Via Lusitania, étape 1, sur les rives du beau Tage (et par quelques banlieues)

Publié le 02 octobre 2014 par Sylvainbazin

Je ne m'attendais pas à une étape très agréable pour débuter ce nouveau voyage vers Santiago. Il me fallait en effet quitter Lisbonne et les sorties de villes aussi importantes sont rarement agréable pour le marcheur. Les échangeurs routiers, les artères encombrées qu'il faut vaille que vaille contourner ou traverser, je pensais bien passer une bonne partie de la journée à déambuler dans ce type de décor. Finalement, j'ai étais à la fois agréablement surpris par endroits, et conforter dans mon appréhension par d'autres. Une étape, déjà, fort contrastée.
Mes premières foulées sont bien entendu agréables: je déambule dans le beau centre ville que j'ai "reconnu" hier, revenant sur mes pas encore frais. Le château se dresse toujours en haut de la première colline de mon parcours. Je continue ensuite par des rues que j'ai déjà empruntées hier,  sans me rendre compte que j'étais sur le chemin. Les toutes premières flèches jaunes que l'on trouve aussi sur les sentiers jacquaires en Espagne me le confirment. Un peu plus loin, sur le fronton de l'église Saint Jacques,  un panneau m'indique que le chemin commence ici.  D'une église dédiée à Saint Jacques à une autre, c'est assez logique. Cependant, juste après, le balisage se fait plus discret et je dois suivre mon guide avec attention.
Je sors malheureusement assez vite de la vieille ville, dont les proportions sont assez modestes, pour m'enfoncer dans une très vaste banlieue.
Ses immeubles ne sont pas toujours beaux, et semblent être sortis de terre assez récemment . Je me demande même ce qu'il pouvait y avoir ici, lors de mon dernier passage 25 ans auparavant. Je ne suis cependant guère absorbé par la contemplation de ces architectures. Je dois suivre avec attention les nombreuses bifurcations indiquées par mon guide. Heureusement, les indications sont précises,  même si certaines me semblent un peu erronées en terme de temps de marche, notamment dans la zone la moins agréable de la matinée, heureusement plus courte qu'indiquee.

Je ne peux pas dire que mon esprit ait pris dans ce décor la fameuse évasion - je ne dis pas élévation - que je lui recherche dans ces grandes marchés tout de même teintées de spiritualité. Mais nous ne faisons que commencer et c'est aussi de tels décors qui mettent à l'épreuve que je recherche un peu, aussi, finalement. 

Il n'en faut cependant pas trop et je suis bien content de voir, après être arrivé à la station de métro Orienté (d'où l'on peut commencer le chemin pour éviter tout ce qui précède), et traversé le flambant centre commercial Vancouver de Gama, les belles rives du Tage, joliment aménagées en promenade à cet endroit. 

Le Tage possède ici une ampleur océanique tant il est large. Devant moi, l'impressionnant pont Vasco de Gama (encore lui!) Le traverse jusqu'à l'horizon.  Je profite de ce beau passage,  admire l'ampleur du paysage et esquisse quelques foulées en compagnie des joggeurs du coin, nombreux sur cette jetée. 

Je dois ensuite quitter cette rive pour suivre un affluent, à travers un petit sentier tracé sur une digue, coin de nature caché entre les autoroutes.  Les voitures et leur agitation ne sont pas loin mais le fond de vallée est calme. J'y rencontre des chevaux, dont l'un semble désespéré de ne pouvoir quitter son enclos, coincé sous un pont routier. Les autres sont en liberté.  

Je rencontré aussi des moustiques,  c'est moins bien. Le coin est marécageux.  Le soleil tape de plus en plus dur et je me dis alors que j'aurai du pendre un peu plus d'eau,  surtout que le sentier évite les villes que j'aperçois pas loin.  

Après avoir croisé tout de même un village et une petite fontaine, je poursuis assez péniblement mon chemin,  un brin déshydraté,à ttravers une banlieue à nouveau peu réjouissante. Je suis quand même bien heureux de finir par y trouver un café de bord de route où je peux enfin vraiment boire et manger un peu.  

La pause me fait du bien. Pour la grosse quinzaine de kilomètres qui reste, mon guide ne me rend guère optimiste. Il me promet zone industrielle délabrée, marécage, route nationale et bordure de chemin de fer. Bref, pas de quoi mettre un pelerin d'humeur guillerette. 

Une bonne surprise m'attend pourtant: la zone décrite comme en travaux sur l'ouvrage à fait place à une belle passerelle en bois ou l'on peut marcher à son aise dans un parc aménagé au bord du Tage.  

Cette zone abrite de nombreux oiseaux, il me semble même y voir un flament. 

Mais la suite est moins drôle. Je retrouve effectivement une nationale, que je suis quelques kilomètres sous un soleil cuisant. Jemm'arrête dans deux cafés pour me réhydrater un peu. Le prix des consommations est assez modique. Dans ce genre de passage, seule compte la "volonté de marcher", elle n'est peut être qu'un moteur créatif comme un autre, une affirmation de l'être. Ici, elle est aussi, bêtement,  la force d'aller voir plus loin si c'est mieux! 

Et llà encore ma fin de parcours me réserve une arrivée plus heureuse. Le Tage et ses rives accompagnent, dans un parc, mes derniers pas jusqu'à Villafranca, où je trouve sans problème un petit hôtel au bon accueil. Le temps de me rafraîchir un peu et il est l'heure de dîner pour récupérer de cette première journée de marche.