La sélection de la semaine : Sukkway Island, La balade de Yaya, De cape et de crocs, Sunlight, Coffee time, Carthago, Merci, Autel California, L’enfant inattendue, Trillium, Les conquérants de Troy, Bienvenue, Lili Pirouli, Duputtuto max 7 et Cherry po...

Par Casedepart @_NicolasAlbert

Pour ce deuxième samedi du mois de novembre, Case Départ vous propose sa belle sélection de la semaine. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : Sukkwan island : un drame intense issu de l’adaptation du roman éponyme de David Vann, le huitième et avant-dernier volume du formidable manga familial La balade de Yaya, le nouveau cycle de la série De cape et de crocs relatant le passé du lapin Eusèbe, Sunlight : un récit angoissant de Christopher Bec mettant en scène des spéléos coincés dans une mine, le nouvel excellent recueil d’histoires de Tetsuya Toyada : Coffee Time, le dernier volume de l’intégrale de Thermae Romae, le quatrième opus de la sublime série Carthago, Merci : une jeune fille qui rend de grands services à sa commune après des déboires judiciaires, une plongée dans l’univers des groupies de stars du rock : Autel California, L’enfant inattendue : la biographie dessinée de l’artiste anglaise Marguerite Van Cook, le tourbillonnant Trillium de Jeff Lemire, le quatrième tome de la série d’héroïc fantasy Les conquérants de Troy, l’ultime volet de la série de Marguerite Abouet : Bienvenue, le retour des aventures de Lili Pirouli petite fille espiègle, la nouvelle monture de Dupututto Max 7 des éditions Misma et le manga pour un public averti Cherry Poppers. Bonnes lectures.

 Sukkway Island

Un homme décide d’emmener son fils de treize ans pour un an sur une île déserte et peu accessible au Sud de l’Alaska, afin de renouer des liens avec lui. La vie y est relativement rude et progressivement la situation se dégrade jusqu’à la fin tragique de l’enfant. Ugo Bienvenu a décidé d’adapter le drame contemporain de David Vann, Prix Médicis étranger en 2010, dans le bouleversant mais néanmoins passionnant Sukkwan Island, publié par les éditions Denoël Graphic.

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  • Sukkwan Island
  • Auteur : Ugo Bienvenu, d’après le roman de David Vann
  • Editeur: Denoël Graphic
  • Prix: 22.90€
  • Sortie: 23 octobre 2014

La balade de Yaya

Les éditions Fei dévoilent le huitième volume de la superbe série La balade de Yaya. Signé Jean-Marie Omont et Golo Zhao, ce manga relate les aventures d’une petite fille à la recherche de ses parents dans la Chine des années 30.

Paquebot Saint-Patrick. Yaya poursuit la traversée de l’océan en direction de Shangaï. La petite fille qui reprend ses esprits, se réveille en face de Zhu, son pire ennemi. Mal habillés et malodorants, ils doivent néanmoins se débrouiller pour trouver à manger. L’homme propose alors de se rendre dans la salle de réception sur le pont supérieur. Dans ce lieu réservé pour les premières classes, la fillette est rapidement démasquée. Alors qu’elle est prise à partie par une maman et son enfant, elle s’installe au piano au centre de la pièce et commence à jouer. Rapidement les convives sont sous le charme. Elle est alors arrêtée dans son élan par son ravisseur Zhu.

De leur côté, Tuduo et Sauce d’Huître, ses amis, tentent de la rejoindre sur un bateau de fortune. A peine sortie du port, le mini-voilier est percuté par un navire. Ils demandent à Pipo, petite poule de voler et de retrouver Yaya. Arrivée sur le paquebot, le volatile dérobe la clef de la cabine où est enfermée la petite fille…

Voilà une petite série qui mérite d’être découverte. Ce manga familial est parfait pour le jeune public. Tous les ingrédients sont réunis pour en faire un succès populaire. L’histoire de Jean-Marie Omont, qui a pris la suite de Patrick Marty au scénario, est une véritable saga d’aventure : personnages attachants, suspens, vrai méchant, rebondissements en cascade, quête impossible ; le tout teinté d’un très bel humour. Les scènes d’action s’enchaînent tel un très bon film ou un bon anime (film d’animation japonais) à une vitesse entêtante. Le lecteur est happé par cette histoire accrocheuse. De plus, le huis-clos sur le navire confère une atmosphère de suspens au récit. Nous connaissions la valeur du graphisme de Golo Zhao (Passeur d’âmes ou Entre ciel et terre chez Cambourakis) et nous ne sommes pas déçus. Le talentueux dessinateur excelle dans cet univers d’aventure et propose de très belles planches dans la veine de Miyazaki ou Takahata. Il dépeint des personnages avec beaucoup de maîtrise technique.

