Productrice de cinéma à succès, Michèle vient d’être violée. Mais cette femme forte, fille d’un assassin emprisonné à perpétuité, cache cette agression à son entourage. Il faut dire qu’elle a de quoi faire, entre son ex-mari, Richard, qui se tente de refaire sa vie avec une jeunette, sa mère de 75 ans qui veut se remarier, et son fils Richard, travaillant au McDo, pour subvenir aux besoins d’une petite amie que Michèle ne supporte pas. Et il y a aussi Patrick, un voisin très (trop ?) entreprenant, ou encore Anna, son associée qu’elle adore, mais avec le mari duquel Michèle a une aventure. Sans parler de ce viol qui l’habite sans cesse, alors qu’arrivent sur le téléphone portable de Michèle des messages très menaçants…
On retrouve dans ce texte nerveux, racontant trente jours de la vie de l’héroïne d’un seul trait, les composantes grâce auxquelles Djian atteint à son meilleur. Une famille recomposée et dysfonctionnelle, à l’image de celles de Doggy bag ou Impardonnables, qui rajoute un malaise à l’angoisse qui hante l’héroïne. Un climat lourd, parfois malsain, alors que l’auteur prend un malin plaisir à briser sa continuité narrative avec des flash-backs brefs mais lourds de sens. Djian retrouve cette écriture cinématographique qui le caractérise, et l’on imagine que “Oh…” saura rapidement séduire un réalisateur. Un cocktail particulièrement efficace, faisant de ce roman l’un des plus implacables “page turners” de cette rentrée.
“Oh…” de Philippe Djian, Editions Gallimard, 240 pages, 18,50 €. Parution le 30 août.
« Le retour » de Harold Pinter, traduction de l’anglais (Grande-Bretagne) de Philippe Djian, Editions Gallimard, 95 pages, 12,90 €. Parution le 27 septembre.