La Rochelle : « un café solidaire s’il vous plaît ! »

Publié le 12 novembre 2014 par Blanchemanche
#Aiôn #barcoopératif

Le bar coopératif Aiôn propose à ses clients de payer un café qui pourra être consommé par ceux qui n’ont pas les moyens de se l’offrir.



Une quinzaine de consommations ont été payées à l’avance et redistribuées depuis trois semaines. © Photo Photo Romuald AugéPublié le 12/11/2014 par Jennifer Delrieux
Café corsé, sucré… ou solidaire ? Depuis trois semaines, une petite ardoise posée sur le comptoir du bar coopératif rochelais Aiôn affiche un drôle de message. Les clients peuvent désormais payer un café qu'ils ne consommeront pas mais qu'ils laisseront « suspendu » au comptoir pour qu'une personne, qui n'a pas les moyens de s'en offrir un, puisse le boire. Une quinzaine de consommations ont déjà été offertes de cette manière.
Lancé à l'origine à Naples (Italie) où une journée du café suspendu a même été instaurée le 10 décembre de chaque année, le « caffè sospeso » a fait des émules en France. Certains boulangers allant même jusqu'à l'adapter à la baguette et au sandwich.

Café à 1 euro

« Cela fait un moment qu'on en entendait parler. Et comme il y a pas mal de SDF dans le coin ainsi que des voyageurs itinérants adeptes du couchsurfing (héberger gratuitement un inconnu, NDLR), on s'est lancé », raconte Quentin Massé, l'un des cofondateurs associés du bar Aiôn.
Mais les personnes aux poches vides en fin de mois ou les étudiants fauchés peuvent également en bénéficier. « Et quand ils auront un peu d'argent, ils paieront un café suspendu à leur tour car le but n'est pas de venir boire son café gratos tous les jours. C'est tout un état d'esprit, la solidarité est réciproque et tout le monde est gagnant, y compris nous car nous vendons des cafés supplémentaires », sourit Quentin Massé.
L'équipe du bar songe à installer une pancarte à l'extérieur de l'établissement pour informer de l'existence de ces cafés en attente. Pour l'instant, les trois cofondateurs préviennent les sans-abri qu'ils croisent ou qu'ils connaissent et songent à communiquer auprès des structures d'aide aux SDF.
« Quand on voit quelqu'un sortir toutes ses pièces rouges de sa poche pour payer, on lui explique le principe du café suspendu. On fait au mieux car il peut y avoir de la pudeur. La personne dans le besoin peut culpabiliser ou avoir honte. »

Geste civique

L'établissement commercialise son café bio et équitable, acheté à une entreprise artisanale bordelaise, à 1 euro. Un atout pour convaincre les clients du bar à en payer un second. « En moyenne, un café coûte entre 1,30 € et 1,50 € à La Rochelle. Donc ça ne gêne pas les gens d'en payer deux. » Pour l'équipe d'Aiôn, « c'est un geste civique, politique, et généreux. On sort enfin de l'individualisme. C'est comme le mouvement Colibris (mouvement créé par Pierre Rabhi pour favoriser l'émergence d'un autre modèle de société, NDLR). Chacun fait un petit geste à son niveau et les choses bougent ensuite à plus grande échelle ».
Le site Internet CoffeeFunders propose une liste mondiale non exhaustive des lieux qui proposent cafés et sandwiches suspendus : www.coffeefunders.fr.