La balade de Yaya : une petite pépite pour le jeune lectorat. A lire !

  • La balade de Yaya, tome 8/9 : Le retour
  • Scénariste : Jean-Marie Omont, d’après les personnages de Patrick Marty
  • Dessinateur : Golo Zhao
  • Editeur: Fei
  • Prix: 8.90€
  • Sortie: 24 octobre 2014

De cape et de crocs

De la Lune à la Terre marquait la fin de la saga historique De cape et de crocs ou plutôt la fin des aventures chevaleresques de messieurs De Villabos et Maupertuis. Mais Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou avaient une autre carte dans leur manche en proposant un nouveau cycle narrant l’arrivée à Paris d’Eusèbe. Prévu en diptyque et intitulé Vingt mois avant, l’album réserve des révélations sur le célèbre petit lapin.

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  • De capes et de crocs, tome 11 : Vingt mois avant
  • Scénariste: Alain Ayroles
  • Dessinateur : Jean-Luc Masbou
  • Editeur: Delcourt
  • Prix: 13.95€
  • Sortie: 05 novembre 2014

Sunlight

Partis à la découverte d’une mine abandonnée, trois spéléos amateurs se retrouvent coincés au fond sans pouvoir communiquer avec l’extérieur et en attendant l’hypothétique arrivée des secours. Sunlight raconte ce moment angoissant, signé Christophe Bec et Bernard Khattou. Ce titre fait parti de la nouvelle collection lancé par les éditions Glénat, Flesh & Bones où l’on retrouvera bientôt Sonar (Runberg & Chee Yang Ont), Bikini Atoll (Bec & Dzilowski) ou encore Le sphinx (Rodolphe & Dzialowski).

Résumé de l’éditeur : Trois jeunes amis passionnés de spéléo, Kévin, Caro et Emma, décident de partir explorer les ruines d’une mine désaffectée. Sur place, ils découvrent, baigné dans la lumière de l’aube, un décor apocalyptique et surréaliste, presque poétique… Un régal à explorer ! Mais à peine entrent-ils qu’ils font une chute vertigineuse à travers un puits mal scellé. Pris au piège au fond d’un gouffre où pas un rayon de lumière ne parvient, où il n’y a rien hormis de l’eau croupie, ils n’ont plus qu’une chose à faire : attendre les secours. Victimes de leur angoisse, ils commencent à perdre leurs repères. À un moment où la frontière entre peur et folie se fait mince : difficile de discerner la réalité de l’illusion…

Le récit de Christophe Bec est construit comme un huis-clos angoissant où tous les sentiments sont exacerbés et où les protagonistes passent d’une émotion à l’autre. C’est là, le point fort de l’auteur de Sanctuaire (avec Xavier Dorison, Les Humanoïdes Associés) : la psychologie de ses héros de papier. Coincés au fond du trou de la mine, ils ne voient ni la lumière, ne peuvent être entendu par personne, commencent même à perdre patience et pensant même mourir dans ce lieu. Les tensions sont à vif entre les trois personnages au fur et à mesure que l’on tourne les pages : Kevin, celui qui sait tout sur tout, bricoleur et bon dans le domaine de la survie; Eva, la brune, dont la maladie la rattrape, seule et un peu paumée et enfin  Caro, toujours positive et bonne camarade. Au fur et à mesure, le lecteur apprend, par petite touche, le passé des protagonistes, ainsi que leurs relations passées. Si Kevin, Caro et Eva sont bien campés, le scénariste pose de la distance entre lui et ses personnages, afin de faire croître de la froideur dans son récit. Ce drame psychologique haletant est servi par le trait en noir et blanc de Bernard Khattou, d’une grande efficacité. Dans la veine de Charlie Adlard dans Walking Dead, il propose des planches d’une grande maîtrise qui renforce le côté sombre et oppressant de l’histoire. Une très belle réussite : pour les amateurs du genre !

  • Sunlight
  • Scénariste : Christophe Bec
  • Dessinateur : Bernard Khattou
  • Editeur: Glénat, collection Flesh & Bones
  • Prix: 15.50€
  • Sortie: 21 octobre 2014

 Coffee time

Après les deux excellents albums Udercurrent (Kana, 2004) et Goggles (Ki-oon, 2013), Testsuya Toyoda revient avec Coffee Time. Par leur label Latitude, les éditions Ki-oon proposent aux lecteurs français de découvrir les 17 histoires de ce très beau recueil d’histoires dont le fil conducteur est le café, cette boisson universelle qui rapproche les Hommes.

