Ils font la Social TV : Clément Picard

Publié le 20 novembre 2014 par Marclindner @Socialtvfrance

Ils font la Social TV – Episode 1 : Clément Picard, fondateur de l’agence « Les Screen Doctors ».

Retrouvez chaque semaine un nouvel épisode de « Ils font la Social TV ». 

Pour ce premier épisode, nous sommes partis à la rencontre de Clément Picard, qui a lancé en septembre dernier « Les Screen Doctors », son agence conseil en expériences multi-écrans. Ce dernier nous explique ci-dessous son parcours, son point de vue quand à l’éco-système Social TV et les raisons qui l’ont poussé à entreprendre.

SocialTV.fr : Pouvez-vous présenter votre parcours et « Les Screen Doctors » ?

Clément Picard : Issu du Celsa, où j’ai suivi toute ma formation dès la licence, j’ai effectué un Master 2, dans le département Médias nommé « C3M » (Communication, Marketing et Management des Médias), qui analyse les transformations médiatiques en cours. Mon mémoire de fin d’études, réalisé en 2012, portait notamment sur l’émergence de la Social TV. J’ai ensuite suivi un Master Spécialisé, toujours au Celsa, dédié à l’innovation et à la création d’entreprise parce que c’est sujet qui m’a toujours passionné et que je sentais, à la fin de mon mémoire de Master 2, l’envie de prolonger la réflexion.

J’y ai consacré une « thèse professionnelle » sur le second écran et ses enjeux. La création des « Screen Doctors » vient de là ; du fait qu’il m’est apparu qu’aujourd’hui le second écran est souvent géré en bout de chaîne par les diffuseurs eux-mêmes, qui ont compris en premier son intérêt. Ceux-ci ont plus de moyens, plus d’équipes et vont du coup faire un « habillage second écran » : proposer de commenter l’émission, retrouver les meilleurs extraits ; ce qui est un peu classique. En soi, c’est effectivement une première étape mais ce n’est pas suffisamment qualitatif pour les spectateurs car les dispositifs proposés peuvent déjà être retrouvés ailleurs. Du coup, ma réflexion part du fait que pour générer des usages et, qu’in fine, nous puissions monétiser tout ça (la problématique centrale), il faut s’intégrer beaucoup plus tôt à la mécanique du programme, et donc travailler avec des auteurs, des producteurs très en amont. L’idée, c’est de penser le digital comme partie intégrante du programme et non pas comme une déclinaison en bout de chaîne ; c’est vraiment penser une expérience multi-écrans.

Actuellement, il y a des acteurs qui développent le côté technologique, qui développent des applications ; il y en a d’autres qui vont créer de la visibilité et donner une résonance aux programmes sur le digital. De fait, entre la technologie et le côté réseaux sociaux/visibilité, il y avait une place à prendre qui est beaucoup plus « contenus » (vs réseaux sociaux) et « conseil » (vs technologie), et c’est pour cela que j’ai décidé de créer cette structure.

Pour résumer, « Les Screen Doctors » aident à se servir du digital pour enrichir des expériences, en pensant les bons contenus sur les bons écrans. On a une dimension très « contenus » tout en réfléchissant à des nouvelles formes de publicité grâce au digital, à travers par exemple du native advertising. En effet, l’intégration des marques doit elle aussi être pensée très en amont et ne pas se contenter de dispositifs classiques comme du billboard ou du sponsoring, car la relation est différente, plus personnelle, sur le second écran.

« Les Screen Doctors » est une agence aujourd’hui composée de Carlotta Barbanti et moi-même. En ce qui me concerne, je m’appuie sur mon expérience en cabinet d’études qualitatives et Carlotta, qui a également fait son mémoire de fin d’études au Celsa sur ces problématiques, apporte quant à elle un regard « publicitaire » après être passé dans une agence du groupe Publicis.

Qu’est-ce qui vous a motivé à travailler dans ce domaine ?

J’ai toujours été passionné par les médias, et en particulier la télévision, et bercé par le digital. Avec cette forte appétence pour la « connexion », il y avait par conséquent déjà un terrain propice. Lorsque j’ai commencé à m’intéresser à ces questions-là, au rapprochement de ces deux mondes, je me suis dit qu’il y avait des choses formidables à faire et, en plus, c’est un univers jeune, où les espaces ne sont pas saturés et où il est possible de faire bouger les lignes. Aujourd’hui, ce que je mets à profit, c’est plus de deux ans de veille, de rencontres d’acteurs, d’observations du terrain et de réflexions concernant ce domaine.

