Au large d'Oléron : la manne de l’éolien en mer. Un tiers du volume d’activités généré par un champ d’éoliennes en mer revient aux entreprises locales, expose l’énergéticien allemand WPD.

Publié le 22 novembre 2014 par Blanchemanche
#transitionénergétique #îledOleron

Le champ oléronnais compterait 60 à 80 éoliennes. © Photo Photo DR Publié le 22/11/2014 par Philippe Baroux
Aujourd'hui, je ne suis que spectateur. Mais peut-être que demain, le positionnement vis-à-vis du projet de parc éolien au large d'Oléron sera différent. Il y aura peut-être des opportunités de marchés à saisir pour une entreprise comme la nôtre. Nous sommes chaudronnier et chantier de réparation navals. Un parc éolien et sa flottille associée, c'est typiquement le genre de projet dans lequel nous pouvons nous positionner comme sous-traitant. »
Maxime Legendre est depuis quinze jours le nouveau dirigeant de l'entreprise rochelaise Lecamus. Avec gourmandise, il a englouti la somme d'informations diffusées mardi soir par les dirigeants de WPD. Cette entreprise allemande se qualifie comme énergéticienne. Elle travaille depuis un an sur un projet d'implantation d'un champ éolien au large de l'île d'Oléron.

« L'adhésion du territoire »

L'ambition ne sera traduite dans les faits que si le ministère de l'Environnement lance en 2015, comme la filière l'attend, un troisième appel d'offres pour une telle implantation. Et quand bien même, WPD n'est pas assuré de remporter alors la mise. Mais, fort d'une expérience de 1 500 éoliennes installées en Europe, WPD laboure le terrain en amont.
« Dans le cas d'Oléron, les premiers contacts (une centaine de rencontres sur la faisabilité du projet) nous font penser qu'élus et professionnels sont favorables », dit Antoine Monteillet, chef de projet. Cette idée forte « d'adhésion du territoire » comme le souligne le directeur général de WPD, Vincent Balès, explique pourquoi l'un et l'autre commencent à exposer le projet au grand jour. C'était le cas en début de semaine, lors d'une conférence coorganisée par l'Union maritime et le Propeller club rochelais. Ce le sera à nouveau début décembre, à Oléron, devant un parterre d'élus et de professionnels des activités maritimes insulaires.

Un chantier pour 2020

Le discours aujourd'hui est de faire valoir la portée économique du sujet. Pour mémoire, l'étude porte sur l'installation d'un champ de 60 à 80 éoliennes, d'une puissance de 500 mégawatts (lire par ailleurs). Cette implantation entre 15 et 20 kilomètres de la côte représenterait un investissement de 1,8 à 2 milliards. Avec le recul d'expérience, les spécialistes chiffrent aussi à 1,5 million par an la maintenance d'un parc de puissance équivalente. Précisons que, dans l'idéal prospectif, les bases gravitaires sur lesquelles les machines seraient posées - soit 4 500 tonnes de béton lesté par éolienne - seraient coulées au Grand Port maritime de La Rochelle. Les éoliennes y seraient aussi pré-assemblés, afin de limiter les opérations en mer. Le port de La Cotinière, lui, serait utilisé comme base de maintenance.
Pour installer ces machines de 450 tonnes pièce, 5 millions d'heures de travail sur cinq ans sont comptées ; la maintenance représente 4 millions d'heures. L'ensemble donne une projection de 2 000 emplois directs. Les retours d'expérience de WPD au Danemark, en Allemagne et en Belgique, disent aussi que « 30 % de cette activité » revient à des entreprises locales. Si l'appel d'offres arrive bien l'an prochain, la construction, selon cet opérateur, débuterait entre 2020 et 2022.
Pourquoi au large d’Oléron ?Pour déterminer que c’est au large d’Oléron, et nulle part ailleurs sur la façade atlantique que devait être implanté ce champ d’éoliennes, la société WPD a défini trois critères, comme autant de contraintes techniques. En premier lieu, la profondeur. Sur un fond de carte a été tracée la cote de 50 mètres maximum de fond, au-delà de laquelle la technologie atteint sa limite pour poser une éolienne.
Le second critère est la distance entre le champ et la côte. Pour des questions de souplesse de ses activités de maintenance, le parc ne doit pas être situé à plus de 10 kilomètres de la côte. Le dernier critère est celui des servitudes militaires, zones affectées au large notamment pour les essais de tir. Le croisement de ces trois critères sur la façade atlantique permet de zoomer sur une zone qui s’étend du sud Vendée au large de l’estuaire de la Gironde. Un autre secteur entre Yeu et Noirmoutier est identifié. Mais il est déjà retenu pour le second appel d’offres pour l’implantation d’un champ. Il reste une troisième petite frange au sud du Raz-de-Sein, au large du Finistère.
Une fois posée la loupe sur le secteur retenu, il s’est agi d’affiner le tracé pour tendre vers la meilleure acceptation du projet par les autres usagers. Dans le cas d’Oléron, les coups de chalut ont été regardés de près, et c’est dans un secteur le moins travaillé par la pêche que le champ est tracé.