Souvenir amer de mon enfance.

Publié le 02 novembre 2014 par Feujmaroc

Voilà un témoignage de Mr Raphi BITTON, qui vit aujourd’hui en Israel et qui a tenu à le partager. Ce souvenir d’une époque douloureuse est important à faire paraître, car l’avant indépendance du Maroc, ne fut pas toujours une époque sans remous, ni troubles pour les Juifs du Maroc, comme pour tous les Marocains. 

C'était dans l'année 1954 ou 55. Le Maroc était sous le protectorat français et certains partis marocains faisaient tout pour avoir leur indépendance y compris des attentats contre tout ce qui pouvait symboliser le gouvernement français.

A l'époque, le tabac était contrôlé par le gouvernement français et les cigarettes ne se vendaient que dans les régies de tabac. Une régie pareille se trouvait au milieu du mellah de Rabat en face de l'impasse Assouline, ou j'habitais et dirigée par Mr Benayoun Z.L.

A cause de la situation, la régie était protégée par 2 agents de sécurité qui surveillaient toute la journée à la porte du magasin et accompagnaient le vendeur chez lui.

Le samedi soir en question, Mr Benayoun, à l’ avance, avait libéré ses gardiens puisqu'il n'ouvre que pour 2 heures (à cause du Shabbat).

Après la sortie des 3 étoiles, symbolisant la sortie du Shabbat, mon père m'envoya lui acheter 10 cigarettes Casa-sport qui se vendaient par unité, j'avais 11 ou 12 ans à ce moment là.

Arrivé au magasin, j'étais le seul client, je monte un petit escalier pour arriver au comptoir pendant que Mr Benayoun me préparait les cigarettes et tout d'un coup, j’entends un très fort sifflement qui traverse mon oreille droite et qui finit par atteindre et pénétrer la tête de Mr Benayoun, qui avait  juste réussi à ouvrir son tiroir et mettre la main sur un revolver, mais pas plus. Il était mort.

L'assassin se sauva par une rue proche et là, il a été tué par un deuxième arabe, qui prit la fuite par les remparts du mellah qui donnent sur le Bouregreg vers Salé.

En quelques minutes le mellah s'est entièrement vidé. Les gens criaient de partout et les cris fusaient de toutes parts et cela était la confusion complète.  Je gardais cette image, en tous temps, dans ma mémoire,  je n'arrêtais pas de trembler et pendant plusieurs jours je n'arrivais pas à dormir.

J'ai failli à la mort et ce fut pour moi un événement très douloureux.

Mr Raphi BITTON