Seuls qui ont connu Venise sauront apprécier….

Par Citoyenhmida

Voilà un petit recueil de nouvelles, écrites par une auteure inconnue du grand public et publié par une maison d’édition presque confidentielle spécialisée dans les auteurs méritant d’être encouragés.

L’auteure - Dominique PARAVEL – française installée à Venise depuis bientôt trois décennies a voué sa carrière à la Cité des Doges où elle enseigne tout en participant à faire connaitre la ville, son histoire et sa civilisation.

Le recueil “NOUVELLES VÉNITIENNES“  paru en avril 2011 chez l’éditeur Serge SAFRAN nous entraîne dans l’histoire complexe et compliquée de cette cité qui a tour à tour été surnommée, chaque fois à bon escient,  « Sérénissime », « Reine de l’Adriatique », « Cité des Eaux »,  « Cité des Masques »,  « Cité des Ponts » ou simplement « Cité flottante ».

Les sept nouvelles composant ce recueil peuvent paraitre pour le lecteur lambda sans intérêt spécial : en effet, l’un des éléments fondamentaux de la nouvelle, à savoir la chute, est escamoté  dans la plupart de ces textes. Souvent, l’intrigue est pratiquement inconsistante!

En fait, c’est comme si l’auteure n’accordait à ces composantes une importance primordiale.

Dominique PARAVEL a surtout focalisé sur l’ambiance très particulière qui a régné sur Venise, durant toute son histoire et qui continue à y régner!

C’est pour cette raison que j’ai donné à mon billet ce titre sibyllin :  “Seuls qui ont connu Venise sauront apprécier….”. Je suis sûr qu’un lecteur napolitain ou génois, romain ou florentin, milanais ou sicilien, trouvera que l’auteure de ces nouvelles donne trop d’importance aux mystères qui entoure cette ville! Que dire alors d’un lecteur non italien!

Mais quand vous avez visité Venise, quand vous avez respiré  l’air très spécial de cette ville, quand votre regard se sera arrêté sur les murs de ces palais délabrés, quand vos pieds auront pataugé dans l’eau glauque de la superbe place San Marco après le retrait de la marée, quand vos narines auront frémi à l’odeur des algues, de la mer, du mazout, des poissons, quand votre mémoire aura remonté entre deux ponts des siècles d’histoire, quand vous aurez marché des heures le long des murs en ruine sans avoir à éviter une automobile, quand vous serez passé en gondole sous le Pont des Soupirs, quand vous aurez vu les pompiers, les policiers, les ambulanciers les taxis circuler en “vaporeto”, quand vous serez sorti de la gare de Venezia-Santa Lucia et que vous vous serez trouvé en face du Grand Canal,  peut-être alors vous pouvez comprendre le sens profond des nouvelles que Dominique PARAVEL a concocté pour ses lecteurs!

Les sept récits balaient l’histoire de Venise : du XIIème siècle quand la Cité, au sommet de sa gloire et de sa puissance, abritait  les aventures de ce téméraire et imprévoyant joueur de dés   jusq’au XXème  où elle n’est plus qu’une destination touristique pour gogos en croisières lowcost dans laquelle un photographe d’agence cherche à réaliser des prises de vues originales.

Il faut lire  ces récits en se rappelant tout ce  que Venise a inspiré aux poètes, aux romanciers, aux cinéastes, aux artistes de tous genres, chanteurs, peintres, artisans, orfèvres, verriers, sculpteurs!

Vous comprendrez alors la finesse de la nouvelle intitulée “Le goût du chocolat” qui évoque les tourments d’une jeune et très laide  cantatrice mezzo-soprano, orpheline dont la vie est dédiée à Dieu et au chant mais qui ne veut pas “mourir sans qu’un homme lui ait caressé les seins”.

Vous pouvez aussi apprécier ….Non, je ne vous en dirais pas plus ….Il n’y a que sept textes!

A vous de les découvrir et de les déguster comme une glace préparée par le maitre-glacier de la Gelateria Alaska ou de les siroter comme un café à la terrasse du Florian.

P.S. : Je parle de Venise avec une énorme nostalgie : j’y étais en 1979 et j’en garde le souvenir “d’une très belle dame infirme“, comme je l’ai écrit dans une lettre adressée alors à CitoyennHmidette.