Un vent tiède gonflait comme une voile le rideau translucide de la bibliothèque

Publié le 14 novembre 2014 par Christian Cottet-Emard

Adossé au fauteuil assorti à son bureau massif, Andrade, seul dans la multitude des livres, s'abîmait dans la contemplation des jeux de l'air dans le tissu. Parfois, il allumait un cigare, juste pour le plaisir de prolonger ce spectacle grâce aux volutes qui s'étiraient mollement vers la fenêtre. La même pensée revint le visiter : s'il allait vivre jusqu'à quatre-vingts ans, il avait déjà parcouru un peu plus de la moitié du chemin. Mais bien sûr, rien ne permettait d'affirmer qu'il atteindrait une telle longévité, ce qui le conforta une fois de plus dans la certitude que ce qu'il avait désormais de mieux à faire ne consistait en rien d'autre qu'à se consacrer à l'observation de l'air.

(Extrait de mon prochain recueil de nouvelles.Droits réservés. © CLJ pour cette version, décembre 2014)

Peinture : Leon Wyczolkowski