Interview vidéo Jean-Luc Hudry Novembre 2014

Publié le 12 novembre 2014 par Moralotop @moralotop

Moutassem Hammour est une personnalité au sens noble du terme : blogueur influent certes, mais surtout un homme dont l’envie de comprendre, de s’améliorer et de tirer partie de ses questionnements est inspirante.

Si vous êtes intéressé par la méditation – aux innombrables bienfaits –  visitez ceux qui en parlent sérieusement et dépassent le phénomène de mode.

Le blog de Moutassem respire la sérénité, (vous me direz que l’inverse serait embêtant vue sa spécialité !) mais il fait les choses de belle manière. En plus il est sympathique, et a des choses à dire, voilà de bonnes raisons de visiter pratiquerlameditation.com

Ci-dessous la vidéo de cet entretien (quelques petites coupures de son qui ne nuisent pas à l’ensemble). Et sa transcription écrite si vous préférez ce format.

Merci Moutassem pour ton invitation !

Transcription
Interview vidéo Jean-Luc Hudry Novembre 2014

Moutassem Hammour :

Bonjour, Moutassem Hammour avec vous, du blog http://pratiquer-la-meditation.com

Aujourd’hui j’ai le plaisir d’accueillir Jean-Luc Hudry du blog Moralotop et qui est l’auteur du livre « Craquer ou pas ? L’incroyable histoire vraie qui améliore la vôtre » et j’aimerais qu’on parle avec Jean-Luc de « comment faire face à nos doutes et comment faire pour les dépasser lorsque l’on entreprend un nouveau projet ».

Donc Jean-Luc bonjour et un grand merci d’avoir accepté mon invitation.

Jean-Luc Hudry : Merci à toi.

Moutassem Hammour :

On s’est rencontrés lors d’une réunion entre auteurs et blogueurs à Paris au mois de mars et ce qui m’a interpellé dans ton parcours c’est qu’avant d’être un auteur et un accompagnateur dans le développement personnel tu as été chef d’entreprise et cela pendant 18 ans, et donc je regardais aussi ton parcours : tu as fait une formation de management, tu as étudié en France, tu as fait des études au Japon, aux Etats-Unis et pendant ces 18 ans en tant que chef d’entreprise de PME, tu as géré environ 1000 personnes. Donc 1000 personnes ont travaillé avec toi.

La première question qui me vient c’est comment tu as fait pour passer de ce rôle de chef d’entreprise à celui d’accompagnateur dans le développement personnel ?

Jean-Luc Hudry :

D’accord. Bon d’abord, merci, ça me fait très plaisir d’être accueilli chez toi car ton blog respire la sérénité et j’ai grand plaisir à parler avec toi aujourd’hui. Merci Moutassem.

Pour le reste en vérité j’avais un parcours royal, j’ai fait comme tu l’as dit 6 ans d’études de management.

Je ne suis pas arrivé comme chef d’entreprise, j’ai débuté dans une grosse boîte américaine qui s’appelle Procter & Gamble où j’ai été salarié mais c’est là qu’un événement est intervenu. L’entreprise de mes parents, pour des raisons X et Y était à bout de souffle, elle était à deux doigts de sombrer et il a donc fallu que je quitte mon emploi et la voie royale qui allait avec pour tenter de sauver ce qui allait s’écrouler.

Et donc je suis venu pour 1 mois, 2 mois, 3 mois, en disant « bref, c’est du court-terme et je reprends mon poste après ». Et en vérité j’y suis resté pratiquement pendant 20 ans et là il y a eu un deuxième événement dont on parlera peut-être un peu plus tard. Et ces deux événements conjugués : la reprise d’une entreprise (j’avais 27 ans) et un événement un peu hors norme qui s’est produit après, ont fait que j’ai écrit ce livre et que je me suis lancé dans le « développement personnel » pour une raison très simple, c’est que j’ai traversé 25 ans de problèmes et qu’en traversant ces 25 ans de problèmes, j’aurais bien aimé trouver quelque chose qui m’aide concrètement. J’ai lu des tas d’écritures, etc. mais sur le terrain quand tu es harcelé du matin au soir, j’ai cherché une aide que je n’ai pas trouvée, et je me suis dit « si un jour tu t’en sors – et je m’en suis sorti – alors je sauterai le pas et je ferai partager cette expérience au plus grand nombre ».

