[Critique] ODD THOMAS CONTRE LES CRÉATURES DE L’OMBRE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] ODD THOMAS CONTRE LES CRÉATURES DE L’OMBRE

Titre original : Odd Thomas

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Stephen Sommers
Distribution : Anton Yelchin, Addison Timlin, Willem Dafoe, Gugu Mbatha-Raw, Nico Tortorella, Patton Oswalt…
Genre : Fantastique/Drame/Adaptation
Date de sortie : 12 novembre 2014 (DTV)

Le Pitch :
Odd Thomas est jeune, intelligent et doué d’une faculté qui lui permet de voir les morts. Un don hérité de sa mère qu’il utilise afin d’aider les esprits à trouver le repos, mais qui ne va pas sans quelques inconvénients. Capable également de prévenir les drames, Odd tente néanmoins de mener une vie des plus normales aux côtés de sa petite-amie.
Un jour, il perçoit un déplacement anormal d’entités, dont la présence n’augure rien de bon. Avec l’aide de sa bien-aimée et d’un inspecteur de police dans la confidence, le jeune homme va tenter d’empêcher ce qui s’annonce comme une terrible tragédie…

La Critique :
Dean Koontz a écrit un bon paquet de best sellers mais étrangement, ses livres ont moins intéressé le cinéma que ceux de Stephen King, qui reste l’un des écrivains, tous genres confondus, les plus adaptés. On peut donc citer Phantoms (il a également écrit le scénario), Souvenirs de l’au-delà, si on se cantonne aux plus connus, auxquels s’ajoutent une poignées de série B et autres téléfilms méconnus. Aujourd’hui, Koontz peut ajouter une adaptation à son palmarès et si on regarde un peu dans le rétro de sa « filmographie », il s’agit probablement de la meilleure du lot.

L’Étrange Odd Thomas est sorti fin 2003 dans nos librairies. Une bonne dizaine d’années ont été nécessaire pour qu’Hollywood se focalise sur cette histoire efficace de revenants et de créatures revanchardes. Stephen Sommers, l’homme du dyptique La Momie ( plus Le Roi Scorpion), de Van Helsing, et du premier G.I. Joe, se retrouve à la réalisation et à l’écriture, lui qui fut donc chargé de transformer en scénario le roman de Koontz. En France, Odd Thomas n’a pas eu droit à une sortie en salle et on ne peut pas dire que le film ait fait beaucoup de vagues outre-Atlantique. Pour autant, si il s’agit bel et bien de la meilleure adaptation de Dean Koontz à ce jour, c’est peut-être aussi le meilleur film de Stephen Sommers. Un réalisateur honnête mais souvent à la tête de blockbusters bas du front, si on fait exception d’œuvres plus modestes, mais aussi beaucoup plus attachantes comme Le Livre de la Jungle, Un Cri dans l’océan et, en étant indulgent, des deux volets de La Momie. Deux gros blockbusters certes, mais plutôt divertissants car baignés dans un esprit old school qui aide à pardonner pas mal de choses. Bref…

Odd Thomas commence sous les meilleurs auspices. Il y a d’abord ce trio d’acteurs, à la tête d’un casting inspiré. Anton Yelchin, vu dans Fright Night, Star Trek Into Darkness, ou encore Terminator Renaissance, est bon, on le sait depuis un petit moment. Tout à fait capable de soutenir un film à lui seul, il sait d’emblée imposer un charisme et un style propre évidents. Willem Dafoe quant à lui, n’a plus rien à prouver et même si ici, il ne fait pas grand chose d’exceptionnel, il le fait bien. Sa présence suffisant à conférer au long-métrage un surplus de prestige non négligeable. Enfin, il y a Addison Timlin. Remarquée dans Californication (ceux qui ont vu s’en souviennent, c’est certain), aperçue dans Les Derniers Affranchis, cette jeune comédienne absolument sublime, impose une malice et un talent solide. Souvenez-vous bien de son nom car il risque bientôt de truster le haut de pas mal d’affiches. Ici enfin au premier plan, elle prouve, dans un rôle peut-être balisé, mais offrant l’opportunité de briller, sa propension à capter la lumière et à laisser s’exprimer un magnétisme rare. À l’aise dans la légèreté inhérente au personnage qu’elle incarne, elle sait aussi laisser s’exprimer des émotions plus nuancées et contribue, avec ses co-stars, à offrir à Odd Thomas un supplément d’âme qui fait toute la différence.
Outre l’excellent boulot abattu par les comédiens, il faut aussi saluer le parfum vintage qui se dégage du métrage. Sans prétention, et malgré quelques effets de mise en scène bel et bien modernes, le film traduit une envie de raviver un petit peu la magie des divertissements grand public de qualité des glorieuses années 80. Les protagonistes évoluent dans un univers en forme de gros clins d’œil aux productions du genre de celles qu’emballaient Joe Dante ou Robert Zemeckis (pour ne citer que lui, et toutes proportions gardées), avec cette petit bourgade aux faux airs de Hill Valley et ses personnages hauts en couleurs, à l’image de Patton Oswalt, dont la courte apparition semble justement vouloir appuyer sur cette corde sensible et ainsi entériner un désir sincère de se démarquer par le biais de la nostalgie, des films fantastiques pour jeunes adultes qui voient le jour aujourd’hui.

Par contre, Odd Thomas pêche clairement sur certains points. La voix off, omniprésente, raconte trop de choses, ce qui s’avère bien pratique pour prendre des raccourcis trop voyants et qui donne à l’ensemble un côté un poil bancal. On pense aussi beaucoup à Fantômes contre Fantômes, de Peter Jackson. L’histoire est plus ou moins la même et bien évidemment, Stephen Sommers n’arrive jamais à s’approcher du génie de Jackson. En optant pour une approche plus dramatique, alors que Fantômes contre Fantômes versait davantage du côté de la comédie, Odd Thomas n’évite pas la redite et fait office de gentil challenger destiné à ne jamais s’extraire de l’ombre écrasante de son ainé. Heureusement, 18 années séparent les deux œuvres. Le temps ne fait rien à l’affaire, mais là, un peu quand même…

Divertissant, rondement mené, jamais ennuyeux ni plombant, rythmé comme il se doit, Odd Thomas est le genre de film qui se regarde tout seul. Sans forcer, il installe une ambiance assez délectable et fait le job. Jamais inoubliable, il surprend néanmoins dans le bon sens. Notamment à la fin, avec une émotion aussi pénétrante et sincère qu’inattendue. Vous l’aurez compris, en voilà un qui aurait largement mérité sa place dans les cinémas…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : TF1 Vidéo

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