Joe Limonade

Par Tepepa
Jo Limonade
1964
Oldrich Lipsky

Arte nous a donné récemment l'occasion de voir cette curiosité Tchèque de 1964, non dénuée de qualités formelles et d'inventivité. Ce western en noir et blanc, truffé de scènes musicales et d'éléments parodiques, propose un scénario ironique confrontant les pires soudards de l'Ouest, adeptes du Whisky et de la bagarre, aux ligues de vertu, pronant la sobriété par dessus tout. L'originalité vient du fait que le côté des vertueux se trouve comme champion un chevalier blanc qui est également un commercial pour la célèbre boisson gazeuse KolaLoka. L'ironie cinglante du film vient qu'à chaque morceau de bravoure, il fait un placement produit, s'assurant de bien mettre en évidence sa bouteille de soda face caméra. En outre, les ivrognes devenus sobres, deviennent meilleurs en tir, ne se ratent plus, et économisent à la société des frais médicaux. 

L'aspect parodique, mêlant bagarres dantesques sous l'oeil atone des barmans, capacités athlétiques et justesse de tir ahurissantes du héros, propriétés décapantes voire explosives des tord-boyaux servis dans les saloons, force brute de l'homme de main du saloon qui bouffe son verre après avoir bu son - corrosif - whisky, bastons en accéléré, tricheur du saloon et ses multiples gadgets et cartes qui tombent de ses poches quand le héros le secoue par les pieds, tout cela fera immanquablement penser à Lucky Luke, même au plus endormi des aficionados. 
Le héros, mélange de Tom Mix et Tex Ritter ou autre Gene Autry, est bien sûr un hommage direct aux héros des séries B des années 30, avec son costume blanc impeccable qui reste blanc même quand il descend d'une cheminée. Comme Benoit Brisefer, il a bien sûr un point faible: l'alcool, même à faible dose, le fait tomber raide évanoui. On passe un bon moment, d'autant que l'esthétique du film, très travaillée, offre un florilège de plans étudiés, de perspectives exagérées et de mouvements non naturels, accentuant l'aspect burlesque, presque dessin animé de l'oeuvre. Pour autant, toutes ces qualités n'en font pas un grand film, tout au plus une curiosité, un brin longuette tout de même surtout du fait des incessantes chansonnettes, mais qu'on remercie bien bas Arte de nous avoir présentée dans une aussi belle copie.

Capture: Edocle sur Western Maniacs.

En bonus, la critique du film dans le Paris-Match du 12 juin 1965 (cliquez pour lire):