Densifier ? Oui, mais loin de chez moi

Publié le 04 novembre 2014 par Blanchemanche
#logement #LaRochelle

L’avenir est à l’intensification des centres urbains de l’agglo pour limiter l’extension des villes et les déplacements. Mais les citadins le comprennent-ils ?.



Boulevard Joffre à La Rochelle, la densification est en marche. © Photo photo xavier léoty Publié le 04/11/2014  Thomas Brosset
t.brosset@sudouest.fr 
Cruel manque de logements, flambée du foncier, multiplication des déplacements domicile-travail (donc des embouteillages), aggravation de l'effet de serre et du dérèglement climatique, mitage du paysage avec des lotissements qui poussent partout loin des villes : l'urbanisme des années 80 a vécu. En pays rochelais comme ailleurs.
La nouvelle politique d'occupation de l'espace s'appelle densification, ou intensification si le mot densité fait peur. Occuper les espaces vides, boucher les dents creuses, plutôt que de continuer à bâtir des villes à la campagne. Rapprocher l'habitant de son lieu de travail ou de ses loisirs pour lui éviter de prendre sa voiture pour un oui ou pour un non. Sauf que la stratégie est loin d'être comprise par le citadin originel. Celui qui s'est habitué à son voisinage, sa vue imprenable de la fenêtre du premier, son horizon dégagé... supporte assez mal une promiscuité forcée.
Pourtant, tel que le Schéma de cohérence territoriale (Scot) l'a souhaité, la densification est en marche. Et un peu partout, au rythme où les projets immobiliers fleurissent, les vagues de protestations, pétitions, créations d'associations de riverains se multiplient. La densification, oui. Mais loin de chez moi.
L'éternel divorce entre l'intérêt général et les intérêts particuliers. « On ne construit pas la ville sur la ville », écrit André, blogueur rochelais qui s'inquiète des nombreux projets immobiliers sur le quartier de la Genette.
Inscrit dans le Grenelle 
Et pourtant si ! Le principe de densification urbaine est même inscrit dans le Grenelle de l'Environnement. Jean-François Fountaine a succédé à Maxime Bono à la tête de la Communauté d'agglomération (lire ci-contre), Jean-François Vatré à Suzanne Tallard pour le suivi du Scot mais la ligne tracée reste la même : continuer à pallier le manque cruel de logements, sans repousser les frontières des communes, préserver les « coulées vertes ».
Il existe donc des règles pour cette densification : elle doit gagner en intensité plus on se rapproche du centre du cercle (deuxième puis première couronne puis centre de La Rochelle) tout en intégrant la notion de mixité sociale et les nouvelles normes environnementales. L'idée, c'est d'éviter les écueils de l'urbanisme dévoreur d'espaces des années 80, sans tomber dans celui de la construction à outrance des grands ensembles inhumanisés des années 60.
Le Bimby de Périgny 
La Rochelle s'intéresse donc tout particulièrement à ses boulevards où l'on peut intégrer du R + 3 ou R + 4 (1) sans que cela jure dans le paysage. Ainsi Joffre, Cognehors, Normandin voient fleurir des programmes de résidences à 10 ou 15 logements là où vivaient jadis une ou deux familles.
À Périgny, commune de la première couronne qui dispose pourtant encore de foncier, la mairie a décidé de se lancer dans l'expérience Bimby (2) , qui consiste à proposer aux propriétaires qui disposent d'un grand jardin d'y faire construire. Une initiative qui s'adresse essentiellement aux personnes d'un certain âge dont les enfants sont partis, qui n'ont plus besoin d'un si gand jardin mais d'un revenu supplémentaire.
Lancée en début d'année par une série de réunions d'informations, la sauce commence doucement à prendre, la mairie servant d'intermédiaire dans les transactions immobilières pour garder la maîtrise de son « Bimby ».
Cette notion d'habitat évolutif en fonction des parcours de vie pourrait être une des pistes à creuser dans les communes où les lotissements ont poussé comme des champignons il y a trente ans.
(1) Rez-de-chaussée + 1 ou 2 ou 3 étages (2) « Build In My Back Yard », soit, en français, « construit dans mon arrière-cour ».