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  • Coffee time
  • Auteur : Tetsuya Toyoda
  • Editeur : Ki oon,collection Latitudes
  • Prix : 14€
  • Sortie : 09 octobre 2014

Thermae Romae

Thermae Romae, la belle saga de Mari Yamazaki prend fin avec cette troisième intégrale, comprenant les tomes 5 et 6, initialement publiés par Sakka (Casterman). Le lecteur découvre Lucius, l’architecte de l’époque romaine qui se retrouve dans le Japon contemporain.

Pour vous rafraîchir la mémoire, relisez la chronique présentant la deuxième intégrale de Thermae Romae et notamment un résumé de la série.

Dans ce recueil numéro 3, Lucius, au Japon, est en prise avec la furie de Hanako, la jument. Amoureuse de lui, elle se laisse dompter et se calme alors qu’elle est entrée dans un établissement. Maîtrisée, il grimpe sur elle sans étriers et la fait sortir. Or, il est délicat de rester stable sur un cheval sans selle ni étrier ; seuls les romains de l’Antiquité étaient capables de cet exploit. Ce qui sème encore plus le doute dans la tête de Satsuki, la jeune professeur d’histoire qui pense de plus en plus qu’il est un vrai habitant de la capitale italienne antique.

En rentrant chez elle, là où son grand-père, chiropracteur et acupuncteur reçoit des patients, elle est toujours autant bouleversée. D’ailleurs ça n’échappe pas à la vigilance du vieil homme, qui pressent que quelque chose ne va pas. Pour lever ses soupçons, il suit la jeune femme et découvre qu’elle aide Lucius sur les installations des bains contemporains. Elle lui explique comment les japonais utilisent les bienfaits de l’eau (douleurs musculaires, fractures…) mais aussi la composition chimique de cette dernière.

Pour se reposer et se délasser, l’architecte prend ensuite un bain dans un établissement public. Le grand-père de Satsuki arrive vers lui puis lui propose une séance d’acupuncture pour soulager son dos. Etonné par la réussite de ce massage particulier, il lui demande de lui apprendre cette technique afin d’aider au mieux son ami l’empereur Hadrien, qui souffre du même mal que lui.

La fin de cette saga est formidable. Nous ne doutions pas de la grande maîtrise de conteuse de Mari Yamazaki ni de celle de son dessin et nous ne sommes pas déçus. L’intrigue continue de plus belle et se déroule alternativement au Japon et dans la Rome antique, comme dans les précédents tomes. Pour nous raconter la genèse de sa série, la mangaka entrecoupe les chapitres par des textes explicatifs. Les civilisations grecques et romaines antiques sont mises en lumière par l’architecture, les empereurs, les bains mais aussi les avancées de son manga. En s’adressant directement aux lecteurs, elle les implique encore plus dans son récit.

Les relations entre Lucius et Satsuki ou encore celles entre l’architecte et Hadrien sont bien mises en avant dans cette dernière intégrale. Entre l’homme et la jeune femme, l’idylle naissante et entre l’homme et l’empereur, de l’amitié.

Nous comprenons aisément le succès éditorial de cette saga historique et de science-fiction tant tous les ingrédients sont réunis et bien maîtrisés pour le plus grand bonheur du lectorat. Mari Yamazaki aura aussi la reconnaissance de ses pairs pour cette série en obtenant le Grand Prix du manga et le 14e Prix de la culture Osamu Tezuka en 2010.

A lire et à relire avec délectation !

  • Thermae Romae, intégrale 3/3 (tomes 5 et 6)
  •  Auteure : Mari Yamazaki
  • Editeur: Casterman, Sakka
  • Prix: 25€
  • Sortie: 29 octobre 2014

 Carthago

Les monolithes de Koubé est le quatrième volet de la très belle série fantastique de Christophe Bec et Milan Jovanovic, Carthago. Nous vous avions présenté le troisième tome de cette saga, le 18 mai. Vous allez retrouver tous les acteurs (Freiersinger, Donovan ou encore Kim) mais aussi la holding Carthago, gênée par la découverte de requins préhistoriques.