M.H. : Tu gères un blog aujourd’hui qui s’appelle Moralotop et tu me disais que cela faisait 2 ans et demi qu’il est en place, tu es l’auteur du livre « Craquer ou pas ? », tu proposes aussi d’autres outils dont on parlera un peu plus tard.

Comme j’ai noté dans l’introduction, ce dont j’aimerais que l’on parle ensemble c’est comment aider les gens à concrétiser un projet, qu’il soit personnel ou professionnel lorsqu’ils sont assaillis de doutes.

Je peux te donner un exemple concret, celui de Julie. Julie a bientôt 40 ans, elle a travaillé pendant 15 ans dans le monde de l’édition, elle était secrétaire de rédaction. C’est quelqu’un qui est amoureuse des beaux livres, de l’artisanat, elle a pour projet de créer une boîte d’édition pour publier des livres sur des artisans qui sont aussi des passionnés et des artistes ; donc avant d’être un projet pour Julie ce fut longtemps un rêve mais à présent Julie se sent prête à faire le pas, elle crée son entreprise et se donne corps et âme pour faire grandir son bébé, comme elle aime appeler sa maison d’édition, mais rapidement Julie doit faire face aux problèmes du métier, donc à la réalité du métier avec son lot de difficultés et ses imprévus.

Dès les premiers obstacles elle va être assaillie par le doute. Julie est assaillie par le doute et va se dire : et si ma famille avait raison… et si je n’avais pas dû me lancer dans ce projet, s’il était voué à l’échec dès le départ… il y a ces doutes qui s’installent, qui lui sapent complètement le moral, qui lui prennent son énergie, qui la déstabilisent.

Et elle a beaucoup à faire pour faire grandir son entreprise donc comment faire quand une personne comme Julie se sent paralysée devant la tâche à accomplir ?

Comment peut-elle faire pour garder son enthousiasme du départ et ne pas laisser ce que tu appelles Miss Cata dans ton livre (Miss Catastrophe) pour ne pas laisser cette voix intérieure nous saper complètement et nous empêcher d’avancer.

JLH : D’abord je vais saluer Julie, je ne sais pas si elle nous regarde : Julie si tu nous regardes…

Je crois qu’il y a deux choses : La première chose quand on se lance dans un projet comme ça surtout dans entrepreneuriat, c’est distinguer le côté technique concret, les clients, les fournisseurs, les finances, etc. et l’aspect mental. Car si on n’est pas préparé dans sa tête, sur le terrain Miss Cata va prendre évidemment le contrôle de toi-même. Donc Julie, la première chose qu’elle a à faire c’est de se préparer mentalement en se disant : «voilà, j’ai un rêve je veux créer cette maison d’édition, ça me fait rêver depuis toujours. OK, il y aura toujours plein de gens qui vont me dire que ce n’est pas possible que je n’y arriverais pas, qu’on ne l’a jamais fait, etc. Ca c’est Miss Catastrophe. Si je me prépare mentalement, il faut déjà que Julie se dise :

1-« ce que je vais faire c’est d’accepter l’adversité, accepter que je vais être assaillie en tant que nouvelle chef d’entreprise, de problèmes. Une fois que j’ai accepté cette adversité j’accepte mes petits coups de moins bien. Je vais avoir des périodes où tout va marcher comme sur des roulettes et d’autres où, hélas, rien ne va fonctionner

Mais je l’accepte et le fait de l’accepter permet déjà de relativiser.

Ensuite il va falloir que Julie prenne de la hauteur sur les problèmes. Julie peut se dire : un jour serai là, un jour je serai là, il va y avoir les montages russes, je vais prendre le problème et l’examiner dans sa globalité, sans affect, voir qu’est ce qui colle, où je peux intervenir, ce sur quoi je peux intervenir et partant de là je conseillerais à Julie de se fixer des objectifs réalistes.

