Changer d’air

Publié le 07 octobre 2014 par Polinacide @polinacide

Pour vivre heureux, vivons caché. Jardins secrets, pique-niques sur l’herbe, terrasses VIP et autres recoins oubliés : pas un seul jour ne passe sans qu’une nouvelle adresse n’invite les Parisiens à "fuir la capitale", comme pour combler leur besoin vital de se ressourcer. Une bouffée d’oxygène à l’abri du tumulte, ou l’exotisme d’entendre le chant des oiseaux plutôt que le vrombissement des voitures. Peinard, calé sur son banc, le temps de casser la croûte à défaut de croquer la vie à pleines dents. Une consolation aussi fade que la garniture dudit sandwich.

Paris je t’aime, mais tu m’agaces ; comme un amant dont les baisers auraient perdu leur saveur, l’effervescence des nuits blanches n’étant désormais qu’un souvenir révolu. Si l’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs, les charmes de "la plus belle ville du monde" ne retiendront pas pour autant ceux qu’elle a fini d’épuiser : jusqu’à ce qu’ils décident de la quitter pour de bon. La valise sous le bras, cherchant leur bonheur ailleurs, puisqu’il ne vient pas à ceux qui l’attendent assis. Coincé dans le métro entre deux sièges, sans trouver sa véritable place au fil des stations : du rat d’égout au rat des champs.

Lessivé de la foule, des lundis pluvieux et de l’impression de "rater le coche" en permanence, ce besoin de changer d’air n’est pas qu’une lubie de "Parigot embourgeoisé". Une "envie de nature" largement partagée, pour retrouver le peu d’authenticité que le tourbillon des grandes villes a balayé d’un revers. Si Aznavour chantait que la misère est bien moins pénible au soleil, qui ne troquerait pas un shot de stress contre un verre de rosé aux relans du sud ? Un remontant sans pareil.