Open letter to my neighbour

Publié le 14 novembre 2014 par Pomdepin @pom2pin

Dear Mr Neighbour,

Vous avez aménagé dans la rue depuis peu, avec votre petite famille. Vous aviez l’air du voisin normal, sans histoire, le type tranquille. Vous dites poliment bonjour quand on se croise. Certes, ni vous ni votre charmante épouse n’ont pris la peine de sonner à toutes les portes avec un petit cadeau sous le bras pour vous présenter, mais il se murmure dans le quartier que vous arrivez de Londres. C’est bien connu, les gens y sont beaucoup moins conviviaux, ils n’ont pas ce community spirit qui fait que quand j’éternue en sortant de chez moi, la voisine complètement à l’autre bout de la rue me demande comment va ma pneumonie 5 minutes après. A la limite, vous auriez été plus avenant, ça aurait déçu les habitants du quartier, accrochés à leur préjugé anti Londoniens. Ils ont déjà des français (mais complètement intégrés, eux, de vrais essexiens), ils ne vont pas en plus avoir des Londoniens sympas dans la rue. Ça suffit comme ça, un peu de tenue.

Il parait que vous avez un bébé, c’est formidable on ne l’entend jamais. Par contre, vous avez un chien. Mais il en faut pour tous les goûts, notre chatte est bien fâchée avec la moitié de la rue, à force de jardiner gentiment dans les plates-bandes des autres (ça me coûte une fortune en fleurs!). Bref, comme ça, à priori, je n’avais aucune opinion sur vous, et je ne tenais pas à en avoir. Seulement voilà, Mr Neighbour, vous avez une moto, un espèce de gros machin pétaradant, je n’y connais rien en mécanique, un truc mi-chameau mi-robocop.

Là encore, c’est votre droit le plus strict. Je suis moi-même montée sur une moto. Une seule fois, et j’ai réussi à me vautrer lamentablement dans un muret. C’était pour fêter mon bac. Et la moto était à l’arrêt, même pas allumée. Mais bon. Le vrombissement mélodieux de votre horreur, pendant plus d’une heure, presque tous les fin d’après midis, ça commence un tantinet à me lasser. Je suis légèrement contrariée. Je ne sais pas si quelqu’un vous a prévenu, mais votre moto, là, c’est un moyen de locomotion. Ça veut dire que c’est pour se déplacer, pour aller de votre garage à ailleurs, loin, très loin, le plus loin possible. Pas pour rester planter au même endroit. Je ne veux pas me mêler de ce qui je me regarde pas, mais si vous tenez absolument à vous assoir devant votre porte, investissez dans un banc. Ou coupez au moins le moteur de votre pétrolette.

Comme je suis bien gentille, j’ai pensé pendant un temps que vous vous serviez du bruit pour endormir votre bébé. Mais d’autres voisins aussi énervés que moi, ont enquêté: ce n’est pas ça, les horaires ne correspondent pas. Visiblement, vous aimez, en rentrant du travail, vous assoir sur votre moto, dans le jardin, sans bouger, mais moteur hurlant. Une autre voisine (en face de chez vous, celle qui profite le mieux de votre concert journalier), la charmante vieille dame qui a enquêté, pense que vous avez un problème psychiatrique. Je n’ai pas voulu la choquer, mais à mon avis, pour prendre autant de plaisir à faire vroum vroum avec un truc entre les jambes, c’est que le problème est ailleurs. Dans un cas comme dans l’autre, allez voir un médecin, ça peut aider. Ça aidera au moins votre moto, parce que soyons clair, à ce rythme là, elle ne passera pas l’hiver. Ma voisine a 88 ans, elle est toute frêle et malade, jamais un policier sain d’esprit ne l’accusera de hooliganisme si votre moto vient à cramer malencontreusement. Ce sera même votre faute, à nous amener vos problèmes de violences urbaines londoniennes à nous des gens tranquilles de la campagne. Vous n’avez pas honte de réduire une vieille dame digne à de telles extrémités? Parce qu’elle y pense sérieusement!

Alors voilà Mr Neighbour, je continue, avec un sourire de plus en plus crispé à répondre à vos grands bonjours, mais je sens que si vous n’arrêtez pas d’ennuyer toute la rue à cause de vos problèmes sexuels (sérieusement quelqu’un voit une autre explication?), je vais m’enerver très fort. Et une française de l’Essex qui s’énerve, ça peut être violent!

Very annoyed regards,

Pomdepin


(Une street party, une fête des voisins. Ce n’est pas du tout chez moi, mais ça vient du telegraph.co.uk)