la belle étoile

Par Vertuchou

Pour une fois encore

Je me suis laissé dériver

Dans le lacis des rues sombres

La barque a de nouveaux quitté le port

Et j’ai oublié rames et boussole

Mystérieuses

Femmes ou statues

Façades de pierres ou visages de plâtre

Vous me prenez mes nuits

Vous mêlez malgré moi votre sang et le mien

Rien qui me hèle rien

Dans la solitude où j’erre

Aucune porte qui s’ouvre

Et cet envol de mouchoirs ne peut me retenir

Le courant est trop fort et le gouvernail est brisé

Laissez résignez-vous

Ne tendez pas la main au naufragé

Je vais rouler comme un caillou jusqu’à la mer

Et ne vous désolez pas sur mon sort

Il a son éternité de mémoire d’innocence et d’oubli

Dans l’austérité amère de la nuit

Les étoiles s’éteignent à force de regards

C’est entre deux flots que se termine le voyage

Les phares clignent des yeux sur la côte

Je m’illumine soudain comme une algue de phosphore

Paul Louis Rossi