Résumé de l’éditeur : Alors qu’Harry Freiersinger prépare son grand show à Dubaï, pour présenter le spécimen qu’il prétend avoir capturé, la carcasse d’un autre de ces requins préhistoriques est retrouvé, échoué après un tsunami. Les hypothèses repartent de plus belles après cette stupéfiante découverte, qui pourrait faire remonter à la surface des questions gênantes pour la holding Carthago, plus que jamais prête à tout pour rester en dehors du feu des médias. Pendant ce temps, le Centenaire prépare une nouvelle expédition marine, avec Landon Donovan, sur le site de Koubé, bien connu des protagonistes de Carthago.

Décidément, Christophe Bec est passé maître dans les histoires de suspens (voir ci-dessus, Sunlight chez Glénat). La série Carthago est sûrement l’une de ses meilleures, tant les rebondissements sont nombreux, permettant de tenir le lecteur en haleine. Excellent conteur, il livre un scénario fantastique et quasi de science-fiction d’une excellente qualité. Si les animaux préhistoriques sont au cœur de cette saga d’aventure, la galerie de personnages est formidable : Lou, petite fille dont on ne sait pas tout du passé ; sa mère Kim ; London Donovan, l’aventurier très apprécié de Lou et qui commence à prendre ses distances avec les Freiersinger. Ajouté à cela, un homme défiguré par le feu, le père Freiersinger, enfermé dans une bulle et Harry, son fils, arriviste et ultra-ambitieux, qui souhaite quoiqu’il en coûte de présenter le requin. Le scénario est mis en valeur par le dessin réaliste de Milan Jovanovic d’une belle qualité. Si les expressions des personnages sont réalistes, il livre de sublimes planches en décor naturel : les trois premières pages de l’album concernant le tsunami, la présentation du requin dans son dôme mais surtout les séquences sous-marines. L’ensemble est réhaussé par les belles couleurs de Delphine Rieu.

Nous attendons avec impatience la fin du premier cycle, dans le tome 5 : La cité de Platon.

  • Carthago, tome 5 : Les monolithes de Koubé
  • Scénariste : Christophe Bec
  • Dessinateur : Milan Jovanovic
  • Editeur : Les Humanoïdes Associés
  • Prix : 14.20€
  • Sortie : 15 octobre 2014

 Merci

Merci est une adolescente qui commet fréquemment des petits délits dans sa ville de Bredenne. Le juge en ayant marre de la voir toujours dans son bureau, décide de lui infliger une sanction de réparation qui consiste à aider sa commune : la voilà en première ligne pour le bien-être des habitants. Zidrou et Arno Monin relatent cette histoire fictive dans l’album éponyme du prénom de leur héroïne, paru aux éditions Grand Angle-Bamboo.

Résumé de l’éditeur : Bredenne, dans la Marne. 9974 habitants et presque autant d’âmes. On parie combien que vous ne connaissez pas ? Faut dire aussi : entre Disneyland Paris et Bredenne, le choix est vite fait. Un peu trop vite peut-être… Merci Zylberajch, bientôt 16 ans et gothique jusqu’au bout des ongles, a commis des actes répréhensibles, comme on dit. Elle n’était pas seule, mais elle a décidé de porter le chapeau. Ses actes n’en méritent pas moins une sanction, d’autant qu’elle n’en est pas à son coup d’essai. Encore faut-il décider quelle sanction !

C’est pour cela que l’État français paie Sébastien Pirlot, juge des enfants. Un juge un peu… olé olé, si vous voulez mon avis. Pirlot ignore encore qu’en condamnant Merci à une peine de substitution, il va offrir à de nombreuses personnes… une joie de substitution.

Disons-le tout de suite, ce qui nous a beaucoup plu dans Merci, c’est la partie graphique que Zidrou a confié à Arno Monin, dessinateur de l’excellente saga L’envolée sauvage (avec Laurent Galandon, Grand-Angle Bamboo). Comme nous avions pu l’entrevoir dans la série traitant la Seconde Guerre Mondiale, l’auteur livre des planches d’une belle qualité grâce à un trait semi-réaliste des plus réussis. Ses cadrages et son découpage sont parfaites pour raconter ce genre de bandes dessinées. Son style personnel très lisible met admirablement bien en évidence les personnages et leurs expressions qu’il croque à merveille. Ajouté à cela de jolies couleurs laissant passer une belle lumière. Dans un premier temps, la lecture du pitch n’avait pas retenu son attention et ne souhaitait pas dessiner des conseils communaux. Pourtant la ténacité du scénariste a eu raison de son envie de participer à l’aventure et prenant finalement du plaisir à mettre en image l’histoire.

