Le canapé rouge

Publié le 10 octobre 2014 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Dans le transsibérien qui la conduit à Irkoutsk, tandis que défilent les paysages, Anne songe à l’amitié qui la lie à une vieille dame, Clémence Barrot, laissée à Paris. Elle lisait à cette ancienne modiste la vie de femmes libres et courageuses telle Olympe de Gouges, auteur de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne… Et partageait avec elle des souvenirs tendres et douloureux : ceux des amours passées…
Le dixième livre de Michèle Lesbre est un roman lumineux sur le désir, un texte limpide sur le bonheur de vivre.

Difficile de parler de ce petit roman au charme délicat…

On y voyage en train, dans un compartiment aux fauteuils moelleux, jusqu’à Irkoutsk et au lac Baïkal, se laissant porter avec la narratrice par les paysages qui défilent, les rencontres incertaines, la chaleur du thé à la russe, une chanson des rues, des cerfs-volants lancés par des enfants, se laissant déstabiliser aussi par la langue étrangère et les attentes improbables, la quête des souvenirs, la déception qui guette au bout du chemin. Jusqu’à la révélation intime qui la ramène à Paris.

Paris, lieu d’un autre voyage plus immobile, sur le canapé rouge de Clémence, la vieille dame dont les souvenirs s’effilochent, mais pas la fantaisie ni la mémoire de l’amour.

Entre le train et le canapé, le rouge se décline sur les variations de l’amour, du sang, de l’Union soviétique, du communisme, de la vie, de la mort. Mais comme toujours avec Michèle Lesbre, rien de lourd ni de doctrinal dans ce voyage. Tout se dit sur le mode sensuel, lumineux, baigné de mots poétiques, de la rencontre entre un homme et une femme, entre une jeune et une vieille femme, entre passé et présent.

Après cette lecture, j’ai envie d’un long voyage alangui en train, de me promener en bord de Seine, coiffée d’un joli bibi et d’en savoir plus sur Olympe de Gouges…

« Puis le train avait repris sa course. J’étais à quelques heures seulement d’Irkoutsk. Les usines abandonnées se succédaient toujours, parfois le matériel était délaissé lui aussi, un monstrueux gaspillage qui, après le spectacle de ces femmes penchées vers les voies, suscitait la colère. Les forêts devenaient l’image d’un paradis possible dont les hommes n’étaient pas dignes mais que les arbres, eux, savaient incarner. Ce paysage grandiose et dévasté, empreint d’une grande mélancolie, me parlait de tout ce que je savais déjà mais avec une force, une cruauté à laquelle je ne m’attendais pas. Il ne me quitterait plus pendant plusieurs mois après mon retour, s’installerait dans ma vie comme d’autres voyages l’avaient fait, bâtissant ainsi un monde singulier, imparfait, émotionnel, imaginaire parfois, le mien. » ( p.62)

Michèle LESBRE, Le canapé rouge, Sabine Wespieser éditeur, 2007 et Folio, 2009

   


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