Si elle veut remplacer Grasset du jour au lendemain je pense que ce sera difficile. Si elle se fixe des objectifs en les morcelant : une première étape, puis une deuxième et une troisième, du coup elle aplanit les difficultés, je ne rentre pas dans le détail bien sûr, c’est juste une vision globale que je te donne. Il me semble pour répondre encore une fois à ta question, elle doit dès le départ considérer que son principal ennemi ce n’est personne d’autre qu’elle-même, c’est Miss Catastrophe, cette petite voix qui lui dit justement ce que tu as dit à l’instant «et si mes amis avaient raison,  et si je m’étais plantée, etc. ».

Il faut donc qu’elle raisonne solution au lieu de raisonner problème.

Si elle accepte l’adversité, si elle accepte les petits coups de moins bien, si elle prend de la hauteur sur les problèmes, sur son parcours qu’elle va rencontrer, si elle se fixe un objectif réaliste et si bien sûr elle travaille dur, je pense qu’en apprenant à gérer ses problèmes, ça devrait le faire. Allez Julie, on t’encourage !

M.H. : C’est vrai que cette Miss Cata, cette petite voix intérieure, parfois on essaie de se raisonner comme tu dis, de savoir dès le départ qu’il va y avoir des difficultés, des hauts et des bas, qu’il va falloir faire face au nouveau qui porte son lot de difficultés, de challenges. Mais lorsqu’on on se retrouve dans cette situation durant les turbulences même si on s’est préparé un peu en amont, comment faire avec cette petite voix qui nous sape complètement et qui prend le contrôle, c’est comme si c’était quelque chose qui était là depuis longtemps, depuis des années.

JLH : Je l’ai connu ça. Je l’ai connu à un point tel qu’un jour je me suis posé la question vitale.

Dans les deux missions que j’avais : redresser une entreprise et gérer les conséquences de la trahison d’un ami de 30 ans, pour faire simple : un événement qui est tombé sur nous, sur notre famille et qui nous a créé tous ses problèmes, j’ai fait appel à une chose très simple : ces valeurs. Ce sont ces valeurs qui m’ont sauvé.

Quand tu es face à l’adversité, fais appel à tes valeurs parce que c’est ton socle, le fondement de ta personnalité. C’est elles qui vont te sauver des situations un peu difficiles. Je l’ai connu, j’étais à deux doigts de commettre l’irréparable ; devant cet amoncellement de problèmes de toutes natures je me suis dit : mais qu’est ce qui t’arrive ?

Tu oublies tous les gens qui t’aiment, tous les gens que tu aimes,

Tu oublies tous tes succès passés,

Tu oublies tout ce que tu vas pouvoir faire dans la vie,

Les talents dont tu peux avoir la chance de bénéficier,

Et tu voudrais laisser l’adversité et Miss Cata l’emporter et te faire commettre l’irréparable.

Non, non, je ne veux pas laisser à cette ennemie qu’est Miss Catastrophe, à cette ennemie qu’est l’adversité le plaisir de triompher et je pense qu’en allant chercher au plus profond de toi, les valeurs qui sont les tiennes : qu’est ce qui t’anime, quel est le fondamental du fondamental ? Là tu t’appuies sur le dur.

Certes, les valeurs ce sont des croyances, mais si tes croyances te boostent alors appuie-toi sur elles. C’est comme ça que j’ai réussi, à progressivement, en étant au charbon du matin au soir et du soir au matin pendant des années, faire en sorte que l’influence de Miss Cata diminue et que ce que j’appelle Miss Peps – bien sûr ce sont des concepts pour faire passer le message –  Miss Peps m’apporte une approche constructive et du coup Miss Cata a réduit son influence, Miss Peps a renforcé la sienne et c’est Miss Peps qui m’a fait m’en sortir, c’est Miss Peps qui m’a fait gagner. Cata m’aurait fait perdre et perdre sacrément.

Voilà, un des premiers points, c’est « les valeurs ».

Ce sont tes valeurs qui déterminent tes comportements et donc tes résultats.

M.H. : Lorsque tu t’es reconnecté à ces valeurs et que l’envie d’avancer et de faire face à l’adversité est devenue plus forte que l’abattement est-ce qu’automatiquement il y a eu des changements de comportements, des changements concrets dans la vie de tous les jours : est-ce que tu as pris peut-être plus de temps de faire du sport, prendre du temps pour toi, de noter les choses sur un papier ? Quelles sont les actions qui se sont mises en place avec cette prise de conscience ?

