₪ Crète #4: Phaestos, plage hippie, dakos et Matala ₪

Publié le 12 octobre 2014 par Lalutotale @lalutotale

C’est parfois dur de tenir un blog : outre la satisfaction qu’apporte le sentiment d’ajouter sa petite patte dans un vaste monde virtuel, il est néanmoins frustrant de constater que, bien souvent, on veut écrire un article le plus complet possible mais au moment de le publier, on a cette sensation étrange de ne pas avoir su retranscrire la moitié de ce qu’on voulait dire !

C’est le cas avec ma série d’articles consacrés à la Crète : je pourrais vous écrire un article de 786452 mots, ça ne suffirait pas à illustrer fidèlement les sentiments, les sensations, les lieux et les différentes ambiances rencontrées….Alors je fais au mieux en espérant vous embarquer un peu avec nous dans cette semaine crétoise que nous avons adorée !

Au deuxième jour de notre périple grec, nous décidons autour de notre petit-déjeuner de nous rendre cette fois-ci dans le sud de l’île, en faisant une halte o-bli-ga-toire sur le site archéologique de Phaestos.

Pour 6€ chacun, nous optons pour un billet d’entrée couplant les sites de Phaestos et d’Agia Triada, séparés de trois kilomètres.

Vue depuis le site de Phaestos

Sous un soleil de plomb, nous découvrons la magnificence de cet ancien palais minoen : contrairement au site de Cnossos partiellement restauré par Arthur Evans ( et dont l’interprétation est contestée ), le site de Phaestos est resté tel que lors de sa découverte.

La photo ci-dessus n’est qu’une vue partielle de la grandeur du site. C’est en déambulant dans les ruines que l’on imagine de ce que pouvait être les quelques 8300 m² de ce palais minoen, dont la première construction remonte environ à 1900 avant J-C.

Après quelques minutes perdue au milieu de ses vestiges, j’entends parler français : je m’approche et justement une guide est en train d’expliquer en détails à un groupe de vieux que les salles que nous arpentons sont en réalité les magasins, sites d’entreposage des denrées. Je décide alors de me tenir à bonne distance du groupe et de tendre l’oreille pour entendre les explications d’une guide bien renseignée sur le sujet.

Qu’il est étonnant de constater que 2000 ans avant notre ère, les crétois avaient déjà mis en place des systèmes d’irrigation ou d’évacuation des eaux très sophistiqués. Qu’ils avaient des ateliers pour travailler les métaux, la pierre. Qu’ils stockaient la nourriture dans d’immenses jarres protégées des intempéries. Qu’ils avaient conçus des appartements royaux.

The King’s Megaron

Le site est majestueux et selon les dires des petits vieux, « plus impressionnant que celui de Cnossos » ( que nous visiterons quelques jours après ) car il est resté en l’état : l’homme moderne n’a pas cherché à reconstituer le palais, il a simplement exposé ces découvertes étonnantes.

C’est d’ailleurs à cet endroit que sera retrouvé le Disque de Phaestos en 1908 par des archéologues italiens. Il s’agit d’un disque d’argile datant du XVIIème siècle avant J-C  recouvert d’écritures hiéroglyphiques que de nombreux chercheurs ont tenté de décrypter. Musclor et moi aurons l’occasion de découvrir ce célèbre disque lors de notre visite du musée archéologique d’Héraklion, lieu où l’objet est conservé.

Pour l’heure, nous reprenons la voiture pour nous rendre sur le site d’Agia Triada . Le palais est situé en contrebas du petit parking et nous dévalons de nombreuses marches avant d’atteindre notre but.

Bien moins fréquenté que le palais de Phaestos, le site d’Agia Triada n’en reste pas moins grandiose : plus « étagé » que son grand frère , les archéologues pensent qu’il ne s’agirait pas là d’un palais à proprement parler mais d’une « ville, voire villa royale ».

En foulant ce sol et escaladant les pierres, je suis amenée à faire une découverte intéressante : une poterie cassée gît au beau milieu d’une pièce. Malgré les protestations de Musclor, j’en saisis un morceau à pleines mains pour immortaliser le moment ( c’est vraiment débile un touriste hein )

Une fois encore, Musclor et moi sommes ébahis par l’architecture minoenne ultra-développée. En surplomb du site, la chapelle Agios Georgios domine l’ensemble :

C’est sur le site d’Agia Triada que seront découverts des vases décorés stupéfiants de savoir-faire, mais aussi la « femme sur une balançoire » et des tablettes en Linéaire A, objets que nous découvrirons également lors de notre visite du musée archéologique d’Héraklion.

Après plus de trois heures de crapahutage et de découvertes dans les pierres, j’ai les pieds en compote. Je suggère alors à Musclor de nous rendre plus au Sud de l’île pour y déguster un déjeuner bien mérité en bord de mer. Nous choisissons de nous rendre dans la ville, anciennement portuaire au temps des minoéens,  de Matala située non loin de là.