Côté scénario, alors que la thématique de départ pouvait laisser présager une histoire formidable, nous sommes légèrement déçu par l’écrit de Zidrou. L’auteur de Tamara (avec Darasse chez Dupuis) nous laisse un peu sur notre faim ; il manque ce petit plus qui aurait rendu le récit encore plus sympathique. Il faut dire que Merci Zylberajch, son héroïne, a tout d’un personnage fort : caractère bien trempé, style gothique gentillet, elle cumule les déboires avec la justice. Comme toutes les ados de son âge, son principal sujet de discussions avec ses amies sont les garçons et l’amour. Cette jeune fille apporte un souffle nouveau, comme un tourbillon, dans la petite cité de Bredenne et plus particulièrement dans les services de la mairie. De l’entraide, de la poésie et une galerie de personnages représentant la diversité de la France, les bases scénaristiques étaient pourtant solides. Zidrou confiait d’ailleurs sur l’album : « Tenir un discours positif sur la djeunesse, croire en elle donnera certainement de meilleurs résultats que de la traiter toujours comme irresponsable, immature. Un pays qui a peur de sa jeunesse est un pays qui a perdu la foi en l’avenir ».

  • Merci
  • Scénariste : Zidrou
  • Dessinateur : Arno Monin
  • Editeur: Grand Angle – Bamboo
  • Prix: 14.90€
  • Sortie: 29 octobre 2014

 Autel California

Après le très remarqué Le goût du Paradis (Les requins marteaux), Nine Antico nous plonge dans l’univers du rock à travers les groupies de stars des années 50-60, dans le très bon album Autel California, publié par L’Association. Ce premier tome d’un diptyque, intitulé Face A Treat me nice, suit les pas de Bouclette, qui idolâtre les Beatles et Elvis Presley.

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  • Autel California, Face A Treat me nice
  • Auteure : Nine Antico
  • Editeur: L’Association
  • Prix: 19€
  • Sortie: 22 octobre 2014

 L’enfant inattendue

L’enfant inattendue est le premier album dessiné de Marguerite Van Cook en tant que scénariste. Elle nous plonge dans son histoire personnelle, dans cette belle autobiographie publiée aux éditions çà et là. Elle s’est adjoint les services de James Romberger pour la partie graphique.

Résumé de l’éditeur : Années 1940, Portsmouth, ville du sud de l’Angleterre, Hetty Martin adopte une petite fille alors que son mari est au front. A la fin du conflit, Hetty apprend que son mari est mort au combat. Elle va convaincre les autorités qu’elle peut s’occuper de la petite June alors qu’elle est veuve et sans revenus. Dix ans plus tard, Hetty donne naissance à Marguerite suite à une liaison cachée avec un homme marié. Cette situation est très mal acceptée dans un pays encore très conservateur. Hetty doit aller plaider sa cause au tribunal qui veut lui retirer la garde de la petite. Marguerite, élevée en ville, découvre la compagne anglaise à travers des séjours chez des amis de la famille et se passionne pour la faune et la flore. A l’approche de l’adolescence, elle séjourne en Normandie chez une amie française, les deux filles s’intéressent de près à la gent masculine…

Artiste touche-à-tout, Marguerite Van Cook livre dans L’enfant inattendue, une histoire d’une très belle sensibilité et tout en pudeur. Enfant non-désirée mais très aimée, la petite fille adoptée par Hetty se révélera être une fillette, une adolescente puis une jeune fille formidable. Courant sur 174 pages, le récit présente admirablement l’enfance, l’adolescence et le début de la majorité de Marguerite. L’auteure arrive magnifiquement à happer le lecteur avec une histoire d’une grand finesse mais parfois très dure. En effet, la société anglaise de l’époque était encore très conservatrice, assez réactionnaire dans ses mœurs et il était inconcevable qu’une femme puisse élever seule un enfant, sans un mari. Mais même les tourments judiciaires fréquents ne pourront dévier l’amour de cette maman pour sa fille. Pour présenter cette histoire, Marguerite a décidé de beaucoup utiliser les récitatifs et autres voix-off. Ce parti-pris narratif qui pourrait paraître lourd, ne se fait en aucun cas ressentir. Le trait élégant de James Romberger met gracieusement en scène ce récit très sensible et touchant. L’artiste est une auteur reconnu aux Etats-Unis ; travaillant depuis les années 80 pour Marvel, Image Comics ou DC. A noter que c’est la scénariste qui s’est occupée des couleurs de l’album.

