelles on impose des modulations contre nature. Le nucléaire tolère mieux l'éolien moins diffus, qui fonctionne à toutes les heures. Il est moins saignant pour la base du nucléaire. 
Plein Soleil : Où en est la France dans ce concert mondial du PV ?
CP : L'an dernier, la France n'a été que le onzième pays du monde en matière de puissance PV installée et va certainement davantage reculer ces prochaines années. En fait, la France ne sait toujours pas ce qu'elle veut. Quand on pense que François Hollande, le 30 septembre 2013, le jour de l'ouverture à Paris de la grande conférence européenne du photovoltaïque, EU-PVSEC (1),  a préféré aller inaugurer une installation d'énergie marine ! Il semble qu'il n'a pas la juste appréciation de qu'est une énergie d'avenir. Il semble aussi que le milieu énergétique français fuit le PV plus que tout autre chose. 
Plein Soleil : Nos élites énergétiques pointent le prix du PV qu'ils stigmatisent régulièrement?
CP : Les prix ont été divisés par cinq en six ans. Les élites dont vous parlez confondent le prix des installations existantes par rapport au prix des installations qu'on construit demain. On compare ce qui n'est pas comparable. Le solaire est tout prêt d'être compétitif. 
(1) La conférence PVSEC de 2014 se tiendra fin septembre à Amsterdan (voir ici)