Billet de Maestitia, par Myriam Ould-Hamouda…

Publié le 03 novembre 2014 par Chatquilouche @chatquilouche

Tiré de Dreamstime

Voilà des heures que l’homme est là. Dissimulé derrière sa fenêtre, le regard perdu contre un horizon inaccessible. Il plisse les yeux. Dehors, la foule se meut en tous sens, allant de gauche, de droite, en une chorégraphie chaotique. Combien de temps encore le monde va-t-il continuer ainsi ? À jouer, infatigable, cet immuable ballet aux arrangements grotesques. Le monde, aujourd’hui, s’apparente à une fourmilière où chacun enjambe la vie pour accomplir sa tâche quotidienne, absorbé par le temps.

Il y a tellement de combinaisons, tellement de possibilités. Comment, alors, trouver en cette fourmilière agitée ceux qui le feront vibrer ? Ceux auprès desquels il pourra enfin se dévoiler ? Et, comment, encore, dénicher celle qui daignera se faire complice de cette course effrénée ? Autant chercher une aiguille dans une botte de foin, se dit l’homme. Une botte de foin emplie de bêtise. De cette bêtise humaine qui coule dans nos rues. Dont l’autre transpire. Pas l’homme, non. L’autre : le con.

Si seulement le monde pouvait l’aider un peu à faire la part des choses. À faire ce tri d’une vie en rangeant d’un côté l’homme bon, et de l’autre le con. Soudain, d’épais nuages surgissent, obscurcissant l’horizon. Le vent se lève, le tonnerre gronde. Un décor apocalyptique dont l’homme se délecte. Et la foule, dehors, s’affole. Le ciel se fend en deux et aspire en son sein une partie de la foule qui, là, ne se meut plus. L’homme, derrière sa fenêtre, sourit enfin. Le ciel l’a entendu, le con s’en est allé.

Dehors, déjà, le calme reparaît et la foule respire, bien qu’amputée de son autre côté. L’homme quitte la fenêtre, enfile une fine veste, et sort rejoindre le monde, le cœur plus léger. La porte de son appartement se referme sur une simple question qui n’en sortira pas. Une question confuse. Une question mort-née. Est-ce vraiment le con que l’homme aura vu s’envoler ? Ou le ciel, peut-être, aura-t-il sauvé l’homme bon de ce chaos, enfanté par le con ? Mais l’homme, déjà, disparaît à l’horizon.

Notice biographique

Myriam Ould-Hamouda (alias Maestitia) voit le jour à Belfort (Franche-Comté) en 1987. Elle travaille au sein d’une association pour personnes retraitées où elle anime, entre autres, des ateliers d’écriture.  C’est en focalisant son énergie sur le théâtre et le dessin qu’elle a acquis et développé son sens du mouvement, teinté de sonorités, et sa douceur en bataille — autant de fils conducteurs vers sa passion primordiale : l’écriture. Elle écrit comme elle vit, et vit comme elle parle.  Récemment, elle a créé un blogue Un peu d’on mais sans œufs, où elle dévoile sa vision du monde à travers ses mots – oscillant entre prose et poésie – et quelques croquis,  au ton humoristique, dans lesquels elle met en scène des tranches de vie : http://blogmaestitia.xawaxx.org/

(Une invitation à visiter le jumeau du Chat Qui Louche :https://maykan2.wordpress.com/)