  • L’enfant inattendue
  • Scénariste : Marguerite Van Cook
  • Dessinateur : James Romberg
  • Editeur: çà et là
  • Prix: 24€
  • Sortie: 13 octobre 2014

 Trillium

Jeff Lemire est un très grand auteur américain. Parmi ses nombreuses bandes dessinées, nous pouvons citer notamment : American Vampire, Animal Man, Justice League Saga, The Nobody ou encore Green Arrow. Dans son label Vertigo, les éditions Urban Comics ont décidé de publier le formidable Trillium.

Résumé de l’éditeur : En 3797, la botaniste Nika Temsmith recherche une plante dans les confins les plus reculés de l’espace connu. En 1921, l’explorateur anglais William Pike mène une expédition pour trouver un temple Incas aux propriétés salvatrices légendaires. Isolés à des années-lumière l’un de l’autre et alors que les murs de la réalité s’effondrent autour d’eux, ces deux âmes soeurs vont se rencontrer et vivre la dernière histoire d’amour de l’humanité.

Voilà un album singulier et une très belle surprise ! Tout d’abord dans son découpage : certaines pages sont volontairement placés à l’envers, le lecteur doit naviguer d’une page à l’autre mais souvent elles ne sont pas l’une à côté de l’autre. Si l’on pourrait se perdre rapidement dans ce tourbillon, il n’en est rien. On passe allégrement et facilement d’un chapitre à l’autre, on opère des bonds dans le temps, en se frayant un chemin comme l’histoire le conçoit. Le récit dense et très complexe mêle habilement une quête initiatique, un amour impossible et un space-opera. De plus, il met en scène des personnages à la psychologie complexe, très bien campés : William, militaire névrosé et traumatisé par ses combats antérieurs et Nika, la jeune femme en mission. Tous les deux se rapprocheront, s’aimeront mais ce ne sera pas un long fleuve tranquille. Enfin, le trait du talentueux auteur américain est d’une grande puissance graphique, élégant et très maîtrisé. Il est admirablement servi par les couleurs de José Villarrubia.

Trillium : percutant, palpitant et une grande expérience graphique.

  • Trillium
  • Auteur : Jeff Lemire
  • Editeur: Urban Comics, label Vertigo
  • Prix: 19€
  • Sortie: 24 octobre 2014

 Les conquérants de Troy

Le mont Rapace est le quatrième volume de la série Les conquérants de Troy, signée Christophe Arleston et Ciro Tota, publiée par les éditions Soleil.

Résumé des précédents albums : Le Consortium des Fleurs vient de découvrir Troy, une nouvelle planète inhabitée sinon par une espèce assez primitive : les trolls. Le Consortium des Fleurs décide de mener une expérience afin de catalyser la magie du Magohamoth et de développer des pouvoirs parapsychologiues chez des colons, le plus souvent enrôlés de force puis disséminés un peu partout sur la planète. Page Blanche et son frère Zuynn ont été séparés de leurs parents lors du largage sur Troy, et sont donc bien décidés à se retrouver. Mais c’est sans compter sur Chrysante Van Laack, qui est chargé par le Consortium d’aider au développement des pouvoirs parapsy. Van Laack a donc entrepris de construire une tour gigantesque qui doit servir à relayer la magie du Magohamoth, et il a besoin de main d’œuvre (d’esclaves) pour cela.

Résumé de l’éditeur (tome 4) : Page-Blanche et son frère Zuynn, colons malgré eux du monde de Troy nouvellement découvert, sont à la recherche de leurs parents, botanistes de renom. Heureusement, ceux-ci ont laissé, sous forme de plantes, des indices permettant de les retrouver. Mais la route de Page va de nouveau croiser celle du seigneur Van Laack, qui, associé à un hobereau local, lève une armée pour assiéger le repaire des deux botanistes. Page et Zuynn sont capturés et se retrouvent à la merci de leur pire ennemi, enchanté de pouvoir assouvir sa vengeance…

Dans le riche univers de Lanfeust de Troy, la série parallèle Les conquérants de Troy est une belle réussite. Le récit d’aventure de Christophe Arleston est comme à l’habitude chez ce scénariste : fou, original, avec une faune extravagante, une flore luxuriante, des trahisons, de la géo-politique dans un monde créé de toute pièce, des combats et du sang ; le tout mâtiné d’un bel humour. Il met en scène Page Blanche, héroïne au caractère bien trempé, guerrière solide, agile et sans scrupule ; à la recherche de ses parents. Accompagnée de Doï-Dee, dragon ultra-rapide et intelligent, la jeune guerrière sera aux prises avec le seigneur Van Laack. Tournant décisif dans la série, ce quatrième tome est magnifiquement servi par le dessin de Ciro Tota. Le talentueux dessinateur d’Aquablue (avec Vatine chez Delcourt) propose des planches claires et efficaces. Même s’il est un peu lent dans le rythme de ses créations, le lecteur découvre avec beaucoup de plaisir des pages où les animaux sont originaux et les personnages possèdent des visages forts.