Autant vous le dire immédiatement : Matala n’a plus rien de portuaire. En réalité, cette petite station balnéaire vit désormais du tourisme, et reste mondialement réputée pour avoir accueilli des hordes de hippies dans les années ’70 qui aimaient se réfugier dans les grottes artificielles ( creusées par les Hommes au néolithique.)

Vous les voyez les grottes sur la droite ?

La plage bien que petite,  n’en reste pas moins magnifique : bordée d’un côté par les grottes et cet immense bras qui s’étire dans la mer de Libye, et de l’autre par ces petits restaurants et gargottes accolés à la pierre, nous jouissons d’une vue splendide et d’un soleil toujours radieux.

Avant de plonger dans les eaux claires de la mer de Libye, nous choisissons de profiter de cette vue splendide depuis la terrasse du restaurant Petra & Votsalo où nous attendra une autre spécialité grecque que j’ai découverte et adorée sur-le-champ : les dakos , sortes de petits pains grillés surmontés de tomates fraîches, de copeaux de fêta et d’huile d’olive. Une entrée saine et facile à reproduire chez soi !

Dakos

Avec un petit verre d’ouzo, ça passe tout seul ^^

En plat : pâtes grecques

Pour environ 30€, nous sommes gavés comme des cochons. Il est temps d’aller faire trempette dans ces eaux cristallines qui m’appellent depuis notre arrivée. Nous observons avec ironie une jeune russe qui prendra des poses hmmmm, suggestives dirons-nous, devant son apprenti-photographe de petit ami conquis. Pour le fun, je reproduis les mêmes postures, la grâce en moins ( et non vous ne verrez pas les photos de ce shooting improbable ^^ )

Les vagues sont trop grandes pour Musclor, il se contentera de tremper les pieds pendant que je passe 35 minutes à enfiler mes chaussures aquatiques ( super pratiques ces bidules pour ne pas s’abîmer les pieds, mais hyper galère à enfiler quand tu as les pieds mouillés ).

Après mon plouf, Musclor et moi prenons place sur des transats. Gratuits ou payants, nous ne saurons dire puisque j’ai dit à Musclor viens on s’en fout, au pire on nous dégagera. Finalement personne ne nous a virés, et c’est sous un soleil toujours clément que nous piquons un roupillon, là, tranquille, le cul sur nos transats.

Après cette sieste digestive, nous partons à la découverte des petites rues de Matala : que de tavernas et de boutiques de souvenirs…Rien de bien palpitant pour qui cherche un peu d’authenticité. Néanmoins nous décidons de nous rafraîchir en prenant place dans des canapés douillets. Je goûterais pour la première fois un frappé, boisson fétiche des jeunes Grecs : il s’agit en fait d’un café soluble dilué dans de l’eau chaude, refroidie ensuite avec des glaçons. On peut bien sûr y ajouter du sucre ou du lait pour que le frappé soit à notre goût.

Avant de sortir du village, nous croiserons cette voiture passe-partout :

Nous reprenons ensuite la route vers de nouvelles aventures…Mais nous ne partirons pas bien loin….

Petite parenthèse linguistique qui nous a permis d’être polis en toutes circonstances avec les grecs : la journée pour dire bonjour, on lance un « Calimera » en roulant bien le « r ». Le soir venu, on préferera dire « Calispera » et enfin pour souhaiter bonne nuit, on prononce « Calinicta ».

De retour sur la place principale du village, nous grimpons cette fois vers les ruelles opposées. Au bout de quelques centaines de mètres, un gros chien nous aperçoit et fonce droit sur nous. Légèrement apeurée sachant que des bandes de chiens errants se baladent dans les villes crétoises, j’esquisse un mouvement de recul, m’agrippant au tee-shirt de Musclor. Je constate bien vite que le gros toutou est en réalité parfaitement inoffensif et vient juste chercher des papouilles ( que nous lui prodiguerons timidement parce qu’il sentait grave le fennec quand même ).

Un monsieur, sans doute le propriétaire du chien, vient à notre rencontre avec un autre canidé dans les pattes. Il se présente à nous comme étant le proprio de la taverne du village et nous invite à le suivre. Un peu assoiffés par notre balade dans les ruelles au bon dénivelé, nous acceptons sans rechigner.

Nous pénétrons dans la Taverna Katerina, légèrement intimidés du fait que nous soyons les seuls touristes présents dans le village. Le type qui nous accueille est peut-être un psychopathe ou peut-être veut-il nous détrousser, qui sait ?

