[anthologie permanente] Anne-Marie Albiach

Par Florence Trocmé

Très important évènement éditorial avec la sortie de l’œuvre d’Anne-Marie Albiach, disparue en novembre 2012, en un fort volume, chez Flammarion, Cinq le chœur, œuvres 1966 – 2012, postface d’Isabelle Garron. (parution le 22 octobre 2014) 
 
 

« Je mangeai dans la main d’un Dieu 
afin d’apparaître et rester sur cette terre fissurée » 

 
 
Elle 

imprègne mon visage. Sa chevelure prise, et dans les veines un sang qui s’adonne, venu d’ailleurs, second élément liquide. 

  
   Insidieuse, elle dénie un parcours, graphismes et regard dans ce récit minutieux envers lequel ils n’éprouvent plus aucune crainte.  
 
« la mémoire emprunte aux fleurs et au bois cet art précis » 
 
     De toutes parts surgissent les traits où une voix proche de l’incantation.  
  Lame, dénuement obscur, elle s’absente dans la mutité, étrangère au point infime. 
  Dans leur enfance, les poignets bleus ;  
  « le lait des générations » 
 
/. 
 
   L’immobilité s’astreint 
   Elle déjoue une altérité et le regard de l’autre se joint à cette élaboration.  
                   Au cours des années, les éléments d’un terme pervers. 
   Telle recherche nudifie un temps indéterminé et altère une récidive, les gestes dorénavant. 
   Une ombre noire laisse tomber un corps, chute répétitive dans l’opacité : 
 
   « le froid s’empreint de celui qui dort, celui qui s’émeut me rend à la vie » 
 
Trois tracés et une érudition pâle. Elle enfantait dans les lignées du hasard ; prémonition des données : les nuits anéantissent les objets d’une solitude incantatoire, s’amenuisent dans les sommeils 
   « cet émoi des premiers jours » 
 
/. 
 
Un corps illicite, la nudité dans la respiration  Ils 
désormais dans la rumeur 
 
   « la vue du sang le faisait s’évanouir » 
 
   Ils ne reviendraient plus. Dans les couleurs dorsales, ils se cherchent au lever du jour. 
   Je pansais cette plaie inouïe dans l’ultime étape. La nuit haletait et ses nourritures jusqu’à l’oubli. Une esquisse sur la poitrine, cette couleur à nouveau jetée dans la terre : la chaleur soudaine dans les marges. Répétition des absences.  
 

« cette complicité 
au point de la blessure » 
 
 

Anne-Marie Albiach, Cinq le chœur, œuvres 1966 – 2012, postface d’Isabelle Garron, Flammarion, 2014, 583 p. ; 28€, pp. 411 à 413 (parution le 22 octobre 2014) 
Texte « Incantation » extrait de « Une géométrie », in Figurations de l’image, paru initialement en 2004 
 
Anne-Marie Albiach dans Poezibao :  
bio-bibliographie, recension de Jean Daive, Anne-Marie Albiach, l’exact réel par Olivier Goujat, extrait 1, sa mort, in memoriam, "Celui des "lames", par Anne Malaprade, "Celui des lames", par René Noël 
 
 
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