Vendre la lumière à Guayaquil

Par 5000k

« Lumière vend » est un des grands slogans de l’éclairagisme. Il nous rappelle que la lumière électrique, qui était au départ un luxe, trouva une de ses premières utilisation dans le commerce – les chocolateries des Champs-Elysées, par exemple, ou la lumière électrique remplaçait avantageusement la lumière au gaz, qui faisait fondre la marchandise. On s’aperçut bien vite que la lumière « boostait » aussi les ventes des produits, d’où le slogan lancé par les syndicats d’éclairage, qui voulaient inciter les commerçants hésitant à opter le plus rapidement possible pour l’éclairage électrique.

« Lumière vend » nous conduit rapidement à « Vend lumière », car comment s’éclairer sans lampes ? Dans les années 30, je m’en souviens très bien, la compagnie de distribution d’électricité parisienne (CPDE) avait commandé à l’architecte Laprade un beau magasin ou l’on rencontrait la lumière. L’OCEL, qui s’appelait.

Albert Laprade nous a quitté en 1978, et de toute façon il habitait la France. Deux excellentes raisons qui nous aident à comprendre pourquoi les gérants d’Intégral Illuminacion, n’ont pas fait appel à lui pour concevoir leur nouveau magasin de Guayaquil, la perle du Pacifique, la capitale économique de l’Equateur. Ils ont plutôt confié le projet à Jannina Cabal arquitectos, et bien ils s’en trouvèrent. L’architecture est pensée pour valoriser la lumière artificielle, pour vendre ce fluide immatériel transformé en objet de désir. Deux registres se confondent sur la façade principale : une maille de fer fabricant un volume à facette, déjà spectaculaire en journée, et qui devient magique à la nuit tombé, alors que des barrettes LED RGB font varier sa teinte. S’insère dans cette topographie une vitrine, plate et rectangulaire, comme un tableau, portrait d’un lustre en majesté (rien que ça). La partie bureau, dont on imagine qu’elle abrite la vente mais aussi un bureau de projet, est traité comme une autre vitrine, sur deux étages, un peu en retrait. Un bel ensemble au final

Je file, car on m’attend à Guayaquil !

Les images sont de Juan Alberto Andrade

via Archdaily