JLH : Moi je suis un peu un battant. Peut-être que j’avais une petite flamme qui était en moi depuis toujours. Mais cette Miss Peps m’a redonné le goût de vivre au moment où j’ai eu le goût de ne plus vivre.

Partant de là est-ce que j’ai fait plus de sport ? Non.

Mais par exemple Miss Peps m’a conseillé d’arrêter de fumer.

Je fumais considérablement, et du jour au lendemain j’ai dit « stop », je vais me préparer mentalement ? je vais décider d’une date. Et au jour J j’ai pris la cigarette et j’ai dit « ce sera la dernière ».

Miss Peps m’a expliqué, elle m’a renforcé, elle m’a expliqué pourquoi j’avais intérêt à raisonner en disant ce que j’avais à gagner à arrêter de fumer plutôt que ce que j’allais perdre (ex : je vais prendre des kilos, j’aurai une envie forte de fumer…)

J’ai arrêté de fumer du jour au lendemain, ça tient depuis une vingtaine d’années maintenant et je n’ai jamais retouché à la cigarette.

Autrement dit le mental est quand même la clé de tout le reste.

C’est pourquoi j’insiste, lorsqu’on est confronté à l’adversité, la première chose, c’est d’accepter ce sur quoi on ne peut pas agir.

C’est impossible de faire autrement :

Si tu luttes contre des moulins à vent, ce sont les moulins à vent qui l’emporteront.

Si tu nages contre le courant c’est le courant qui va t’emporter.

Si tu nages avec le courant tu as une chance d’atteindre l’autre rive.

Et c’est ce que j’ai fait.

M.H. : Au lieu d’utiliser toute son énergie et toutes ses pensées contre des choses sur lesquelles on ne peut pas agir, comme c’est souvent le cas : « pourquoi ça m’arrive, pourquoi je dois gérer ça, pourquoi je n’ai pas assez de ventes, pourquoi, pourquoi… »

JLH : La fatalité, c’est mon destin, c’était marqué…

M.H. : C’est quelque chose qui nous use, qui nous assomme, qui nous prive de motivation et d’enthousiasme. C’est vrai que comme tu le dis très bien, le fait d’en prendre conscience est déjà le premier pas pour reprendre le pouvoir en quelque sorte, voir sur quoi je peux agir et à partir de là, commencer à mettre en place des actions qui vont avoir leurs effets.

JLH : …et qui vont produire des résultats.

C’est toujours comme ça : Quand tu enregistres un échec tu valides dans ta tête le fait que « tu l’avais bien dit, c’était prévu, tu allais te planter ».

Mais ça marche aussi dans l’autre sens, c’est-à-dire que le cercle vicieux se transforme en cercle vertueux.

La spirale du succès ça existe aussi. Il ne faut pas voir que la spirale de l’échec.

Sous l’influence de Miss Peps – encore une fois c’est un concept pour faire passer un message – à ce moment-là tu te dis : je continue, je continue et là tu arrives à sortir la tête hors de l’eau et à vivre beaucoup plus sereinement.

Tu sais quand on a été à deux doigts de faire des bêtises et que finalement on arrive à avoir un moral au top – sans mauvais jeu de mots – c’est qu’on a bien réfléchi à tout cela et c’est possible, c’est possible d’y arriver. J’en suis l’exemple, je crois, tant mieux, tant mieux.

M.H. : Il semblerait qu’il y ait des paliers qu’on passe, c’est-à-dire qu’une fois qu’il y a cette prise de conscience, ces acquis, qu’il y a cette expérience on ne retombe pas dans le degré de peur et d’inquiétude qu’on aurait pu avoir auparavant et ça doit être très encourageant, très motivant à aller de l’avant.

JLH : Ça c’est vrai, je rebondis là-dessus pour dire malgré tout une chose : ce que j’appelle moral au top c’est quoi ? ce n’est pas être dans un monde de bisounours, « il fait beau tous les jours, tout va bien, il n’y a aucun problème » non, c’est loin de tout ça.