Comment voyez-vous se développer tout cet éco-système ?

Je crois que les choses vont toujours plus vite qu’on ne le pense. Même si des acteurs de télévision vont encore nous dire que le digital n’est pas leur métier, les choses sont déjà en train de changer et toutes les personnes que je rencontre me disent « Oui, nous en avons besoin », « Oui, c’est maintenant ». Parmi les professionnels qui impulsent : les directions de programmes, les universités de formation, les agences, les annonceurs, tout le monde a plutôt compris qu’il allait falloir se bouger car ça n’allait pas être qu’une mode.

Je crois qu’aujourd’hui chacun peut expérimenter et comprendre que les gens regardent la télévision en faisant autre chose. Désormais, la vraie question est de savoir si nous allons réussir à dépasser le stade un peu « basique » de l’incitation à commenter pour apporter un véritable enrichissement, une qualité de contenus, une vraie différence de point de vue. A partir du moment où quelques-uns prendront le risque, ce qui commence à se faire, nous allons pouvoir prouver que ça génère des usages, donc de l’argent et dès lors, tout le monde va s’y mettre.

Par exemple, Canal+ a mis en place en 2012 le multi-cam avec le foot et le rugby : ils ont pris le risque et d’autres acteurs ont suivi. TF1 a tenté ce coup avec Danse Avec Les Stars, même si le dispositif est loin d’être parfait. En tout cas, il est important de noter que l’on sent monter l’envie de tenter des choses. Bien sûr, il ne faut pas simplement chercher à dupliquer ce qui a déjà été fait, mais se demander au cas par cas comment le digital peut vraiment enrichir l’expérience utilisateur.

En tant que fondateur, quelles sont vos missions au sein des « Screen Doctors » ?

Comme toute entreprise qui démarre, nous faisons fait un peu de tout ! Personnellement, j’assume une part « commerciale » sans doute plus importante que ce que j’imaginais, mais c’est passionnant car je rencontre de nombreux acteurs.

Avez-vous déjà des projets en cours ?

Nous avons plusieurs contacts assez sérieux et encourageants et avons, a priori, trouvé notre premier client, ce qui était mon vrai enjeu étant donné que nous sommes jeunes et que personne, hormis un petit cercle, ne nous attend ou ne nous connaît. Ce qui est encourageant, c’est que ce client n’est pas un acteur de la télévision : nous nous sommes rendus compte que ce que nous proposions pour la télévision, c’est-à-dire de l’enrichissement d’expérience, pouvait aussi être proposé pour une exposition, un concert, du cinéma etc. De plus, dans un contexte où la télévision a peut-être moins de moyens, cela permet de trouver des relais de croissance intéressants.

Il y a-t-il un dispositif qui vous a particulièrement plu dans ce domaine ?

L’exemple de Canal+ sur le rugby est vraiment un cas d’école. Ce n’est pas uniquement le côté multi-cam, qui est sympa mais peut être aussi un peu gadget, mais tout l’à-côté : la possibilité de noter les joueurs et le match, de retrouver les actions, les statistiques en temps réel, la configuration des occasions… La chaîne a réussi à donner un vrai privilège à l’utilisateur.

Pour finir, qui faudrait-il interroger pour enrichir ce dossier ?

Thibault Celier, Directeur Switch-to-Services chez Novedia, a une très bonne analyse du marché ainsi qu’un regard innovant et décalé. Il m’a vraiment permis de passer un cap dans ma réflexion à chaque fois que l’on échangeait et c’est quelqu’un qui a vraiment les pieds sur terre, ce qui fait du bien dans un éco-système où tout le monde a un peu tendance à « s’enflammer » sur des choses anodines. Par exemple, nous avons eu l’impression d’assister à une révolution lorsque les programmes invitaient les téléspectateurs à tweeter alors qu’avant, il existait les sms, les appels aux standards ou les courriers des lecteurs. On a parlé d’une révolution, mais ce n’était en fait qu’une mise à jour technique, et Thibault a été l’un des premiers à le dire.

Un grand merci à Clément Picard pour avoir répondu à nos questions.

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