Nous sommes bien vite rassurés : l’homme nous propose à boire. Nous choisissons de déguster de l’ouzo et une binouze ( mon éternelle Mythos ). Pendant que l’homme s’affaire dans sa maison à préparer nos boissons, nous faisons un rapide tour du propriétaire. La taverne présente une vaste cour, couverte sur trois-quarts de sa surface par des cascades de fleurs. Cette terrasse offre une vue imprenable sur toute la côte.

De l’autre côté, nous trouvons des lapins, des poules et leurs poussins. Dans un enclos, quelques kri-kri se grattent le postérieur sur les arbres tandis que d’autres servent de coussin confortable pour les coq. Une autre kri-kri cornue prend un plaisir fou à lécher le mur :

Rapidement, un jeune homme répondant au prénom de Valendis nous apporte nos breuvages alcoolisés. Il se présente comme étant le fils du propriétaire et nous fera gentiment la conversation en anglais. On lui demande s’il ne se fait pas trop ch*er dans ce petit village paumé, et il nous répond que non, il ne s’ennuie jamais. On digresse autour de nos vies respectives, chacun cherchant à en savoir plus sur l’autre, tout en admirant la vue exceptionnelle sur l’horizon et en sirotant nos boissons.

Ce sera d’ailleurs ma toute première dégustation d’ouzo, et le début d’une grande histoire d’amour ! Cette boisson anisée typiquement grecque se présente sous forme d’alcool parfaitement transparent que l’on boit traditionnellement avec des glaçons, sans la diluer. Si on veut y ajouter un peu d’eau, le breuvage devient alors blanc. Depuis 1989, la réglementation impose que l’ouzo doit  être produit en Grèce pour prétendre à cette dénomination. Si comme moi, vous en achetez une bouteille à l’hypermarché en France, vous pouvez être sûr que votre ouzo vient de là-bas.

Tandis que le soleil décline doucement et que Michael, le propriétaire décide d’illuminer sa terrasse, Musclor et moi sommes déjà pompettes. Un petit groupe de 3 anglais arrive à la taverne et semble déjà familier des lieux puisque Valendis se propulse littéralement vers eux pour une conversation animée.

Nous en profitons pour parler avec Michael dont la gentillesse et la simplicité nous ont profondément touchés. Il nous invite à revenir l’année prochaine pour pouvoir profiter de l’endroit plus longtemps et nous inscrira son adresse sur un morceau de papier pour que nous lui envoyons une photo de nous quand nous serons 3 :)

AVANT

APRES ( éméchée ) avec Michael

Après de chaleureux au-revoir dans toutes les langues ( Michael maîtrisant parfaitement quelques mots de français ) , nous reprenons la route d’Agia Pelagia.

Je suis au volant de notre bolide ( la Yaris) et Musclor me fera subir un test d’alcoolémie avant de prendre la route ( je sais toujours pas comment j’ai fait pour réussir à son test d’équilibre). Comme on était bourrés tous les deux, on a eu un mal de chien à choper la bonne route pour rentrer. Après trois ou quatre erreurs d’orientation, et une pause-pipi en bordure de nationale où Musclor a bien cru que je me vidais de 60% de l’eau de mon corps ( la faute à la bière ), nous parvenons à bon port.

Nous choisissons d’aller dîner au Gourmet , restaurant situé sur la plage d’Agia Pelagia, comme des dizaines d’autres. Pas vraiment local comme nom. Mais Le Petit Futé affirme que la cuisine y est plutôt savoureuse, donc on fonce. En arrivant, la grande salle ouverte sur l’extérieur et sur la plage est carrément déserte. Mauvais signe. Finalement après quelques appréhensions, on y mangera copieusement bien !

En entrée, croquettes et fromage crétois

Notre guide recommande de goûter aux spaghettis aux fruits de mer. Résolue à commander ce plat, je demande au serveur s’il est toutefois possible de me virer toute trace de poulpe dedans. Il dit que c’est pas possible. Musclor et moi soupçonnons alors que les plats sont préparés à l’avance…Soit. C’est de mauvaise augure mais soit.

Je me rabats donc sur les spaghettis aux crevettes :

Elles étaient tout bonnement dé-li-cieuses !

Encore une petite chose à savoir en Crète dont j’avais oublié de parler dans mon premier article, le pain est traditionnellement payant. Mais bien souvent, on vous offrira le raki en fin de repas, ça compense ^^

Après ce repas substantiel, nous regagnons nos pénates, la tête pleine de belles images et le ventre lourd. Avant de nous coucher, je fais un rapide comparatif de deux objets communs, un français et un crétois :

En analysant cette photo, on retient plusieurs choses :

  • Le paquet français présente de vilaines photos dégueus alors que le crétois arbore bon nombre de hiéroglyphes locaux.
  • Le paquet crétois coûte seulement 3,40€ contre 6,40€ pour la version française. Qu’il est bon d’être fumeur en France, hein ?

Notre première journée achevée, il nous tarde maintenant d’être au lendemain pour descendre plus au Sud de l’île !