Avoir le moral au top c’est encore une fois accepter que tu puisses à un moment ou un autre être affecté par les événements mais c’est comprendre, ce que beaucoup mettent toute une vie à comprendre :

Ce n’est pas l’événement qui t’affecte, c’est juste que ce que tu en penses.

Et si donc tu comprends que ce sont les pensées qui dirigent ta vie, à ce moment-là tu acceptes d’être chagriné à telle ou telle occasion, tu acceptes d’avoir de la peine, tu acceptes de pleurer mais tu sais que tu vas remonter plus vite et que ça va être durable. C’est cela pour moi le moral au top. Ce n’est pas le gars pour qui tout va bien, il n’y a jamais de problème. Non, c’est le gars qui accepte d’être un petit peu négativement influencé, il accepte d’être embêté par Miss Cata mais il sait qu’il va rebondir, il va mieux le vivre car il a compris que ce n’est pas l’événement qui nous affecte vraiment mais juste ce qu’on en pense. Et ça c’est important.

M.H. : Dans le cas de Julie elle avait mis en place son projet, mais il y a beaucoup d’autres personnes   qui ont des projets qui veulent peut-être changer de travail, se mettre à leur propre compte, lancer un projet, mais il y a un blocage, il y a des obstacles à travers lesquels ils n’arrivent pas à passer. Par rapport à ton expérience, aux échanges que tu as eus avec les lecteurs de ton blog, quels sont les principaux obstacles qui empêchent les gens d’aller de l’avant dans leurs projets ?

JLH : Il y a toujours une peur : la peur de l’échec évidemment, mais aussi la peur du succès.

C’est un peu comme Nadal qui va jouer une balle de match – enfin, lui il est mentalement très fort -, c’est quelqu’un, un joueur, qui va mener le match, et au moment de conclure il manque 1 point, il n’en manque pas 10, il manque 1 point et au moment de conclure il n’y arrive pas et c’est l’autre qui passe.

Il y a souvent une peur quand on n’ose pas se lancer « Qu’est-ce que vont dire mes voisins et qu’est ce qui se passe si je rate ? » Toutes ces peurs là il faut les analyser.

Il ne faut pas simplement mettre une pensée positive en face d’une pensée négative, c’est un peu court. Si tu as une peur du succès, si tu as une peur de l’échec, va voir ce qu’il y a derrière. Pourquoi as-tu peur de l’échec ou du succès ? Qu’est-ce que ça changerait dans ta vie si tu échouais ?

Et là je peux donner un petit truc à Julie tout simple. Qu’elle se pose une question :

Au pire du pire, si tu échoues Julie qu’est-ce que tu risques ?

Est-ce que tu vas aller en prison ? Tu vas perdre ta vie ? Est-ce que tu vas perdre ton homme ? Tes enfants si tu en as ? Ou est-ce que simplement tu vas perdre un an, ou deux ?

Auquel cas cela devient des expériences et cela va te servir pour la suite.

Il ne s’agit pas encore une fois d’être béatement positif.

Cette question « Au pire du pire, qu’est-ce que je risque ? » je me la suis posée tant de fois. Moi je me voyais à la rue, avec 3 familles.

3 familles qui risquaient d’être à la rue à la suite de cette tromperie.

Et puis finalement le pire que l’on se prédit ne se produit que rarement.

C’est vrai il y a des gens à la rue et ça me désole à chaque fois mais c’est très rare finalement que le pire, que tout ce qu’on se promet en mal, arrive.

Et donc elle se pose cette question : Au pire du pire qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce qui peut m’arriver ?

Et du coup elle dédramatise. Si elle a des difficultés au départ dans sa maison d’édition, elle peut s’entourer mieux, mieux apprécier le problème, mieux y réfléchir, mieux poser le problème, sans affect.

Et puis elle peut raisonner solution, et pas seulement problème.

Et finalement, avec un discours comme celui-là plus construit, elle va voir qu’il y a des pistes possibles, elle peut demander des conseils aux gens qui ont réussi, elle va voir qu’elle va remonter la pente.

C’est la réponse que je peux t’apporter parce que ça a fonctionné sur le terrain pour beaucoup de gens que je connais.

Et pour finir quand les gens n’osent pas se lancer, il faut leur dire que c’est le premier pas qui coûte le plus, mais faites-le : osez oser.

