Le Poitou-Charentes vient de monter au troisième rang des régions qui trient le mieux leurs déchets. Encore un peu d’effort et il peut viser l’or.
Altriane à Salles-sur-Mer. Un outil très performant au service des trieurs de l’Aunis. © Photo archives xavier léoty Publié le 27/10/2014 par thomas brosset
http://www.sudouest.fr/2014/10/27/le-geste-auguste-du-trieur-1716926-1391.php
Pascal Henaux est un homme heureux. S'occuper des poubelles ne lui donne aucun état d'âme. Responsable du Centre-Ouest d'Écoemballages, entreprise qui organise le dispositif national de tri et de recyclage des déchets ménagers, il a le sentiment d'œuvrer pour l'intérêt général. « J'aime ce boulot. Si un jour on parvient à ce que le tri sélectif soit efficient à 100 %, je perdrai mon job. Mais je serai heureux d'avoir réussi. »
En attendant, il fait les comptes : « Le Poitou-Charentes est un bon élève. Il vient de passer au troisième rang des régions qui trient le mieux. Devant la Franche-Comté, et tout près derrière la Bretagne et les Pays de la Loire. »
La Charente-Maritime en tête
Avec 61 kilos par an et par habitant (+ 4 % en un an), notre région se trouve nettement au-dessus de la moyenne nationale (46,3 kg). Et dans la région, c'est le département de la Charente-Maritime qui pointe au premier rang, avec 71,7 kilos par an et par habitant alors que la Charente obtient un score beaucoup plus modeste avec 55,4 kilos.
« On ne devient pas trieur du jour au lendemain. Il y a une longue tradition de respect de l'environnement en Charente-Maritime, et notamment à La Rochelle. Ça remonte à l'époque de Michel Crépeau. Quand il y a une volonté politique, les mentalités changent plus vite qu'ailleurs. C'est le cas dans l'agglomération de La Rochelle », poursuit Pascal Henaux, nullement surpris que ce soit là, ainsi que dans le pays surgérien, qu'ait été lancée, en 2012, l'opération expérimentale sur le tri des emballages plastique rigides comme les pots de yaourt. « Ici, les gens sont plus réceptifs qu'ailleurs à ce genre de démarche. Nous savons désormais que nous pouvons généraliser à toute la France ce que nous avons testé en Aunis. » Et de citer Altriane, le nouveau centre de tri des déchets d'Aunis, volontairement surdimensionné pour répondre à la demande future.
Particularité de la Charente-Maritime : la fréquentation estivale modifie quelque peu les habitudes du reste de l'année. « Nous avons initié de nombreuses actions de sensibilisation auprès des campings, comme le parcours du trieur campeur dans l'île d'Oléron. Il faut savoir que les gérants de camping n'ont aucune obligation légale de pratiquer la collecte sélective. Mais beaucoup s'y mettent car ils savent que cela peut être un argument pour un vacancier. »
Pascal Henaux pointe tout de même une marge de progrès en Poitou-Charentes : la collecte du verre. « On n'est plus là dans la configuration poubelle bleue, poubelle jaune. Pour le verre, il faut une démarche encore plus volontaire : aller jusqu'au conteneur. Et souvent, il est loin de chez soi. Les statistiques prouvent qu'au-delà de dix minutes de son domicile, le trieur décroche et préfère mettre son verre dans la poubelle classique. Il nous faut donc densifier les points de collecte ou les placer à proximité d'un service ou d'un commerce très fréquenté. » Rappelons aussi que le verre est recyclable à l'infini.
En plus de l'argument environnemental, le tri sélectif présente des avantages financiers pour les collectivités, donc pour les citoyens. Écoemballages verse chaque année une somme proportionnelle au produit du tri sélectif fourni par les collectivités. À la collectivité de trouver le bon équilibre entre l'investissement engagé pour le tri et ce qu'il lui rapporte.
Là où le Picto-Charentais trie 61 kilos d'emballages ménagers par an, l'habitant de la Guadeloupe ou de la Martinique n'en trie que 8 kilos. « Cela ne veut pas dire que c'est un mauvais trieur. Mais sans doute ne lui a-t-on pas donné les moyens matériels d'être un bon trieur. » Les Dom-Tom, terre de misson pour Écoemballages.
8 centres de tri sélectif et une verrerie (Châteaubernard) pour 1,7 million d'habitants
en Poitou-Charentes.
20,8 millions d'euros versés aux collectivités de Poitou-Charentes par Écoemballages grâce au tri, soit 11,80 € par an et par habitant.