Je me rends compte en vieillissant que je deviens de plus en plus conservatrice ...
Dans cette maison, je retrouve soudain, au fond de mon armoire, un vêtement irrémédiablement attaché à une circonstance ou une personne particulière et rien au monde ne pourrait me convaincre de m'en séparer. Pourtant, ici en particulier, nous n'avons pas l'occasion de faire assaut d'élégance : c'est le confort et les vêtements douillets qui s'imposent, même en plein été car les soirées sont fraîches.
Pourtant, tout vient un jour échouer ici : des cachemires multi-reprisés mais qui tiennent chaud encore, des robes cousues dans l'enthousiasme mais qui ne remplacent pas un bon jean ou un bermuda, les sandales juste bonnes pour aller au jardin cueillir des prunes, ce pull en laine angora à col collerette dont j'aimerais tant retrouver les explications pour le refaire, acheté au sortir d'un entretien d'embauche décisif, des vêtements festifs, enfin, totalement démodés.
J'ai ainsi retrouvé une robe "princesse" en twill de soie commandée chez la couturière qui m'avait fait ma robe de mariée, avec double jupe et col tuyau en biais, le manteau "caravane" du retour de noces de Victoire, l'ensemble trois pièces taillé sur mesure dans un sari acheté à Kanchipuram et porté uniquement pour le mariage de Stéphane et Begona ...
Chaque fois que j'ouvre les portes de cette armoire, qui trônait dans le salon de mes parents et avait été transformée en meuble Hi-Fi et bar à apéritifs, les souvenirs me reviennent par bouffées ... Tout de même, il faudrait que je fassse de la place, mais je ne m'y résous pas.
Peut-être mes petites filles auront-elles envie de se parer de ces défroques un jour, en pensant à leur grand-mère un peu cinglée ...
P.S. : je viens de retrouver une image de cette robe portée ... elle date de 1965 !