M.H. : Oui, parce que souvent les peurs sont surdimensionnées, elles ne sont pas fondées sur la réalité, ce que tu notes dans ton livre aussi et qu’on trouve aussi, c’est souvent du à notre enfance, des peurs ou une tendance à nous inquiéter qui nous vient en héritage, on a vu notre mère s’inquiéter, notre père s’inquiéter… Je sais qu’il y a beaucoup de personnes qui raisonnent avec ça.

JLH : Ça parle à beaucoup de monde…

M.H. : C’est un bagage qu’on est nombreux à porter. Le fait de dédramatiser les peurs, de creuser un peu derrière cette première peur qui est presque un réflexe « non, non je ne veux pas me lancer, je préfère le connu à l’inconnu » qui fait peur sans raison particulière, le fait de creuser déjà comme tu dis, à travers des questions, peut nous aider à passer ce cap.

JLH : Je dirais que le plus grand risque dans la vie est de ne pas prendre de risques.

Et malheureusement aujourd’hui, si tu regardes notre société on a une technologie fantastique, des techniques de communication extraordinaires.

Moi quand j’ai été faire des études aux Etats-Unis ou au Japon c’était il y a 30 ans c’était rarissime. Aujourd’hui tu vas au Japon comme tu vas à la Tranche Sur Mer. Tu vois ce que je veux dire. Malgré toute cette technologie, la culture, la communication, on a peur de tout, tout le temps et partout.

On se renforce d’un côté et on s’affaiblit de l’autre.

C’est ce paradoxe qui fait que nos sociétés vont mal.

C’est cette espèce de balance : on est fort dans tout, on est hyper performant partout sauf dans la tête, c’est gênant.

C’est embêtant et c’est pour ça qu’on consomme des médicaments à outrance. Les Français sont parmi les premiers consommateurs du monde de tranquillisants. C’est quand même consternant qu’on soit pessimiste à ce point. Il ne s’agit pas d’être béatement optimiste.

Mais pourquoi ne sommes-nous pas tous fort collectivement alors qu’on est très fort dans les communications, dans l’accès à la culture et dans tout ça.

On a peur de tout et une des raisons c’est peut-être le principe de précaution. Maintenant tu as un principe de précaution pour tout.

Je ne sais pas si tu te rappelles il y a quelques années. Il y avait une grippe alors on a fabriqué des millions de vaccins. Parce que si on ne l’avait pas fait… le ministre se serait fait jeter.

Comment ? Vous n’avez pas prévu ? Alors… principe de précaution, on fait des vaccins.

Et après ils ont servi ? Euh non !

M.H. : C’est vraiment le principe de peur, de protection, qui, aux niveaux collectif ou individuel, nous brime, nous empêche de nous ouvrir aux autres et très souvent nous rend malheureux.

JLH : Exact !

M.H. : Sur ton site, tu as des outils d’accompagnement et j’ai vu que tu proposais une application pour iPhone. Là aussi ça m’a interpellé. Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus ? Est-ce que ça rejoint ton message que tu as partagé avec nous qui est le fait de voir les choses plus clairement, de neutraliser en quelque sorte nos inquiétudes et nos peurs ?

JLH : Cette application je vais vite t’en parler parce que tu arrives comme les carabiniers. On l’a cessée pour en développer d’autres et développer d’autres outils. Cette application, j’ai mis un an et demi à la concevoir.

C’était la première application au monde à pouvoir traiter les problèmes personnels des gens, de manière vraiment 100% personnalisée, en temps réel, c’étaient des circuits, des arbres de décision…

On l’a arrêtée après qu’elle ait été classée n°1 sur + de 4500 applications dans l’Apple Store, c’était en 2012. On l’a arrêté tout simplement car Apple modernise ses systèmes d’exploitation et il aurait fallu la réécrire complètement. Or j’ai envie de faire autre chose. Elle a été notée 4,5 sur 5, téléchargée dans 63 pays.

Mais pour moi ça fait partie de la saga Moralotop : c’était un premier produit qui permettait d’investir ce métier, raisonner solution et aider les gens à faire face à leurs problèmes, sans affect excessif et en voyant les choses comme elles sont et pour trouver leurs meilleures solutions.