  • Les conquérants de Troy, tome 4 : Le mont Rapace
  • Scénariste : Christophe Arleston
  • Dessinateur : Ciro Tota
  • Editeur: Soleil
  • Prix: 13.95€
  • Sortie: 22 octobre 2014

Et pour quelques pages de plus…

Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :

Bienvenue

Marguerite Abouet et Singeon dévoilent l’ultime tome de leur série Bienvenue, parue aux éditions Gallimard. Dans ce dernier volume, nous retrouvons Bienvenue et tous ses amis au fil de leur vie quotidienne à Paris.

Résumé de l’éditeur : Le baiser de Bastien semble être un tourment de plus dans la vie déjà bien emmêlée de Bienvenue. Tiraillée de toute part, et ne supportant plus de devoir résoudre les problèmes de ses voisins, elle accepte d’accompagner le père d’Octave et Alice pour quelques jours dans leur maison en Normandie. L’épanouissement surgira-t-il enfin, loin du tumulte de la ville ?

Le récit de Marguerite Abouet est une bande dessinée chorale construite sur le même schéma narratif que Aya de Yopougon, dont elle est aussi scénariste (avec Clément Oubrerie chez Gallimard, 600 000 exemplaires vendus, Prix du meilleur album Angoulême 2006). Cette histoire ressemble à un petit théâtre où se croisent de nombreux personnages attachants comme l’héroïne de la série Bienvenue, jeune femme affirmée, altruiste mais troublée par les hommes qui l’entoure et plus particulièrement Bastien. Il y a aussi ses deux amies Pénélope, un brin fofolle et Lola collectionneuse d’amants. Si cette galerie de protagonistes est diverse et distrayante, le lecteur s’y perd un peu. L’auteure d’Akissi (avec Mathieu Sapin, Gallimard) ne réussit pas à rééditer l’enchantement vu dans Aya, malgré un talent indéniable de conteuse. De son côté Singeon fait juste ce qu’il faut ; son dessin ne soulevant pas les foules. Sans être révolutionnaire, il livre un album efficace.

  • Bienvenue, tome 3/3
  • Scénariste : Marguerite Abouet
  • Dessinateur : Singeon
  • Editeur: Gallimard
  • Prix: 16.50€
  • Sortie: 16 octobre 2014

 Lili Pirouli

Après un premier volume qui nous avait séduit, Lili Pirouli est de retour grâce au duo d’auteures Nancy Guilbert et Armelle Modéré. Dans ce tome 2, intitulé Je serai présidente ! le jeune lecteur retrouve la sémillante petite fille dans des aventures amusantes.

Résumé de l’éditeur : Bien inspirée, Lili Pirouli décide de donner son avis sur toutes les œuvres d’art qu’elle découvre… Mais comment la prendre au sérieux alors qu’elle hurle dès que sa dent bouge ? Et dire qu’elle veut être Présidente de la République quand elle sera grande !

Par ces mini-récits de 4 pages, Nancy Guilbert nous livre une version de son enfance idéale où les petites filles sont en harmonie avec ceux qui l’entoure (amis et parents). Mettant en scène Lili Pirouli, fillette drôle, espiègle et très imaginative, elle décline des petites scénettes rythmées et amusantes. Entre une dent qui bouge et menace de tomber ; une leçon de géographie non-apprise ; une visite d’une exposition qui devient vite une expédition de tous les dangers ; une journée enneigée mais qui lui déplaît ; de bonnes résolutions vite abandonnées ; et des projets d’avenir, Lili Pirouli en fait voir des vertes et des pas mûres à ses deux parents et son grand frère. Faciles d’accès, les histoires sont parfaites pour les 6/10 ans. Le trait d’Armelle Modéré est dans la veine des univers de la bande à Tchô (Nob, Zep, Deméocq) : simple, très lisible et faisant une belle place aux personnages.

