Exposition « Zone grise » de Jérôme Zonder Le Parvis | Tarbes

Publié le 08 novembre 2014 par Philippe Cadu

http://www.parvis.net

du 14 novembre 2014 au 24 janvier 2015

Vernissage Jeudi 13 novembre à 19h en présence de l’artiste

Cette exposition occupe une position centrale dans la pratique de Jérôme Zonder. Elle s’inscrit dans un cycle de trois expositions pour lesquelles l’artiste déploie le dessin dans l’espace, le faisant sortir de la feuille, pour mieux l’expérimenter, l’arpenter, voire le sentir au bout des doigts : ainsi, après Au Village (Lieu Unique, Nantes, 2014) et avant son exposition à la Maison Rouge à Paris en 2015, Zone Grise est une étape essentielle de ce parcours dessiné.

Depuis sa sortie des Beaux-Arts de Paris en 2001, Jérôme Zonder n’a eu de cesse de toujours pousser plus loin les limites de son dessin, traversant des zones de turbulence, de violence, ou de saturation de l’image. Depuis 2000, il fait grandir son dessin comme il ferait d’un être qui a vu le jour : Garance et Baptiste sont ces deux enfants du paradis, nés en 2000, et qui ne cessent de croître, arrivant aujourd’hui en 2014, à l’âge de l’adolescence. Après les terreurs et les mauvais rêves de la petite enfance, vient le temps des bouleversements intérieurs, des métamorphoses, des prises de conscience et des incertitudes. Ainsi, pourrons-nous expliquer la présence d’une série de portraits lumineux d’adolescents. Face à ces portraits réalisés avec douceur et précision et à la riche vie intérieure, apparaissent de grands dessins s’inspirant d’images historiques, notamment issues de la seconde guerre mondiale : les chairs grises. Pour concevoir ces grands dessins, Jérôme Zonder s’implique physiquement, puisqu’il y laisse la trace diffuse de ses propres empreintes, comme s’il tentait de faire corps avec l’Histoire, et son impossibilité à être saisie. « Pour rappeler à nous des corps qui ont disparu de cette façon, cela ne peut se faire que par l’effleurement », explique-t-il à propos de sa technique toute en légèreté et vibration, à l’aide de poudre graphite en suspension.

Après une entrée dans l’exposition un peu désarmante —une installation de pieux hérissés menace et dissuade d’entrer — le spectateur pénétrera dans une zone étrange, une « zone grise », un espace de latence dans lequel les choses s’inscrivent, se creusent, pour mieux être ramenées à la surface, depuis des profondeurs historiques et personnelles qui tendent à se confondre. « Au début, lorsque je cherchais le titre, je pensais justement aux blancs dans la mémoire, aux trous de matière cérébrale dans la matière grise. En fait, je ne cesse de me promener dans ces zones blanches et grises, entre mémoire et oubli. Le dessin devient cette zone grise qui permet de travailler l’exposition sur trois niveaux : le narratif, le spatial et le lien au spectateur », explique-t-il.

Enfin, des masques nous rappellent que la vie n’est qu’une farce, qu’un grand rire fait de dessin, de gris, de noir, et de blanc sali. Si bien que toute l’exposition est fondée sur des extrêmes qui cohabitent, entre douceur et violence, passé et présent, personnel et collectif. Et nous, spectateurs, nous avons aussi notre rôle à y jouer…

Léa Bismuth

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