Cette application qui s’appelle « Stop problèmes », on n’en parle plus et on s’est lancé dans beaucoup d’autres choses, des conférences et on va lancer des ateliers dans les prochaines semaines. Dans les conférences, je vois qu’il y a une demande. C’est fou le nombre de gens qui, en entreprises, ont besoin de mieux savoir gérer leurs problèmes, de toutes natures : les relations avec le boss, le management, les subordonnés, les conflits, la gestion des négociations, tout ça, et ils ne savent pas vraiment comment faire pour aborder les problèmes.

Donc ça c’est une première conférence et il y en a une deuxième qui s’appelle « Manager juste… et pas juste manager ».

Parce que comme tu l’as dit je me suis occupé au total de plus de 1000 personnes, nettement plus d’ailleurs, et j’ai appris. J’ai appris ce qu’est un homme. J’ai appris que les gens sont importants du simple fait qu’ils existent. Ce n’est pas de la démagogie, on ne se tape pas sur l’épaule mais dans le management il y a plein de solutions qui découlent de cette approche, tout le monde est important. Sans démagogie.

Le jour où on comprendra ça, les gens iront mieux.

M.H. : Tu vois une évolution dans le monde des affaires, dans le monde de l’entreprise par rapport à cette prise de conscience que le mental, l’émotionnel jouent un grand rôle dans la prise de décision et dans la réussite d’une entreprise ? Est-ce que ça évolue en France ?

JLH : Il y a 2 choses contradictoires. Il y a d’une part une prise de conscience que les gens sont importants et qu’il faut donc s’occuper d’eux.

On voit un tas d’entreprises, qui, pour les plus grosses, mettent des crèches à ta disposition, qui te proposent un espace détente pour faire une petite sieste et en même temps il y en a quand même beaucoup de gens qui vivent dans le stress, dans une qualité de vie au travail qui n’est pas top. Je pense à des middle managers pris entre le top management et la base, ils sont pris un peu en sandwich. La communication ne se fait pas toujours et le principal problème de tout le monde, je crois, c’est de savoir comment faire face aux problèmes du quotidien.

Si tu réfléchis Moutassem, qui t’a appris à gérer tes problèmes ? Qui a appris à faire face à l’adversité ?

A l’école on t’apprend un tas de trucs, les maths, le français.. mais on n’apprend pas aux gens à faire face à leurs difficultés, on ne les arme pas.

Et partant de là il y a des tas de gens qui ne se sentent pas très bien.

Même s’il est vrai qu’on voit beaucoup de progrès dans les entreprises donc il y a beaucoup à faire. Quand on gère un problème, on le fait sans s’affoler, et là je déroule ma méthode. Et on voit qu’il y a des résultats qui sont effarants.

Donc effectivement il y a du boulot dans ce domaine…

M.H. : Au niveau professionnel, entreprises ?

JLH : Il y a encore du boulot, quoi !

M.H. : Et c’est bien qu’il y ait des gens comme toi qui s’investissent, qui mettent de l’énergie et leur savoir-faire dans ce travail ?

JLH : C’est passionnant, franchement, j’adore ça.

M.H. : Quand les gens viennent sur ton blog, quand ils communiquent avec toi, pourquoi ils viennent ? Quelle serait la raison qui les amène à venir ? Qu’est-ce qu’ils vont avoir comme expérience ?

JLH : C’est très simple. Chez nous, sur Moralotop, on prend un problème privé ou professionnel dans différentes catégories et l’on prend le même canevas. Quand quelqu’un vient sur Moralotop il sait ce qu’il va trouver, il sait qu’on va parler des choses sérieusement et qu’il va ne pas se prendre la tête. Par contre on va au fond des choses et quand on traite un problème privé ou professionnel, on prend toujours le même schéma.

Le problème : quel était le problème ? (mon voisin fait du bruit ou je ne m’entends pas avec mon boss).

On discute le problème, on apporte les solutions et maintenant, ensuite on donne une recommandation d’action.

Le titre : le problème, on discute le problème, on apporte du vécu testé sur le terrain et on offre une recommandation d’action et là-dessus le débat s’engage avec les lecteurs.