  • Lilou Pirouli, tome 2 : Je serai Présidente !
  • Scénariste : Nancy Guilbert
  • Dessinateur : Armelle Modéré
  • Editeur: Des ronds dans l’o
  • Prix: 11.90€
  • Sortie: 13 novembre 2014

 Dopututto max 7

A allure irrégulière, les éditions Misma publient leur recueil d’histoires Dupututto Max, qui met en lumière les auteurs qu’ils apprécient, veulent soutenir et/ou publient en album. Pour ce septième volume, toute la fine équipe est de retour pour un album singulier, surprenant, intéressant, drôle et parfois inquiétant. Au sommaire, on retrouve entre autre :

- Alex Schubert et son Fashion Cat à Greenpoint, un quartier de Brooklyn où le célèbre chat joue de suffisance et semble toujours aussi hautain. Un dessin tout en rondeur pour une histoire cynique et dérangeante.

- Takayo Akiyama et ses légumes en folie dans Adventure of egg. Le cornichon-policier tente de démêler une affaire de meurtre : une saucisse a été assassinée. Suspens et humour pour cette enquête potagère. Une petite pépite.

- Emilie Plateau mettant en scène un drôle de repas de famille où la communication n’est pas aisée entre les 8 convives. Un trait minimaliste pour un déjeuner particulier et si fidèle à ceux que l’on subit chaque dimanche.

- Jun Oson propose 4 pages pour la route. Deux jeunes ados tentent de débusquer Giga Devil en assemblant une flèche. Des personnages propres sur eux (sorte de Bob et Bobette) mais complètement déjantés et prêts à tuer. Un trait rond pour une drôle d’histoire folle.

- Roope Eronen et son Monsieur Lynx, aimant immodérément l’alcool et les cigarettes. Délaissant ses personnages de Offices and Humans, l’auteur met en scène des animaux anthropomorphes aux addictions folles. Belle pépite.

- Yoon-Sun Park livre L’argent de Spirou, une mini-histoire de 8 pages. Alors que le Festival Craignos est annoncé, une femme part de la ville en laissant la maison à ses trois chats : fête en perspective. L’auteur du Jardin de Mimi aime les félins et s’en donne à cœur joie dans ce récit où les matous ont une place de choix. Folie-douce !

- Simon Hanselman propose trois pages de son album Megg, Moog and Owl dont nous vous avions parlé.

- Delphine Panique a créé En temps de guerre, une histoire où des femmes dont la tête est formée par un toit, visitent une usine. Dans un style différent d’Orlando, elle livre une fable cynique sur le monde de l’entreprise.

  • Dupututto max 7
  • Auteurs  : Collectif
  • Editeur: Misma
  • Prix: 10€
  • Sortie: 10 novembre 2014

Cherry Poppers

(album pour public averti)

Les éditions Taifu Comics proposent Cherry Poppers, le nouveau manga pour adultes signé Neko Kanda. Ce yaoi (manga mettant en scène des relations homosexuelles entre hommes) décrit les amours parfois contrariées de Noshiro et Ashitaka.

Résumé de l’éditeur : Ashitaka ne parvient pas à oublier Noshiro, l’homme qui lui a pris sa virginité… Une expérience douloureuse qui lui a fait jurer de ne plus jamais céder à la soumission… mais c’était sans compter sur leurs retrouvailles quelques années plus tard…

Dans ce manga, Neko Kanda décrit les retrouvailles parfois houleuses de deux hommes qui ont eu une relation il y a quelques années. D’un côté, Noshiro, homme sûr de lui parfois un peu hautain et de l’autre Ashitaka, homme timide, effacé et d’une élégance rare. Pourtant, ce dernier a encore des sentiments pour le premier. D’ailleurs après leur séparation, il n’aura pas eu d’autres histoires avec un homme. Mais il décide de faire payer la rupture à Noshiro et le tient à une bonne distance, afin de ne pas retomber dans son piège. Le plus entreprenant ne l’entend pas de cette oreille et insiste pour qu’il ressorte avec lui. Dans la première partie du manga, le lecteur découvre donc l’attirance-répulsion d’Ashitaka pour l’homme qu’il a aimé. Puis dans la seconde partie, le rapprochement et la nouvelle idylle entre les deux hommes. Et au milieu de tout cela, un petit plan de tomates cerises qu’ils apprécient. La mangaka alterne les scènes passées et celle récentes pour décliner cette histoire passionnée entre eux. Ce n’est pas le meilleur yaoi que l’on ait eu entre les mains mais force est de constater qu’il se lit facilement.

  • Cherry poppers
  • Auteur : Neko Kanda
  • Editeur: Taifu Comics
  • Prix: 8.99€
  • Sortie: 25 septembre 2014