Entre amis

Publié le 24 octobre 2014 par Lecteur34000

« Entre amis »

OZ Amos

(Gallimard)

Ni un roman ni un vrai recueil de nouvelles. Le reflet de ce qu’aurait pu devenir Israël. De courts moments de la vie d’un kibboutz, au temps où Ben Gourion dirigeait d’une main de fer un pays en gestation, mais déjà en guerre contre les palestiniens. Une utopie, un rêve qui s’érodent lentement, inexorablement, mais que les plus anciens, les plus politisés s’essaient à préserver. A travers ses huit récits, Amos Oz, sur une tonalité douce amère, laisse percevoir le mouvement qui conduit à la lente, à l’inexorable décrépitude morale de son pays.

« Au début de la fondation du kibboutz, nous formions une grande famille. Bien sûr, tout n’était pas rose, mais nous étions soudés. Le soir, on entonnait des mélodies entraînantes et des chansons nostalgiques jusque tard dans la nuit. On dormait dans des tentes et l’on entendait ceux qui parlaient pendant leur sommeil. Aujourd’hui, c’est chacun chez soi et on passe son temps à se bouffer le nez. »

Nostalgie ? Pas vraiment. Plutôt le regret des occasions manquées. Dans le dernier texte (« L’espéranto »), Amos Oz brosse un portait bouleversant du vieux Martin Vandenberg, cordonnier du kibboutz, mais aussi homme de grande culture, rescapé de la Shoah, dont la mort imminente marquera sans aucun doute le terme de l’utopie initiale. « Il avait la ferme conviction que le monde ne tarderait pas à se réveiller et supprimerait purement et simplement l’argent, la source de tous les maux, la cause perpétuelle des guerres, des conflits et exploitations en tous genres. »