Et je trouve passionnant même si j’y passe même un peu trop de temps, de répondre aux lecteurs, parce qu’il y a une communauté. Il y a des gens qui apportent leur expérience.

En ce moment on est en train de faire un concours pour désigner Miss Peps, comment on va la représenter quand je donne des conférences ou des ateliers.

Puisque Miss Cata est représentée par un boulet, comment est-ce qu’on va représenter Miss Peps ?

Tu verras un tas de réponses, et j’adore ça car les gens sont créatifs :

« Pour moi Miss Peps c’est un ressort, pour moi c’est une clé parce que… »

Chacun raconte son histoire, et finalement tout le monde participe et ça donne des trucs, je m’éclate avec ça.

Quand le concours sera terminé on dira voilà Miss Cata c’est bien le boulet, chacun porte son boulet sur l’épaule. Et Miss Peps finalement c’est un ressort ou bien une clé ou bien…

Et le fait que tout le monde se soit groupé pour trouver ça fait que j’aurai encore plus de plaisir à le présenter.

M.H. : Tu as créé vraiment un environnement où il y a un bel échange entre les lecteurs et la communauté. Ça s’enrichit et je comprends que ça te motive.

JLH : J’aime les gens, c’est comme ça…

M.H. : Ça aide en général…

Pour conclure cet entretien qui arrive bientôt à terme…

JLH : Oh zut…

M.H. : Pour reprendre le sujet de la discussion, si tu pouvais donner un conseil pour créer quelque chose que les gens peuvent appliquer dès aujourd’hui pour enclencher un changement dans leur vie, pour enclencher les premières actions qui vont vers un nouveau projet ou vers un changement qui leur est cher ? Qu’est-ce qu’ils peuvent faire ?

JLH : Acceptez ce que vous ne pouvez pas changer.

Agissez à fond sur tout ce que vous pouvez changer ou influencer.

Après, la bille est lancée, laissez la rouler et vivez sereinement.

C’est tout ce que j’ai à dire.

Apprenez à faire face à l’adversité, à régler vos problèmes.

Il y a des méthodes pour ça.

Une fois que vous aurez ça, vous serez équipé.

Faites tout ce que vous pouvez, même si ça vous barbe, même s’il faut passer un coup de fil qui vous dérange, même s’il faut aller voir une personne et que ça vous ennuie mais il faut le faire, parce que vous pouvez agir sur la chose.

Ce sur quoi vous ne pouvez pas agir, si la solution ne dépend pas de vous, laissez tomber.

Ne vous encombrez pas, ne chargez pas votre sac de problèmes auxquels vous n’avez pas la solution. Ça ne sert à rien. Agissez sur ceux pour lesquels vous avez une solution. Agissez à fond, persévérez autant que nécessaire.

Et après, la bille est lancée laissez-la rouler et… venez méditer sur le blog de Moutassem !

M.H. : Magnifique. Jean-Luc, comment les gens peuvent te contacter ? Redonne-nous ton site au complet, n’hésite pas à partager.

JLH : C’est gentil : www.moralotop.com

Moralotop (et non pas comme si c’était écrit en français « normal »). C’est évidemment un petit jeu de mots qui montre bien qu’on peut parler des choses avec humour, avec un ton détendu et c’est pour ça que ça marche d’ailleurs. Parce que les gens ne se prennent pas la tête. On va sérieusement au fond des choses en sachant que peut-être celui qui écrit ce blog-là a vécu des trucs qui lui permettent de donner, non pas des conseils – je ne donne jamais de conseils, je donne des exemples – parce que les gens se reconnaissent mieux. C’est mieux de dire « on est passé par là, voilà ce qui s’est passé, peut-être que vous pourriez essayer cela ».

Voilà. Donc : www.moralotop.com

Si vous venez faire un petit tour, vous serez bien accueilli, en tout cas je l’espère ! J

M.H. : Merci beaucoup Jean-Luc pour ton temps.

Et au plaisir d’échanger avec toi. A très bientôt.

JLH : Merci à toi.

Et encore bravo pour ton blog !

Merci, au revoir.

 Craquer ou pas : Lincroyable histoire vraie qui améliore la vôtre.

Livre sélectionné pour le Prix du Livre Optimiste 2014