Geronimo de Tony Gatlif

Par Emidreamsup @Emidreamsup

Tout commençait magnifiquement bien : Un travelling à couper le souffle sur une jeune mariée en fuite qui retrouve son amant sur sa moto. Tous deux filent à toute allure sur une plage en hurlant respectivement qu’ils s’aiment. Un sentiment de liberté est amplifié par une bande-son aux résonances turque et flamenco. Tony Gatlif est derrière la caméra, cela ne fait aucun doute.

Pour son nouveau film, le cinéaste propose rien moins qu’un mixte contemporain et édulcoré entre Roméo et Juliette et West Side Story. Contrairement au titre, Geronimo, n’est pas un film sur les Indiens. Geronimo, ce n’est ni Roméo/Tony ou Juliette/Maria, mais une éducatrice incarnée par Céline Sallette.

Impressionnante dans ce rôle, elle n’hésite pas à rentrer littéralement dans le tas (elle va jusqu’à mettre un coup de boule à un jeune). Personnage central du récit, c’est elle qui va faire le lien, l’intermédiaire entre les deux familles qui s’opposent. Femme solitaire, dévouée aux habitants du quartier dont elle a la charge, elle est le pivot de ce récit bourré d’amour et de drame. Gatlif fait ici la part belle aux femmes. Pourtant, elles ne sont pas nombreuses dans son film. Si le personnage titre le prouve déjà, il y a aussi celui de Nil (la jeune mariée du début). Nil n’a que 16 ans et refuse de se contraindre au mariage forcé que son clan lui impose. Elle veut être libre d’aimer et d’épouser celui que son cœur a choisi : Lucky.

Cette histoire pleine de vie et d’espoir s’annonce comme une danse frénétique. Art d’ailleurs omniprésent dans le film, peut-être un peu trop. A l’image de cette battle, un peu interminable, qui oppose les deux gangs dans un bar et fait pencher dangereusement le film vers un Steppin’. Le rythme frénétique du récit est ici ralenti par quelque chose qui, si le cinéaste l’avait traité autrement, aurait pu lui donner encore plus de souffle. Le tout se veut exubérant à l’image des peuples ibériques que Gatlif met en scène. Le choix d’acteurs non professionnels pour une grande partie du casting souligne l’authenticité qu’il veut exprimer dans les émotions et les actions des personnages.

Une chose est sûre : Gatlif surprend encore et toujours. Que ce soit par le traitement de son récit en montrant des jeunes plus intransigeants et soucieux du respect des traditions que les anciens, ou que ce soit par des tableaux d’une grande beauté comme le moment où Nil se perd dans les hautes herbes. Geronimo nous transporte dans un univers unique mêlant deux cultures à la perfection (espagnole et turque). On regrette seulement l’utilisation un brin excessive des scènes de danses.

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