Restauration de « L’Atelier du peintre » de Gustave Courbet

Publié le 08 octobre 2014 par Savatier

L’Atelier du peintre, l’une des plus célèbres (et énigmatiques) toiles de Gustave Courbet qui, au même titre que L’Origine du monde, suscite toujours une abondante littérature scientifique, nécessite aujourd’hui de sérieuses restaurations dont l’estimation s’élève à 600.000 €.

Ce tableau monumental (22 m2), réalisé pour l’Exposition universelle de 1855, refusé par le Jury et finalement exposé dans Le Pavillon du Réalisme que fit construire l'artiste en marge de celle-ci, connut une histoire complexe. La toile, plusieurs fois roulée, transportée, entreposée dans des conditions inadéquates, servit un moment de décor à un théâtre. Depuis son entrée dans les collections publiques, en 1920, elle fit l’objet de multiples soins dont certains, parce que les techniques de l’époque étaient beaucoup moins avancées que celles dont disposent actuellement les experts, contribuèrent à sa progressive altération.

Pour financer ces travaux délicats, qui visent à assurer une consolidation du support et un entretien de la couche picturale permettant une meilleure lisibilité de l’œuvre (actuellement recouverte d’une épaisse couche de vernis), le Musée d’Orsay vient de lancer une souscription, auprès des entreprises et fondations, mais aussi des particuliers. Cet appel au mécénat public, ouvert du 1er octobre au 19 décembre 2014 sur la plateforme Internet ulule.fr, permet ainsi à chacun d’apporter une contribution (à partir de 5 €) dans le cadre des réglementations qui régissent l’encouragement au mécénat. Les donateurs particuliers pourront ainsi bénéficier d’une réduction fiscale (sur l’impôt sur le revenu) à hauteur de 66% du montant versé.

S’agissant de préserver le patrimoine culturel, la générosité du public semble sans faille. Ainsi, au moment où j’écris ces lignes, près de 23.000 € ont déjà été réunis. Sur la page dédiée du site ulule.fr, les souscripteurs pourront suivre la progression des fonds recueillis ; ils découvriront en outre les contreparties supplémentaires que le musée leur offrira en fonction du niveau de leur don.

Ce projet ne manque pas d’originalité ; ainsi les opérations, qui dureront plusieurs mois, seront réalisés in situ, sans décrocher l’œuvre et les visiteurs pourront en suivre l’état d’avancement dans la mesure où les experts travailleront dans une enceinte vitrée spécialement construite à cet effet.

Le mécénat participatif se développe depuis quelques temps déjà ; c’est la première fois que le musée d’Orsay y a recours. Cette méthode innovante de financement, sans doute appelée à un bel avenir, doit toutefois se comprendre - au risque, sinon, de perdre son sens -, non comme une substitution privée à un désengagement de l’Etat, mais comme un complément aux dotations publiques destinées à couvrir des coût de travaux importants. Tel est le cas ici.

Illustration : Encart publié sur son site Internet par le musée d'Orsay concernant la restauration de L'Atelier du peintre, © Musée d'Orsay .